Centre
Universitaire d'Étude et de Formation marxistes-léninistes
Les
étudiants, les cadres et la révolution
Janvier
1969
CONCLUSION
Si nous nous étions attaché
au livre de Glucksmann en lui-même, il nous faudrait à
présent montrer comment sur la base dune notion
mal formée de la révolution, il déduit sans
rigueur une stratégie vide de contenu.
Mais nous nous étions borné
à examiner la thèse qui sert de base à lensemble
sur celle-ci, nous proposons nos analyses aux critiques de tous
les progressistes, on soulignant cependant quelles ont
des conséquences pour une ligne daction.
Si les cadres sont bien dans la
position de salariés non-productifs, la tache politique
quils appellent est la suivante il faut les rallier au
camp du prolétariat on accentuant par la propagande leur
solidarité économique avec les ouvriers, les éclairer
sur leur propre condition dexploités, pour ceux
qui sont au sein dune entreprise, les constituer on une
unité tactique avec les ouvriers.
En ce qui concerne les étudiants,
les événements de Mai-Juin ont rappelé limportance
capitale dune liaison tactique entre eux et les Ouvriers
mais même alors lalliance na pas été
conclue y parvenir est aujourdhui la tache principale.
Pour quune alliance soit possible,
il faut que les deux parties en soient également constituées,
or il est clair aujourdhui quen face de la classe
ouvrière, les étudiants ne forment quune
fraction atomisée (ou en voie de lêtre, après
avoir été rassemblée en Mai) de la petite-bourgeoisie.
Doù il suit que le
préalable à toute action est dabord celui-ci,
constituer le groupe étudiant comme une force progressiste
organisée, en dautres termes le mobiliser.
Si lon reconnaît trois
taches stratégiques pour la lutte politique en direction
des étudiants organiser la jeunesse, révolutionnariser
les intellectuels, lutter à lUniversité contre
loppression et lidéologie bourgeoise, cest
on fonction de ce préalable quelles doivent être
hiérarchisées.
Maintenir la mobilisation des étudiants,
la susciter, en élever le degré, telle est la tâche
présente, pour ce faire il ne faut négliger aucun
motif de révolte, mais cest la conjoncture qui dira
quelle est la plus importante : la révolte de la jeunesse,
celle des intellectuels ou celle des universitaires.
En France aujourd'hui, le moment
nest pas encore venu ou la jeunesse sera politiquement
unie et organisée : de fait cette étape suppose
les autres parcourues.
En revanche, il est dores
et déjà possible d'agir en direction des intellectuels
ou des universitaires, le choix entre les deux visées
dépendant du degré dagitation clans les facultés.
Lorsque lagitation reflue,
il faut la préparer: cest alors que la propagande
idéologique devra atteindre les étudiants (et les
intellectuels en général) ; lorsque lagitation
reprend, il faut la renforcer en agissant à lintérieur
des facultés lorsquelle est à son sommet,
le moment est venu de former la liai­son avec les ouvriers
les plus mobilisables, en particulier les plus jeunes.
Décider dans ces matières
est difficile, mais cest le devoir minimum dune organisation
communiste: être en mesure de pratiquer toutes les taches,
(être donc organisé de façon à le
pouvoir), de déterminer laquelle est plus importante (donc
élaborer des analyses de classe et de conjoncture exactes),
de la mener sans sacrifier les autres, tels sont les critères
à quoi elle doit se soumettre.
On voit alors quel est lenjeu
dune position exacte sur les étudiants sans doute
il est plus aisé de sen tenir à des définitions
unitaires et dans la crise de Mai, lire létudiant
comme aliéné, létudiant ayant un intérêt
propre à la révolution, luttant contre la division
entre travail manuel et intellectuel, létudiant
comme force productive etc. Mais cette simplification obscurcit
en fait les déterminations et rend impossible la définition
dune ligne.
- Centrer la stratégie
révolutionnaire sur la constitution du peuple autour du
prolétariat,
- Centrer la tactique révolutionnaire
sur lorganisation du peuple pour la lutte, sur la base
de. facteurs de rassemblement donnés (entreprises, facultés),
telles sont les conditions générales dune
alliance politique étudiants-travailleurs, préalable
à la fusion du marxisme et du mouvement ouvrier.
|