GAUCHE
PROLETARIENNE
QUE VOULONS-NOUS? TOUT !
Vive la lutte de nos frères italiens.
Pendant des années, à
la Fiat, le pouvoir d'Agnelli le patron semblait invincible.
Comme partout en Italie et dans
toute l'Europe, à la Fiat on croyait au miracle.
On produisait en paix; de temps
en temps avec les syndicats , on s'arrangeait pour lâcher
quelques miettes; la guerre, c'était pour les "sous-développés".
Mais les esclaves qui vivent dans
les bagnes du grand capitalisme moderne ont parfaitement entendu
et compris l'appel aux armes qui monte du Vietnam, de Chine.
Depuis plusieurs mois, en France
depuis mai 1968, ils ont à leur tour lancé le mot
d'ordre qui cristallise leurs aspirations:
"PATRONS, C'EST LA GUERRE !
"
Oui, c'est la guerre.
Pour les travailleurs français,
l'expérience de lutte des ouvriers de la Fiat est des
plus importantes.
Tout simplement parce que les problè
-mes que nous nous posons ici en France, là-bas aussi
on se les pose.
Et parfois les solutions qui sont
apportées là-bas peuvent nous servir directement
ici.
De même que mai 1968 a été
capital pour les ouvriers révolutionnaires italiens, le
soulèvement de Turin est pour nous une expérience
dont nous devons tirer les leçons.
C'est pourquoi nous publions les
textes qui suivent.
Il s'agit d'une série de
tracts ou de petites brochures qui suivent de très près
le déroulement des luttes.
C'est la forme la plus directe qui
soit pour réfléchir sur cette expérience
et tirer des règles.
QUE
VOULONS-NOUS ? TOUT!
Il faut bien voir la différence entre les luttes de la
Fiat et les luttes prolétariennes en France depuis mai
68 (Flins, Sochaux,S.N. C. F...), et les luttes "traditionnelles"
menées par les syndicats.
Pour les syndicalistes, la lutte,
c'est un moyen de pression qui doit conduire à des négociations
avec le patron, et quand la pression est très forte comme
en mai 68 en France, ou actuellement enIta-lie, on essaie de
faire plus: de pousser au gouvernement des ministres communistes.
Les luttes prolétariennes
ac-tuelles en France comme en Italie visent un tout autre but.
En clair, elles visent le pouvoir,
elles visent à détruire le pouvoir des exploiteurs.
Ce que nous voulons, ce n'est pas
quelques aménagements de détail qui enjoliveraient
l'exploitation, ce que nous voulons, c'est TOUT.
Un autre travail, une autre vie,
une autre société débarassée des
profiteurs et de leurs collaborateurs en tout genre, à
l'intérieur comme à l'extérieur des usines.
Le travail et la vie d'esclaves
qui servent à engraisser une petite poignée de
crapules bourgeoises, nous les refusons de fond en comble: nous
refusons l'actuelle hiérarchie dans les usines, la pyramide
de chefs bons à rien, sinon à matraquer les ouvriers;
nous refusons les cadences meurtrières, l'ambiance infernale
de l'atelier, nous refusons la misère: que ce soit les
salaires de famine, les logements infects, les taudis et les
bidonvilles.
Et on est misérable même
si on n'est pas payé au SMIG ou si on n'est pas chômeur:
avec les prix qui montent, les prix de la nourriture, des transports,
du logement.
Et il y a tout le reste, ce qu'on
appelle le "temps libre", celui qui n'est pas employé
directement par le patron.
Ce temps libre, une fois qu'on a
retiré le temps de l'usine, le temps des transports, il
est bien mince: même celui-là est bouffé
par la bourgeoisie; les "loisirs" et la'fculture"
sont des industries qui non seulement servent à fabriquer
du profit, mais aussi à nous conditionner et à
nous abrutir pour nous enlever de la tête toute idée
de révolte.
Cette occupation de la vie de l'ouvrier,
de toute sa vie par la bourgeoisie qu'il faut détruire.
C'est le sens de la révolte
actuelle.
Nous voulons tout: de meilleurs
salaires, un logement, mais aussi que le pouvoir des chefs, flics
du patron soit renversé, mais aussi qu'on ne soit pas
transportés, dans les métros et les trains, comme
des bêtes, qu'on ne soit pas abrutis par le bourrage de
crâne de la télé et des journaux au service
de la bourgeoisie; nous voulons le bien-être mais surtout
la liberté.
Nous ne sommes pas des chiens.
Pour le montrer, et pour conquérir
la liberté, il faut le pouvoir.
"Tout le pouvoir aux ouvriers",
disaient les ouvriers de la Fiat dans leurs manifestations à
l'intérieur de l'usine.
Que voulons-nous? Tout.
Et d'abord, parce que sans lui
on n'a rien, le pouvoir.
NOUS
SOMMES TOUS DES DELEGUES
Ce que nous voulons, ce n'est pas
ce que veulent les syndicalistes, les bureaucrates, les porte-serviettes
de la nouvelle bande d'arrivistes, des nouveaux bourgeois qui
sont à la direction des syndicats.
Notre guerre contre les patrons,
c'est aussi une guerre contre ces syndicalistes.
Nous leur disons:
"Dans le passé,
nous avons subi vos trahisons comme nous avons dû subir
l'exploitation et l'humiliation. Mais aujourd'hui, ça
suffit.
Nous n'hésiterons
pas à vous rentrer dedans; si vous attaquez,nous contr'attaquerons.
A Argenteuil, avec
les masses du bidonville que vous escroquiez misérablement,
nous vous avons donné une sérieuse leçon;
nous continuerons le temps qu'il faudra.
Chaque fois que
vous vous interposerez entre le patron et nous pour réprimer
notre révolte, nous passerons sur votre cadavre".
Et on aura raison, car c'est la
loi du développement de notre révolte.
En France, ces arrivistes n'hésitent
pas à s'entendre avec les flics ou les patrons pour vendre
les ouvriers révolutionnaires; ils n'hésitent pas,
tellement ils ont eu la trouille en mai 68, à employer
la violence fasciste contre les révolutionnaires prolétariens,
ils suivent en cela les leçons de leurs maîtres:
les nouveaux tsars russes.
Ces patrons "rouges" qui,
après la révolution de 1917, et après Lénine,
ont peu à peu repris le pouvoir.
Eux non plus n'hésitent pas
à employer la violence fasciste pour mater le peuple:
ils envoient leurs chars à Prague pour réinstaurer
l'ordre.
En Italie, ces arrivistes semblent
plus doux, plus intelligents, mais au fond, ils sont pareils:
lors du soulèvement du 3 juillet à Turin, ils n'ont
pas hésité à attaquer les ouvriers révolutionnaires,
aies traiter de "voyous", d'"éléments
étrangers à la classe ouvrière".
Ça nous rappelle quelque
chose?
Et comment se comportent-ils dans
les ateliers ?
Leur objectif, ce n'est pas de renforcer
le pouvoir des ouvriers et d'unir leurs forces contre le patron,
mais bien de renforcer leur propre pouvoir.
A la Fiat, les ouvriers luttent
contre les cadences infernales, en brisant ces cadences, en réduisant
la production.
Eux, ils négocient l'institution
d'un système de délégués de chaîne
qui doivent contrôler les cadences.
Les ouvriers se battent pour une
forte augmentation non hiérarchisée des salaires;
eux, ils négocient quelques miettes, et de toute façon
des augmentations hiérarchisées.
" CAMARADES:
A QUOI SERVENT CES DELEGUES ?
Disons-le clairement
une fois pour toutes:
Ils servent à
vérifier que les cadences fixées "par la direction
sont bien respectées.
-En cas d'abus de
la part des chefs et des gardiens, le délégué,
au lieu d'organiser un débrayage avec ses camarades, doir
courir au bureau des délégués dans lequel
il transmet, par la filière bureaucratique, sa protestation
à la direction.
Dans ces conditions,
les délégués deviennent obligatoirement
les sergents du patron.
Leur rôle,
c'est d'arrêter les ouvriers quand ils vont commencer la
lutte, en leur faisant croire que tout se règle dans le
bureau du patron.
Mais ce piège
répugnant que nous tendent le patron et les syndicats
ne peut marcher que si nous renonçons à la lutte
pour nous jeter dans les bras des délégués
et des bureaucrates syndicaux.
CAMARADES: NOUS
NE DEVONS COMPTER QUE SUR NOS PROPRES FORCES!
Ripostons à
l'augmentation des cadences en débrayant ou en réduisant
la production; mais cela ne suffit pas, puisque notre meilleure
défense, c'est l'attaque.
ORGANISONS-NOUS
ATELIER PAR ATELIER POUR REPRENDRE LA LUTTE SUR TOUS LES "
POINTS DE LA CONDITION OUVRIERE!
LE SALAIRE, L'HORAIRE,
L'EGALITE AVEC LES EMPLOYES"
(Extrait de la première brochure
sur "Turin 1969, la grève de guérilla)
En France, c'est pareil.
Quand les ouvriers de la Redoute
à Tourcoing brisent les cadences infernales, les syndicalistes
les découragent en négociant des augmentations
de salaires.
Dans le secteur nationalisé
comme dans le secteur privé, la lutte pour maintenir la
hiérarchie des salaires avec quelques aménagements
de détail est un véritable principe pour les syndicalistes
révisionnistes.
Il ne faut pas nier qu'il puisse
y avoir de nombreux délégués honnêtes;
nous le savons, et très souvent c'est avec eux que nous
luttons.
Mais il est clair qu'entre le syndicalisme
et la manière dont nous luttons, il y a un monde.
Ce sont deux voies.
La voie des syndicalistes, la vie
l'a montré n'est pas bonne pour nous; cette voie nous
remet invariablement dans le système bourgeois.
Alors que faire?
Se passer des syndicats?
S'organiser à notre façon?
C'est possible.
Suivons les camarades de la Fiat:
" Une organisation,
cela signifie beau coup de choses:
Ça veut dire
savoir coordonner les luttes entre les ateliers de façon
à provoquer une baisse de production maximum avec une
perte de salaire minimum.
Ça veut dire
savoir clairement les objectifs qubn veut atteindre, de façon
à pouvoir rejeter les propositions-bidons avec lesquelles
le patron essaie de ne lâcher que quelques miettes, et
seulement à quelques ouvriers.
Ça veut dire
savoir riposter aux manoeuvres des syndicats pour saboter notre
lutte".
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
A chaque débrayage,dans les
cantines, dans les vestiaires, les ouvriers utilisent les "temps
libres" pour discuter des objectifs et des formes de lutte;
c'est comme cela qu'il faut s'organiser dans l'atelier.
De cette façon,tous les ouvriers
"sont des délégués".
Le patron vient s'expliquer devant
tous les ouvriers de l'atelier; alors, ce sont eux qui ont la
parole, ce sont eux leurs propres délégués.
C'est cela "l'autonomie ouvrière",
il faut conquérir cette autonomie si l'on veut lutter
pour que ça change.
Ecoutons les camarades de la Fiat:
" Notre objectif,
ce n'est pas les 50 lires, même si elles nous arrangent
bien; notre objectif, c'est d'organiser les ouvriers de façon
permanente; ainsi on pourra battre le patron n'importe quand.
On se fout de la
démocratie: ça fait 25 ans que la démocratie,
on ne sait pas ce que c'est, et qu'on se fout de nous.
Il faut que nous
nous organisions. "
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
Et il faut bien voir que nous avons
tout le temps besoin de cette organisation et de cette autonomie:
" NOUS DEVONS
NOUS ORGANISER DE FAÇON " STABLE: nous ne pouvons
plus nous dire: "il suffit " de commencer, et puis
les syndicats se chargeront " du reste."
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
Regardons ce qui s'est passé
tout récemment en France:
Les ouvriers révolutionnaires,
à la SNCF, aux PTT, à la RATP, ont commencé;
et puis les syndicats se sont chargés du reste, car ils
se sont chargés de trahir, en laissantpou-rir la grève
puis en négociant par dessus la tête des ouvriers.
En France comme en Italie, la grande
question qui se pose à travaers toutes les luttes, c'est
bien celle-là: Comment arracher l'autonomie?
Comment s'organiser à notre
façon, en rejetant le syndicalisme?
SI
NOUS AVONS FAIT GREVE HIER,
MAIS
QU'AUJOURD'HUI LE CHEF N'A RIEN PERDU DE SON POUVOIR, RIEN N'A
CHANGE!
Nous voulons le pouvoir. De cela,
nous sommes parfaitement convaincus. Il faut que cette idée
devienne à travers les luttes une force matérielle
pour des millions de travailleurs. Quelles luttes?
Des luttes qui renforcent l'autonomie
ouvrière. Le sens de ces luttes est donné par les
camarades de la Fiat:
"Si nous sommes
organisés et unis, nous pissons quand nous voulons, nous
mangeons quand nous vouIons, nous travaillons quand nous voulons
et comme nous voulons."
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
C'est assez clair, mais il faut être plus précis.
Alors :
" Nous avons
démontré que quelques lires d'augmentation ce n'est
pas le principal, mais qu'il faut lutter et nous organiser pour
dire NON
- aux cadences
- à l'organisation du travail
- au pouvoir du patron."
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
C'est logique: nous voulons détruire
le pouvoir des patrons, donc dès maintenant et sans cesse
nous devons attaquer le pouvoir des patrons et de leurs valets
les chef-flics.
Nous voulons que cesse le travail
d'esclave, donc dès maintenant et sans cesse nous devons
lutter pour briser les cadences infernales, nous devons lutter
contre toute l'actuelle organisation du travail qui fait de nous
des bêtes, seulement bonnes à produire toujours
plus.
Nous devons avoir des objectifs
clairs, "
sinon nous courons le risque d'être achetés par
le patron qui nous divisera en distribuant quelques sous et quelques
catégories supérieures à une minorité
d'entre nous".
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
Ce sont les syndicalistes professionnels
qui noircissent des pages et des pages de tracts avec des chiffres
et des pourcentages compliqués.
Exactement comme les patrons nous
donnent des feuilles de paie absolument incompréhensibles.
T
out cela passe par dessus nos têtes;
et c'est fait pour cela: les patrons peuvent nous voler sans
qu'on s' en rende compte et les syndicalistes peuvent raconter
n'im -porte quoi sur les succès qu'ils ont obtenus dans
les bureaux du patron sans qu'on puisse vérifier.
Nous voulons donc des objectifs
clairs qui visent à:
- affaiblir le patron, son pouvoir.
- renforcer, unir les ouvriers.
Nous soutenons tout ce qui combat
le pouvoir des patrons.
Nous combattons tout ce qui soutient
la division entre ouvriers.
Nous exigeons, exactement comme
les ouvriers de la Fiat et ceux de l'Italie entière: de
fortes augmentations de salaire NON HIERARCHISEES.
Les luttes du printemps dernier
à la Sollac comme les luttes à Renault-Le Mans
et à Flins contestaient le système hiérarchisé
actuel de rémunération: nous ne voulons plus que
pour un même travail, il y ait des paies différentes.
Il nous faut briser le système
de division entre ouvriers: les feuilles de paie à la
tête du client, les différences soi- disant scientifiques
entre postes de travail.
Tout cela ne sert qu'à renforcer
la division parmi les ouvriers, l'égoisme.
Et qui cela sert-il? le patron.
Ce système sert à
renforcer l'autorité patronale.
Nous sommes aussi, comme les ouvriers
de la Fiat , contre le système des primes de production
et autres , qui visent à enchaîner l'ouvrier à
son travail d'esclave, et à semer la division.
Nous voulons l'intégration
des primes au salaire.
Bref: NON aux divisions entre ouvriers
que le patron organise lui-même: classes, augmentations
suivariFle mérite, favoritisme; fayotage.
NON AUX CADENCES INFERNALES.
Les cadences, ça ne se négocie
pas, ça se refuse, ça se brise.
L'an dernier à Sochaux et
depuis un peu partout, à la Redoute, aux PTT Austerlitz,
à Renault-Flins, dans l'alimentation: cette méthode
de lutte se généralise. Les ouvriers brisent les
cadences, ils organisent la réduction de la production.
HALTE AUX ASSASSINATS D'OUVRIERS!
Les assassinats d'ouvriers dans
les mines (silicose et "accidents"), dans la sidérurgie,
dans le bâtiment.
Les maladies comme les accidents
qui résultent de la "nocivité" du travail,
ce n'est pas une fatalité.
Le fait de ne pas avoir de repos
digne de ce nom, comme à la SNCF ou à la RATP,
ce n'est pas non plus inévitable.
C'est la conséquence d'un
système qui se fout de la vie et de la santé de
l'ouvrier, pourvu qu'il puisse continuer à trimer pour
rapporter des profits au patron.
Contre cette organisation du travail
criminelle, mais que pourtant les tribunaux bourgeois si prompts
à condamner les jeunes en révolte ne condamnent
pas, ON A RAISON DE SE REVOLTER.
Et en France, la révolte
pénètre profondément, comme le montre la
rentrée ouvrière de 1969.
La lutte contre le chômage,
les heures supplémentaires se développera quand
le plan de redressement du capital, mis sur pied par le gouvernement
à la solde des profiteurs, se traduira dans la pratique
par une montée du chômage goulue par le patronat
pour essayer de casser la combativité ouvrière.
En Italie, les luttes actuelles
se développent sur ce front.
Quel que soit l'aspect de la condition
ouvrière contre lequel on se révolte:
" Si nous avons
fait grève hier, mais qu'aujourd'hui le chef n'a rien
perdu de son pouvoir, rien n'a changé".
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
La question fondamentale, c'est
la question du pouvoir.
Conquérir le pouvoir et libérer
le peuple, c'est armer les ouvriers et tout le peuple pour vaincre
les forces armêea des exploiteurs.
Mais tant qu'on n'a pas le fusil,
doit-on s' abstenir d'attaquer le pouvoir des patrons?
Absolument pas.
Précisément pour que
les ouvriers et tout le peuple s' arment progressivement en vue
d'anéantir les forces armées du capital, il faut
dès maintenant attaquer le pouvoir des patrons.
Lutter contre le despotisme capitaliste
à l'intérieur de l'usine et aussi à l'extérieur,
c'est précisément préparer les esprits à
l'armement révolutionnaire en vue de vaincre définitivement
le régime des patrons.
De toute façon, comment peut-on
briser les cadences?
Comment peut-on lutter de manière
autonome et révolutionnaire aujourd'hui en faisant payer
très cher au patron son exploitation et son oppression,
si on n'est pas décidé à s'attaquer à
son pouvoir dans l'usine?
Peut-on briser les cadences sans
lutter contre les chefs-flics?
C'est impossible.
Voilà pour quoi nous disons:
"Si nous avons fait grève
hier, mais qu'aujourd'hui le chef n'a rien perdu de son pouvoir,
rien n'a changé".
A l'égard des chefs-flics,
notre politique est claire:
" Pour un oeil les deux yeux,
pour une dent toute la gueule.'"
Notre politique; c'est de rabattre
la grande gueule de ces crapules, de porter un coup au prestige
du patron en le ridiculisant, en frappant ses valets.
Notre politique, et nous ne nous
en cachons pas, parce que c'est conforme aux aspirations des
travailleurs, c'est la terreur rouge à l'égard
des salauds qui sont responsables des pires exactions contre
les ouvriers.
En juin 1969, nous avons donné
une raclée à cette canaille, cadres-flics et
contremaîtres; c'était à Flins.
Depuis, cette méthode de
lutte se généralise.
Aujourd'hui, on séquestre
les patrons et les chefs-flics, et ON A RAISON DE SEQUESTRER
LES PATRONS.
A la Fiat actuellement, cette méthode
de lutte commencée à être prise en mains:
la Palazzina d'Agnelli [bâtiment de la direction de Fiat
à Mirafiori-Turin, Agnelli étant le patron et propriétaire]
connaîtra le sort du cercle-hôtel de Sochaux en juin
68 [Foyer des cadres de Peugeot, pillé par les ouvriers].
La terreur dans les rangs de l'ennemi,
l'espoir dans le coeur des ouvriers et de toutes les petites
gens exploitées par les bourgeois, c'est le fond de notre
politique.
C'est la politique conforme aux
intérêts des ouvriers, de toutes nationalités.
DE LA GREVE DE GUERILLA AU SOULEVEMENT
Il faut des objectifs clairs.
Comment lutter?
Les ouvriers de la Fiat ont inventé
une forme de lutte tout à fait appropriée: la grève
de guérilla.
Le principe de cette forme de lutte,
c'est:
Perte maximum pour le patron, minimum
pour les ouvriers.
" La grève
dans l'atelier est importante, parce que le patron n'est jamais
sûr qu'entre une lutte et l'autre la production va continuer
tranquillement, ou même augmenter pour récupérer
la perte, comme c'était le cas pour les grèves
où on restait en dehors de l'usine.
La grève
dans l'atelier renforce et unit les ouvriers parce qu'on utilise
le temps de grève pour s'éclaircir les idées
et organiser la poursuite de la lutte.
La grève
dans l'atelier bloque la production, non seulement là
où on lutte, mais dans toute l'usine.
Elle coûte
plus cher au patron qu'aux ouvriers.
Elle permet même
aux ouvriers des ateliers suivants, qui sont arrêtés
pour manque de travail, de discuter pour préparer à
leur tour le combat."
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
Cette méthode, que tous les
tracts présentés dans les brochures illustrent,
est très efficace, et à leur tour, les ouvriers
français l'expérimentent actuellement, à
Renault , à Saulnier-Duval de Nantes, etc...
C'est la forme de lutte qui permet,
au moindre coût pour les ouvriers, de renforcer leur combativité,
d'édifier une organisation autonome dans les ateliers.
Elle permet de passer à un
stade supérieur: l'offensive généralisée,
l'occupation de masse avec séquestration des principaux
flics, patrons en tête, le soulèvement des ouvriers
forts de leur unité conquise dans l'usine qui sortent
de l'usine pour élargir leur combat.
Comme le 3 juillet, les ouvriers
de la Fiat et les étudiants révolutionnaires ont
élargi leur combat par leur soulèvement dans plusieurs
quartiers de Turin.
[Ce jour-là, plus de 100.000
manifestants, ouvriers, étudiants, habitants des quartiers,
ont tenu tête pendant plus de
24 heures à la police]
Les luttes engagées au même
moment dans Turin contre la ville-usine les prix exorbitants
des loyers et les expulsions se sont confondues avec le combat
d'usine.
DE
L'USINE A LA VILLE-USINE
En France aussi, à Nancy,
à Ivry, à Argenteuil,à Flins, on s'élance
à l'assaut des villes de classe.
La lutte pour des logements décents
, des logements pour tous à des prix a-bordables, a commencé
aussi.
Elle se fondra à la lutte
d'usine, l'élargira.
Dès lors, on assistera à
un soulèvement formidable qui fera trembler patrons, flics,
journalistes et tous les vendus, syndicalistes révisionnistes
en tête.
Tout nous conduits vers ces soulèvements
: les luttes d'usine, les luttes sur le loyer, sur les transports
(déjà, à la gare de Lyon, à la gare
Saint-Lazate, la révolte est née), les luttes pour
détruire l'école de classe.
Toutes ces luttes se fondront comme
un fleuve en marche.
En particulier, l'unité des
ouvriers avec les étudiants et les lycéens se renforce.
En Italie comme en France:
" Les étudiants
et les ouvriers luttent ensemble parce qu'ils savent que le patron
qui exploite les ouvriers dans l'usine, qui leur fait mener une
vie de chien, c'est aussi celui qui fait de l'école une
caserne où seront formés les imbéciles et
les fidèles serviteurs du patron dans l'usine et à
l'extérieur."
(Extrait de la première brochure
sur Turin 1969, la grève de guérilla)
Tous les tracts de cette brochure
ont été faits en commun avec les étudiants.
Tous les jours, à toutes
les portes de la Fiat,des étudiants discutent avec les
ouvriers.
Puis ils font des meetings ou bien
des assemblées dans les Universités.
Dans la rue, ils se battent côte
à côte; et aujourd'hui les ouvriers rentrent dans
les lycées et les universités pour s'unir aux étudiants
et lycéens, pour les encourager à la lutte.
Cette unité-là, nous
la voulons, nous y tenons parce qu'elle est indispensable pour
la continuation1 du combat.
Les étudiants français
sauront se mettre à l'école de leurs camarades
italiens: en particulier, ils apprendront ce style de travail
continuions les joursàla porte de l'usine), qui a fait
défaut après mai en France.
VIVE LE COMBAT DE NOS FRERES
ITALIENS !
QUE DANS CHAQUE ATELIER, L'EXEMPLE
DE TURIN DEVIENNE UNE PUISSANTE FORCE MATERIELLE !
TOUT LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS
!
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