GAUCHE
PROLETARIENNE
SUR
LA QUESTION DE LA LIGNE DE DEMARCATION EN MATIERE SYNDICALE
[Supplément
au Bulletin intérieur n°11 de la Gauche Prolétarienne.
Photos: les camarades Sartre et Godard. Simone de Beauvoir au
meeting de la GP à la Mutualité de Paris, janvier
1971.]
1° La campagne de mobilisation
sur Flins n'a pas été simplement l'occasion de
fêter un anniversaire; elle a été l'occasion
d'intensifier la lutte contre nos ennemis et de transformer idéologiquement
et politiquement l'organisation et ses rapports avec les masses
: attiser la haine de classe contre la bourgeoisie, ses flics,
ses valets révisionnistes, ses infiltrés liquidateurs;
opposer à l'électoralisme, la voie révolutionnaire
de Mai; préparer de manière révolutionnaire
la nouvelle étape du développement de la gauche
ouverte par le stage des GTC et la recherche d'une issue prolétarienne
à la révolte anti-autoritaire.
Tels étaient les axes de
la campagne.
2° La campagne se divise en
trois moments : une phase de préparation révolutionnaire
de l'opinion; puis l'action centrale à Flins que l'on
peut définir comme action de partisan dans l'étape
de révolutionnarisation idéologique; enfin une
phase de popularisation de cette action.
3° Les acquis de la phase de
préparation idéologique de l'opinion sont grands.
Ils sont apparus au cours d'un grand
nombre d'actions impulsées soit par les secteurs soit
par la CPM (ces actions allaient des petits meetings improvisés
devant les usines et des bombages massifs dans le métro,
aux meetings centraux devant le Lycée Gilles Tautin, dans
les Gares Saint-Lazare et du Nord et à l'action de casse
parfaitement réussie de la chambre patronale des constructeurs
d'automobiles).
- Développement de la résistance
violente aux flics. Cette résistance est apparue comme
un des facteurs les plus importants de la révolutionnarisation
des masses (les camarades ont été physiquement
aidés par des ouvriers et des commerçants, au marché
de Montrouge, devant l'usine Lissac, etc.)-
- La lutte contre la liquidation
a fait un bond en avant
dans l'organisation. Tous les groupes liquides ont montré
leur incapacité à organiser quoi que ce soit (douze
liquides de divers groupes n'arrivent même pas à
déposer une gerbe sur la tombe de Gilles).
Pour la première fois depuis
la liquidation de septembre des liquides qui refusaient de se
soumettre à la critique des masses ont été
vidés militairement par des militants de la GP.
-La mobilisation n'a cessé
de croître pendant toute cette période : quantitativement
par le nombre des effectifs, qualitativement par le niveau idéologique
et la compréhension des cibles politiques de la campagne
(des secteurs apparemment morcelés ont trouvé leur
unité de combat au cours de la campagne).
- L'organisation a commencé
à marcher sur ses deux
jambes : dans ces dix jours de campagne toutes les unités
se
sont tournées vers le travail en direction de la classe
ouvrière
en utilisant les forces neuves issues de la révolte anti
autoritaire.
Les camarades des équipes
de propagande ont été bien accueillis par les masses
: la campagne intervenant à
un moment politique particulièrement favorable (ébranlement
idéologique produit par le développement des luttes
dans les lycées; début d'une flambée de
luttes ouvrières, échéance électorale)
et avait un impact dans les masses.
4° L'action sur Flins a été
conçue comme une action mobile de partisans intervenant
dans une base ennemie (présences nombreuses de cadres
fascistes et de gardiens, encerclement policier) frappant rapidement
avec pour cible mener la lutte de classe dans l'usine, révolutionnariser
les masses, et s'esquivant après l'action.
- L'action proprement dite
a été marquée par la
recherche du point de vue de l'usine : pendant une demi-
heure la loi du patron a été brisée (sa
pelouse piétinée, son
monument aux morts badigeonné, ses cadres frappés).
S'il n'y a pas eu intervention militaire
massive en notre faveur des ouvriers (seuls une dizaine se sont
battus avec nous) il y a eu soutien idéologique actif
(approbation de l'action dans les discussions, " fourniture
d'armements "... on nous a passé des bouteilles,
des pierres).
C'est essentiellement la dure bagarre
avec la maîtrise qui a été (plus que les
prises de paroles) l'instrument de la révolutionnarisation
idéologique des ouvriers.
C'est cette bagarre qui a tracé
les lignes de classes dans l'usine (dans l'usine on ne parle
que de ça) et qui fournit aux GTC un terrain de luttes
très favorable.
- Le repli découlait de notre
conception de l'action de
partisan : il fallait échapper à l'important dispositif
policier
qui allait être mis en place immédiatement après
l'action.
Le seul moyen était l'esquive
à pied sur un difficile parcours de quinze à vingt
kilomètres en utilisant les conditions naturelles.
L'esquive a été totalement
réussie; les seuls camarades
piqués, moins de dix sur plus de cent cinquante l'ont
été
après l'esquive au moment de la récupération
en bagnole.
Le très haut niveau idéologique des camarades a
permis de
faire respecter la discipline nécessaire, de venir en
aide aux
camarades les plus épuisés, de conserver la cohésion
malgré
les difficultés.
- La phase de popularisation commence
maintenant : elle
consiste en une explication massive de la campagne dans son
ensemble et de l'action, dans les usines, les marchés,
les
métros.
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