Les classes sociales
en France
et en Europe occidentale
Article
paru dans Front Social n°10
La notion
de classe sociale
La notion de classe est fondamentale
pour tous/toutes les révolutionnaires quelle que soit
leur idéologie, parce que la lutte de classe est toujours
comprise comme moteur de l’histoire (sauf chez la Fédération
Anarchiste qui n’a reconnu l’existence de la lutte
des classes qu’en 1968, tout en affirmant la priorité
du " combat anti-marxiste. CIA quand tu nous tiens...).
Pourtant, s’il y a bien quelque
chose de flou dans la gauche révolutionnaire, c’est
bien la notion de classe. Soit elle est transcendée au
profit des citoyens (le " PC "F, la ligue communiste
révolutionnaire, Réflexes...), soit elle est mythifiée
dans un grand élan ouvrièriste (Lutte Ouvrière,
Partisan...).
Tous ces groupes cités se
cassent les dents sur les deux obstacles majeurs auxquels on
est confronté à partir du moment où l’on
entend parler des classes sociales:
1.La définition objective
des classes sociales, parce que l’économie est en
mouvement et toujours placée à un niveau international;
2.La définition subjective,
parce que les éléments des classes sociales sont
influencés par l’existence des autres classes et
rejettent parfois les aspects politiques et culturels de leur
propre classe.
A cela s’ajoute la volonté
des classes sociales dominantes de faire en sorte que les oppriméEs
ne puissent pas se concevoir en termes d’éléments
de classes sociales, afin d’empêcher la formulation
de revendications appelant au renversement d’une classe
par une autre.
C’est ce fait qui explique
par exemple pourquoi la bourgeoisie explique tant par l’intermédiaire
des médias et des pseudos-recherches économiques
que la classe ouvrière "n’existe plus ",
alors que dans les analyses qu’elles se réservent,
comme celles de l’Institut National de la Statistique et
des Etudes Economiques (INSEE), " les ouvriers demeurent
le groupe social le plus important parmi les actifs".
Comme nous l’avons dit, la
question de savoir si les éléments des classes
sociales se reconnaissent (ou pas) comme tels joue un grand rôle.
C’est la notion de " conscience
de classe " qui intervient ici. Selon la théorie
de Marx, Lénine et Mao, les élémentEs conscientEs
de la classe ouvrière, c’est-à-dire conscientEs
de leur situation économique dans le cadre global de la
société (capitaliste), forment l’avant-garde
de la cause révolutionnaire ouvrière.
Les éléments non-conscients,
par contre, doivent être conscientisés dans le processus
de lutte de classe, par la propagande révolutionnaire
et la pratique de la lutte des classes.
Lorsque la conscience atteint un
degré suffisamment fort, que les dominéEs sont
en grande majorité conscientEs de leur situation, et lorsque
parallèlement le système est affaibli et bloqué,
alors la situation est mûre pour l’insurrection révolutionnaire.
Cette question de la conscience
de classe est centrale dans le processus révolutionnaire.
C’est pourquoi le " Parti Communiste " français,
lorsqu’il a mis en oeuvre la " déstalinisation
" et passé au pilon les oeuvres de Staline dans les
années 50, en a profité pour détruire l’ouvrage
de Bouvier-Ajam et Mury, " les classes sociales en France
".
Le " PC "F entendait quitter
le terrain de la révolution, et cela passait par la liquidation
de tout débat quant à la conscience de classe.
Il faut également savoir
que la dernière partie du " Capital ", que Marx
n’a pas pu finir, traitait de la définition des classes
sociales.
Néanmoins, il nous reste
le reste de l’ouvrage, ce qui n’est déjà
pas si mal. Cela nous guidera pour définir le monde de
la production.
Intéressons-nous quand même
à une définition des classes sociales.
Prenons donc celle de Lénine:
" On appelle classes de vastes groupes d’hommes [et
de femmes] qui se distinguent par la place qu’ils tiennent
dans un système historiquement défini de la production
sociale, par leurs rapports, la plupart du temps fixés
et consacrés par la loi, aux moyens de production, par
leur rôle dans l’organisation sociale du travail et
donc par les moyens d’obtention et la part des richesses
publiques dont ils disposent.
Les classes sont des groupes d’hommes
[et de femmes] dont l’un peut s’approprier le travail
de l’autre par la différence de place qu’ils
tiennent dans un régime déterminé de l’économie
sociale ".
" La plupart du temps fixés
par la loi ", nous dit Lénine. Cela est vrai, sans
forcément l’être si l’on regarde l’exploitation
de la femme (par l’homme). Celle-ci a indéniablement
participé à la reproduction de la force de travail
(de par son statut de " femme de l’ouvrier "),
sans pour autant que cela ait été reconnu en tant
que tel. La violence contre les femmes et leur exploitation étaient
reconnues et protégées par la loi (et l’Etat),
mais pas le caractère d’exploitation.
La classe ouvrière
Nous avons une définition
des classes.
Il reste à savoir comment
définir le monde de la production, puisque c’est
selon la place à l’intérieur de la sphère
productive que l’on peut savoir à quelle classe sociale
appartient objectivement telle ou telle personne (la question
de la subjectivité venant encore après).
Comme Lénine l’a dit,
et comme nos lecteurs/lectrices le vivent quotidiennement (le
cas de l’officier de police des Renseignements Généraux
lisant notre revue étant assez différent), l’exploitation
est au coeur des systèmes économiques existant.
Nous pouvons donc déjà
constater l’existence d’une classe sociale dominante
dans les rapports de la production, en profitant le plus: la
bourgeoisie. La bourgeoisie est la classe capitaliste, celle
qui possède les moyens de production, et " fait travailler
".
Bien: nous avons déjà
une classe sociale. Mais il y en a bien d’autres: quelles
sont-elles? Forment-elles toutes un prolétariat, aussi
grand que vague, uniformément exploité par la bourgeoisie?
Il va de soi que non. Dans l’analyse
marxiste, ce qui compte, en terme de richesse, c’est la
marchandise (et non pas l’argent, qui n’est qu’un
moyen d’échanger les marchandises).
Au coeur de la production, il n’y
a donc ni la bourgeoisie, qui ordonne la production, ni les employéEs,
qui gèrent cette production. Au coeur de la production,
il y a la classe ouvrière.
Qui est cette classe ouvrière
en France aujourd’hui?
Une classe concentrée géographiquement,
puisque les 1000 plus grosses usines françaises sont les
lieux d’exploitation d’un million de personnes (soit
un salarié du secteur industriel sur 4); 6 millions de
personnes sont ainsi statistiquement des éléments
de la classe ouvrière en France.
Pourquoi cette classe est-elle aussi
peu représentée sur le plan culturel dans la France
capitaliste? Pourquoi, malgré ces chiffres, entend-on
toujours parler de " disparition " de la classe ouvrière?
De fait, parce que l’idéologie
de la classe ouvrière est l’idéologie communiste,
et que cette idéologie a été violemment
attaqué par la bourgeoisie, les médias, etc. ainsi
que par des organisations ouvrières dont la direction
est devenue bourgeoise (" PC "F, CGT, etc.).
La classe ouvrière n’a
plus d’organisation, et la bourgeoisie ne veut pas entendre
parler de la classe ouvrière.
De plus, même si les ouvrierEs
se mettent à lutter, leur forme de résistance est
généralement lié au lieu de travail ou au
quartier), avec des revendications bien précises qui ne
sont pas forcément spécfiquement ouvrières
(parce que des employéEs habitent aussi le quartier, etc.).
Et les luttes dans les usines sont
le plus souvent sectorielles, locales (sauf évidemment
la lutte générale contre le cadences).
1ère erreur:
Toni Negri et l’ouvrièrisme généralisé
Il faut à cela ajouter le
développement de plus en plus chaotique et compliqué
du capitalisme; le terme générique de " classe
ouvrière " a beaucoup perdu de sa capacité
descriptive.
En conséquence de cette insuffisance
dans la définition de "classe ouvrère ",
et dans le flou artistique général, se sont développées
des thèses affirmant que tout le monde était ouvrier
dans le domaine de la consommaton, et que le capitalsme était
tellement riche que l’on vivat pratiquement dans le communisme,
à ceci près que les appareils idéologiques
(l’idéologie du " travail ") et l’Etat
existait encore.
C’est la thèse développée
par Toni Negri dans les années 70.
Dans cette perspective, les restructurations
économiques sont comprises comme un moyen pour la bourgeoisie
de se débarasser des grandes usines pour exploiter un
peu partout ce qui est un nouveau " sujet antagoniste ",
un nouveau prolétaire, celui que Toni Negri appelle "
l’ouvrier social ".
Cet ouvrier ne fait plus partie
de l’usine, et ne lutte plus sur ce terrain (la classe étant
" fragmentée " et éparpillée),
mais mène un combat pour ses besoins sociaux.
C’est l’une des grandes
thèses du mouvement autonome italien des années
80/90, et c’est pour cela qu’il s’est retrouvé
réduit à une poignée de " freaks "
refusant le travail (non plus seulement salarié mais dans
l’absolu), squattant pour organiser des concerts et organiser
des expos.
Pourquoi cette thèse (de
Negri) est-elle fausse? Parce qu’elle a pour l’origine
l’affirmation de Negri comme quoi la " loi de la valeur
" (profit, exploitation, etc.) n’est plus valable,
que le communisme se développe spontanément avec
la richesse matérielle globale (!!!) et que tout le monde
est pour ainsi dire un prolétaire.
Il suffit d’étudier
l’exploitation de la femme dans le patriarcapitalisme, ou
des immigréEs dans les pays impérialistes, pour
bien voir qu’il n’est pas possible d’affirmer
que " nous vivons déjà dans le communisme
" (Toni Negri).
Au lieu de constater que l’exploitation
se développe de manière beaucoup plus complexe
que dans la contradiction ouvrier/patron (division internationale
du travail, impérialisme, aristocratie ouvrière,
travail des femmes " au foyer ", etc. etc.), Negri
la généralise, en fait une loi universelle. C’est
une grave erreur, aboutissant à la relativisation des
différences de classe (et de la stratification à
l’intérieur des classes).
La distinction
nécessaire entre " travail productif "
et " travail improductif "
Si l’on suit Marx, l’ouvrierE
est celui/celle qui a une activité productive au sens
matériel du terme; ce sont les définitions de "
travailleur productif " et de " travailleur improductive
" dont nous avons ici besoin.
Un travail est productif lorsqu’il
amène quelque chose qui posséde une valeur d’échange
pour le capitaliste.
Comme l’expliquent les camarades
de la revue communiste italienne " Il Futuro ":
" A l'époque [de Marx
et Engels], les travailleurs improductifs étaient nombreux:
agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales
et enfin gardiens, domestiques... que Marx prend en considération
dans son fameux exemple à propos du travail improductif.
Le serviteur du capitaliste n'est
pas productif, explique Marx, du moment que son travail n'est
pas échangé contre du capital mais avec une partie
du revenu du capitaliste. Le capitaliste qui a des serviteurs
ne réalise pas de profit, au contraire, il dépense.
Mais ce même travail peut
devenir productif dès lors que ce n'est plus le jardinier,
mais l'entreprise de jardinage qui traite des mêmes fonctions.
Un cordonnier qui confectionnait
une paire de chaussure et qui les vend, créait une valeur
d'usage sous forme de marchandise et l'échangeait contre
de l'argent [argent=temps de travail pour les marxistes].
Un capitaliste qui investit son
" argent " et ouvre une fabrique de chaussures, produit
beaucoup " plus " qu'une plus grande quantité
de chaussures: il donne vie à des rapports qui produisent
une séparation croissante entre fonction de direction
(dominante) et celle d'exécution (subordonnée),
il produit et reproduit un rapport social qui, généralisé
à chaque processus productif, crée les classes
sociales.
Ainsi, la transformation du travail
improductif en travail qui, afin que les capitalistes en tirent
plus-value, est " productif ", constitue le processus
de création de la société capitaliste.
Aujourd'hui, ce processus a "
excessivement " progressé, mais si cela peut aider
à se rapprocher avec plus de clarté de l'actuelle
composition de la classe prolétarienne, il n'est pas inutile
de reparcourir les étapes et les formes qui le projettent.
Traditionnellement dans la catégorie
" travail productif " sont inclus les processus de
travail liés à l'agriculture, à l'extraction
des matières premières (mines) et aux industries
de transformation.
Dans cette première et partielle
classification, il est déjà noté que toutes
les activités de transport des marchandises sont incluses
dans l'industrie de transformation, contrairement à l'habituelle
et erronée classification de cette activité dans
le secteur des " services ".
Et cela lors que le " capital
productif investi en elle (l'industrie des transports) ajoute
de la valeur aux produits transportés, une partie par
transfert de la valeur des moyens de transport, une partie par
l'ajout de la valeur par l'entremise du travail de transport
" (Marx, le capital livre II).
Le raisonnement est tout aussi évident
à l'intérieur de l'usine même, où
de nombreux ouvriers ne réalisent pas d'autres travaux
que de la manutention, " transporter " les différentes
marchandises à l'intérieur et entre les ateliers.
Même discours valable pour
les travailleurs grâce auxquels les marchandises sont pesées,
emmagasinées, emballées, tous des travailleurs
qui ajoutent de la valeur aux marchandises et donc, pour le capitaliste,
des travailleurs productifs.
En outre, à partir de la
phase monopoliste [=impérialisme, à partir du début
des années 1900], le mode capitaliste de production établit
sa domination sur la totalité des besoins humains, ceux
pris des points de vue individuels, familiaux ou sociaux.
La poussée à l'expansion
du capital dans de nouveaux secteurs de la production est déterminée,
en termes économiques, par l'excédent de concentration
du capital déjà réalisé dans l'industrie
manufacturière. D'autre part, les importants phénomènes
d'urbanisation créent les présupposés d'un
ample marché " avide " de nouveaux produits.
En fait est désormais détruite
l'organisation sociale existant lors du capitalisme primaire,
basé essentiellement sur la famille (amis, voisins et
communauté), le travailleur est contraint à entrer
en rapport, même en-dehors de l'usine, avec le capital;
il est obligé de s'adresser au " marché ",
à entrer dans un rapport achat-vente, non seulement pour
les biens indispensables à sa subsistance mais aussi pour
satisfaire d'autres nécessités, celles du divertissement,
les loisirs, ou les soins des enfants, des personnes âgées
ou malades.
Désormais, tout cela n'échappe
plus au contrôle du capital et à ses lois, y compris
les émotions et les sentiments.
Donc, avec la phase impérialiste
s'établit la soumission aux lois du marché capitaliste
de la production, pour l'immense majorité des biens; parallèlement
la conquête par le capital des " services sociaux
" et donc de leur conversion en marchandises, et "
l'invention " de " nouveaux produits " et de "
nouveaux services " visant à satisfaire aussi des
besoins induits et devenus indispensables dans la société
capitaliste restructurée.
Toute " nouvelle " activité
est créatrice de profit.
En fait, pour la production de plus-value
et donc du profit capitaliste, il n'est pas indispensable que
" l'objet du travail " (les matières premières)
et le résultat final de celui-ci aient un caractère
matériel.
Ils peuvent transformer également
des éléments soi-disants " immatériels
" (comme celui des " informations " par exemple,
sur lesquelles est appliqué un travail et qui, donc, sont
réélaborées).
Le travailleur occupé à
la production de biens matériels rend un " service
" au capitaliste, et c'est en tant que résultat de
ce " service " qu'un objet tangible prend la forme
d'une marchandise.
Dans le cas des services véritables,
le résultat du travail ne peut pas prendre la forme d'un
objet, il est donc offert directement au consommateur, mais les
effets du travail se transforment également en marchandises.
Dans la phase impérialiste,
le travail des services n'est pas offert directement au consommateur,
mais dans l'immense majorité des cas, il est acheté
par un capitaliste (ou par l'Etat capitaliste) qui le revend
sur le marché, en en obtenant un profit.
Pour le capitaliste, il n'existe
aucune différence, en temps de production de plus-value,
entre l'ouvrier d'usine et le personnel qui cuisine dans des
restaurants ou des MacDonalds, prépare, apprête,
lave, sert, exécute une production tout aussi tangible.
Le même discours est valable
pour les travailleurs des blanchisseries ou des ateliers de réparation,
d'entretien, de location de voitures, etc...
Que les travailleurs de l'entretien
et du nettoyage soient attachés à des biens d'usage
et continuellement réutilisés, comme dans les hôtels,
ou à des marchandises en cours de " finition "
(c'est-à-dire comme dans les opérations de polissage
et de lustrage finaux de l'automobile) ne change pas la nature
des effets de ces opérations, elles sont productrices
pour le capitaliste ".
Le travail improductif
aujourd’hui: Gucci, Chanel, Axa assurances et UAP, la CIA,
la DST et l’OTAN
Nous avons vu que sont appelés
improprement " services " des activités qui
relèvent de l’exploitation classique.
Néanmoins, il faut bien constater
que dans le système capitaliste moderne, c’est-à-dire
dans la phase impérialiste-monopoliste du capitalisme,
les services sont inféodés à la production,
à sa gestion, à sa réalisation, son entretien
etc..
Elles servent la production capitaliste,
mais ne sont pas productives pour autant; elles sont une excroissance
de l’appareil productif dans le cadre des monopoles.
Il s’agit pour les capitalistes
de vendre, de trouver des marchés, au début par
des moyens " non-violents " (publicité, promotion
des ventes, etc.), puis par des moyens " violents "
(piratage industriel, interventions armées des Etats,
etc.).
Ces activités d’"
entretien " de la machine capitaliste ne sont pas productives
en soi, et forment ainsi une énorme excroissance de l’activité
économique des pays impérialistes.
Il ne s’agit plus, comme à
l’époque de Marx, d’un travail improductif lié
aux développements de l’économie capitaliste;
il s’agit d’une conséquence structurelle du
cycle capitaliste dans sa phase impérialiste.
Cela vérifie dans le fait
que les pays du Sud n’ont pas développé de
tels secteurs économiques. Le bataillon d’employés
nécessaire à l’impérialisme - que ce
soit dans le domaine privé pour les monopoles, ou dans
le domaine public pour le Capitalisme Monopoliste d’Etat,
avec par exemple la grande bureaucratie du social-impérialisme
soviétique - a énormément augmenté
et continue de grandir avec l’accroissement du cycle d’accumulation
capitaliste.
C’està-dire que l’augmentation
de la tertiarisation est reliée à l’une des
caractéristiques de l’impérialisme, à
savoir la " fusion du capital bancaire et du capital industriel,
et [la] création, sur la base de capital financier, d’une
oligarchie financière ".
Cette oligarchie financière
ne se contente pas d’avoir structurellement besoin d’une
contre-révolution préventive organisée (CIA,
DST, etc.), elle consomme également des objets de luxe
avec lesquels elle forme une idéologie de fascination
pour elle.
Les parfums, la mode, Chanel, Gucci,
Valentino, Armani, Calvin Klein, etc. sont des noms de prestige,
dont la renommée doit pour l’oligarchie (qui en est
d’ailleurs propriétaire) dépasser celle de
Guevara ou Mao-Tsé-Toung.
Dans l’existence d’une
énorme bureaucratie improductive (le " tertiaire
") on retrouve la division travail manuel / travail intellectuel,
propre au capitalisme.
Le système capitaliste se
voile la face dans le domaine des sciences humaines, et ainsi
est obligé de former une classe de sociologues, essayistes,
experts, analystes, opérateurs, etc., classe ayant comme
tâche d’empêcher que la production ne sombre
dans des contradictions internes (et pratiques) à cause
de l’irrationalité du capitalisme.
Les sans-travail
Le chômage est un phénomène
inhérent au capitalisme. Comme le dit Marx, " si
une surpopulation ouvrière est le produit nécessaire
de l'accumulation, c'est-à-dire du développement
de la richesse sur une base capitaliste, cette population devient,
vice-versa, le levier de l'accumulation capitaliste et plus encore,
une des conditions d'existence du mode de production capitaliste.
Elle constitue une armée
industrielle de réserve disponible qui appartient au capital
de manière aussi complète que si ce dernier l'eut
élevé à ses propres frais, et elle crée
pour les besoins variables de valorisation de celui-ci, le matériel
humain, exploitable, toujours prêt, indépendamment
des limites de l'augmentation réelle de la population
" (Le Capital, livre premier).
Pour une analyse précise
du chômage, j’envoie les lecteurs/lectrices à
l’article " sur le chômage " publié
dans le numéro 7 de notre revue, et pour une caractérisation
culturelle, à l’article dans le numéro 8 à
propos de la société des 2/3.
Disons juste à ce propos
que les chômeurs osciellent entre trois catégories
sociales:
-le lumpenproletariat;
-le second tiers, c’est-à-dire
la classe sociale salariée classique;
-le dernier 1/3, lumpenproletariat
moderne.
Le lumpenproletariat est incapable
de se rebeller, et bascule vers le plus offrant (donc le fascisme).
Les chômeurs / chômeuses liéEs au second 1/3
espèrent regagner cette classe, et profitent de réseaux
sociaux (mairies " PC "F, Assedic...) les maintenant
la tête au-dessus du dernier 1/3, qui lui vit dans les
cités la plupart du temps et profite d’activités
extra-légales (vente de drogues, vols, etc.).
Les classes sociales
en Europe de l’Ouest
Une excellente analyse a été
fourni par un groupe appartenant à l’organisation
communiste illégale " Action Directe ", étonnament
en 1984. Etonnament parce que ce texte a compris un développement
qui aujourd’hui encore échappe à beaucoup.
Pour ces camarades, " il s’agit
aujourd’hui de concevoir l’Europe occidentale comme
un territoire homogène où la construction d’un
pôle révolutionnaire unitaire est possible.
Cela signifie considérer
le prolétariat de la métropole comme un classe
unique, répartie sur des territoires différents,
mais qui ont des caractéristiques fondamentalement semblables.
Concrètement, nous ne considérons
pas la recomposition de l’ensemble des prolétaires
européens en une fraction prolétaire unique comme
une chose acquise.
Mais le terrain stratégique
que nous choisissons dans la phase actuelle est celui de la construction
de l’organisation internationale du prolétariat d’Europe
de l’Ouest.
Et nous cherchons à généraliser
dans cette stratégie les particularités et les
spécificités des différentes réalités
des divers prolétariats nationaux.
Considérer le prolétariat
d’Europe de l’Ouest comme une réalité
unique veut dire rendre dynamique ce que le capital multinational
rend statique par la division formelle de l’Europe en divers
Etats nationaux.
Alors que ce même territoire
n’est, pour le capital multinational, qu’un espace
stratégique avancé de marché et de production.
Il est le centre des conflits économiques
et de pouvoir de toutes les multinationales mondiales (américaines,
japonaises, allemandes, anglaises, françaises, italiennes).
Et les gouvernements des différents
Etats nationaux constituent de plus en plus les simples paravents
des luttes internes au capital multinational, chacun d’entre
eux constituant un terrain où coexistent et s’affrontent
les intérêts des multinationales.
En Europe, si le capital multinational
se présente " divisé " au niveau du pouvoir
et des rapports internes à chaque Etat, dans son rapport
avec la classe il n’en a pas moins un comportement unitaire,
dans l’exploitation et la répression du prolétariat.
L’Europe de l’Ouest, tant comme marché qu’au
niveau de la production, constitue un territoire unique sur lequel
le capital multinational projette, programme, réalise
et impose sa logique de profit.
Toutes les structures de production
et de marché d’Europe de l’Ouest sont en fait
multinationalisées. Ce qui permet au capital multinational
de jouer sur les divisions nationales du prolétariat,
tant en termes d’exploitation que de répression.
Et cela afin de gérer les
conflits de classe qui explosent sur un territoire donné
de façon spécifiquement régionale, en évitant
ainsi la diffusion des conflits à l’échelle
européenne. Cette division du prolétariat européen
permet au capital multinational d’intervenir avec le maximum
de brutalité dans les territoires où l’intensité
de la contradiction de classe empêche toute médiation.
Dans le même temps, celui-ci
peut maintenir dans les autres territoires d’amples rapports
de médiation et de liberté formelle.
La régionalisation et la
circoncription des conflits de classe dans un territoire défini
laissent intactes les possibilités de pacification et
de médiation dans les autres.
Au cours des trente dernières
années, les crises cycliques qui sont intervenues dans
toute l’Europe ont été résolues et
dispatchées, à des moments et avec des moyens différents,
sur l’ensemble des territoires, évitant ainsi la
généralisation des conflits de classe que produisaient
ces crises.
Elles ont été le résultat
d’un même cycle de restructuration qui a investi l’ensemble
de l’Europe et a frappé les différents territoires
nationaux, à commencer par les territoires les plus avancés,
la France, la R.F.A. et la Grande-Bretagne, suivis ensuite par
l’Espagne, moins développée.
Ce processus a touché non
seulement la structure productive, mais aussi la structure sociale
et urbaine. Il a vu se développer une véritable
métropolisation des territoires.
Ce qui se traduisit par le fait
que le contrôle, la médiation, la décomposition
et la différenciation du prolétariat se développent
d’abord dans les secteurs nationaux les plus "avancés
", pour être ensuite systématisés dans
les autres secteurs présentant ces caractéristiques.
Cette systématisation fut
générale, rapide et efficace. Le discours conceptuel
fut rapidement stratifié, pacifié et redéfini
selon les multiples changements qui intervenaient dans le cycle
de crise du capital multinational. Il fut aussi marqué
par le développement de la concurrence économique
et de pouvoir en son propre sein;
L’homogénéisation
de l’Europe de l’Ouest est déterminée
tant par le niveau actuel de développement et de crise
du capital multinational mondial que par la phase actuelle de
tendance à la guerre.
Dans toute l’Europe le cycle
crise-resructuration-crise se développe simultanément.
L’équilibre entre les
territoires pacifiés e ceux qui le sont moins tend donc
à se rompre, la crise et la tendance à la guerre
contraignant de plus en plus le capital à se situer dans
un même rapport avec l’ensemble du prolétariat.
Il doit alors rompre avec sa tactique
de médiation pour imposer par la violence les restrictions
économiques, un accroissement de l’exploitation et
de la logique de guerre impérialiste.
La restructuration de la production
(dans l’automobile, la chimie, dans le secteur énergétique)
et la logique de guerre impérialiste prennent alors une
dimension concrète immédiate: les licenciements
massifs, la réduction généralisée
des dépenses sociales et publiques au profit des dépenses
militaires, l’installation des missiles nucléaires,
la création de la Task force et le renforcement de la
mission historique de l’OTAN, afin de faire face aux éventualités
que suscite cette tendance.
Apparaît alors pour le prolétariat
métropolitain européen une seule et unique réalité:
celle de l’exploitation et de la répression brutale
pour satisfaire les exigences que la crise impose au capital
multinational.
La réalité d’être
condamné à devenir la " chair à canon
" des prochains conflits, et en attendant, la " chair
à profit " de l’impérialisme, en Afrique,
au Moyen-Orient, etc.
Travailler à la recomposition révolutionnaire du
prolétariat en Europe ne suffit donc pas.
Mais cela devient possible.
Parce que tout ce que nous construisons
aujourd’hui, au sein de cette stratégie, comme développement,
même minimal, de la conscience révolutionnaire par
rapport à la crise et à la tendance à la
guerre, avec toutes les conséquences possibles de l’ensemble
des contradictions de classe, tout ce que nous construisons donc,
même à une échelle minime, se développera
et se multipliera demain, oeuvrant ainsi à la construction
de l’organisation de masse du prolétariat européen.
Travailler à une stratégie de libération
communiste du prolétariat signifie regarder le présent
avec le regard du futur, parce que la fonction historique des
communistes, en tant que fraction et avant-garde organisée
du prolétariat, est de comprendre le mouvement du capital
dans son ensemble, en lui permettant ainsi de détruire
et de désarticuler ses projets d’exploitation et
de mort, et de comprendre le mouvement de la classe, afin de
déterminer, dans un rapport dialectique avec elle, le
développement de la conscience révolutionnaire
du prolétariat.
Dans la phase actuelle de crise générale du capital
et de la tendance à la guerre, tout ceci impose de travailler
à construire l’organisation internationale du prolétariat
d’Europe de l’ouest.
Cela signifie concrétement
travailler, dans chaque territoire, en partant de sa spécificité
et de ses particularités, à favoriser le développement
de la conscience prolétaire en termes internationaux.
Pour recomposer le prolétariat
comme classe révolutionnaire, il faut favoriser la meilleure
circulation des expériences de lutte prolétarienne
et de l’expérience des organisations révolutionnaires,
en rompant ainsi avec la différenciation entre territoires
plus ou moins pacifiés, et cela afin de propager la conscience
révolutionnaire dans l’ensemble du prolétariat.
Il est actuellement nécessaire
de travailler dans les mouvements de masse qu’exprime ce
prolétariat. Ces mouvements sont aujourd’hui extrémêment
contradictoires parce qu’ils sont soient des mouvements
partiels et spécifiques (territoriaux, liés à
la réalité d’un territoire) contre les restructurations,
les licenciements, la réduction des dépenses sociales,
soient des mouvements généraux contre la guerre
et la politique impérialistes qui ne réussissent
pas à dépasser le discours défensif ou strictement
pacifiste.
La présence massive de la
gauche institutionnelle dans ces mouvements tend pour l’heure
à leur insuffler une ligne politique réformiste
et révisionniste qui bloque toute perspective de développement
de la conscience révolutionnaire.
Mais il y a, objectivement, dans
la phase actuelle, une incapacité politique des révisionnistes
et des réformistes à offrir des débouchés
crédibles au mouvement des prolétaires. Avec la
tendance à la guerre et le développement de la
crise, toutes les possibilités de médiation sont
rompues.
A toute lutte ouvrière contre
la restructuration, le capital répond par de nouvelles
restructurations et de nouveaux licenciements.
Les partis " de gauche "
et les syndicats se démasquent de plus en plus comme la
représentation politique des multinationales au sein de
la classe (...). Les mouvements de masses prolétariennes
expriment actuellement de grandes contradictions, mais aussi
de grandes potentialités. Il faut avoir présent
à l’esprit que ces mouvements naissent d’un
prolétariat décomposé, différencié,
parcellisé.
Les restructurations, l’informatisation
sociale, la militarisation et la répression ont détruit
sa mémoire historique révolutionnaire, telle qu’elle
xistait dans les années 60-70, alors que se développaient
les luttes de la classe et des nouvelles générations
prolétariennes.
Ce n’est pas par hasard que
nous parlons de prolétariat métropolitain. Car
il se caractérise de manière contradictoire, à
la fois par son haut degré de décomposition et
par un haut niveau d’antagonisme social et de refus du mode
de vie capitaliste.
Nous disons donc que ces mouvements
de masses sont à la recherche de débouchés
de libération et de réalisation de leur propre
richesse sociale. Mais cela ne peut passer que par la destruction
du capitalisme et la construction d’un parcours de libération
communiste.
Ces mouvements sont des terrains
concrets de travail pour tous les mouvements révolutionnaires
européens.
Cela veut dire travailler à
la démystification du discours réformiste et révisionniste,
à la propagande constante dans ces mouvements autour des
tactiques et des stratégies du mouvement révolutionnaire,
de ses contenus, de ses instruments, de ses pratiques, à
la construction de structures organisées d’information,
de débat, de développement de la conscience de
masse révolutionnaire, à la destruction de toutes
les déterminations matérielles de la domination
du capital qui empêchent le libre développement
du mouvement et à la destruction de toutes celles qui
favorisent l’exploitation et la guerre (...).
Notre identité de communistes
est basée sur un rapport symbiotique et dialectique entre
le contenu de libération et les instruments historiques
nécessaires à sa réalisation.
Dans la phase actuelle, l’identité
communiste révolutionnaire retrouve d’énormes
possibilités de développement concret dans le rapport
dialectique entre organisation communiste révolutionnaire
et mouvement de masse prolétarien, à l’intérieur
de la stratégie de construction de l’organisation
du prolétariat d’Europe de l’Ouest.
Le développement d’un
parcours unitaire incluant les différentes expériences
des organisations révolutionnaires d’Europe de l’Ouest
pour la construction d’un pôle révolutionnaire
unitaire constitue un premier pas vers la recomposition du prolétariat
européen.
Et cela ne signifie pas une somme
figée de toutes les expériences, parce que chaque
expérience s’est développée dans des
conditions différentes et a eu des méthodes différentes
en fonction des territoires où elle s’est développée.
Toutes ces expériences, si
elles avaient des caractéristiques similaires, avaient
aussi des spécificités qui ont notablement influencé
leur développement au cours des dernières années.
Un parcours unitaire signifie travailler
à une stratégie internationale unitaire en Europe
de l’Ouest et déterminer des étapes successives
visant à créer, phase après phase, une unité
politico-organisationnelle sur le terrain de la lutte contre
le capital, pour la recomposition du prolétariat métropolitain.
Il ne s’agit pas de créer
un rapport idéologique, mais un rapport unitaire de pratiques
concrètes, de développement du mouvement révolutionnaire
en Europe de l’Ouest.
Nous sommes convaincus que les différences
qui existent actuellement entre les diverses expériences
révolutionnaires en Europe sont le produit d’une
confusion politique que nous avons pu exprimer et des divers
niveaux de mûrissement de toutes nos expériences.
La stratégie de construction
en Europe de l’organisation internationale du prolétariat
est le terrain sur lequel il est possible de bâtir concrètement
une clarification politique qui corresponde à la phase
et qui permette une maturation d’ensemble de toutes les
expériences révolutionnaires.
Celles-ci trouvent, dans leurs propres
maturations et dans leurs propres spécificités,
un débouché concret à l’intérieur
d’un rapport de pratique unitaire.
Construire le mouvement révolutionnaire
unitaire signifie développer les potentialités
du prolétariat, parce qu’ainsi, à l’intérieur
du rapport unitaire, se développe un niveau de maturation
globale de tout le mouvement révolutionnaire. Et c’est
dans une stratégie de recomposition du prolétariat
en Europe que se développe son niveau global de conscience.
Pour le mouvement révolutionnaire,
le terrain stratégique de l’initiative correspond
à la possibilité de développer sa propre
conscience, parce que le mouvement révolutionnaire est
le premier embryon de l’organisation communiste de toute
la classe.
La construction de l’organisation
internationale du prolétariat n’est donc pas la stratégie
d’une organisation, mais bien la stratégie de l’ensemble
du mouvement révolutionnaire dans la phase de développement
maximum et de crise du capital multinational et des tendandes
à la guerre.
En tant que stratégie de
phase, cette stratégie se veut une critique précise
à toutes les stratégies mises en oeuvre dans les
phases précèdentes de l’expérience
révolutionnaire en Europe (...).
Développer des pôles
révolutionnaires unitaires dans les territoires homogènes
signifie construire des points de référence concrets
pour l’organisation et la recomposition révolutionnaire
du prolétariat mondial.
La tendance à la guerre dans
l’accentuation des contradictions de classes développe
aussi l’homogénéisation de territoires extrrémêment
vastes, et favorise objectivement la recomposition du prolétariat
qui vit sur ces territoires.
Ce n’est pas là un processus
mécanique et spontané, mais la base objective sur
laquelle le mouvement révolutionnaire bâtit la stratégie
de libération du prolétariat. Aujourd’hui,
pour tous les révolutionnaires, oeuvrer dans cette direction
stratégique c’est contribuer concrètement
à la transformation de la réalité prolétaire
actuelle, pour la libération de la réalité
prolétaire de demain ".
Les classes moyennes
et l’idéologie nationale-populiste ou nationale-révolutionnaire
" A quand un article dans Marianne
qui montre que l’économie française s’est
cassée la gueule à cause des grandes surfaces et
de leur politique d’achat et de vente à bas prix?
".
" Bravo Marianne, tu prônes
la révolution sans sombrer dans l’extrême ".
" Il faut rappeler aux jeunes
que ce n’est pas la France qui a construit le camp d’Auschwitz
".
" Je suis scandalisé
par l’indulgence de la justice vis-à-vis des brûleurs
de voitures. Cette impunité les encourage "
" La France donne spontanément
tous les ans 50 milliards de francs aux potentats africains ".
" Je voudrais ajouter que Jean-Marie
Le Pen n’est pas aussi raciste que l’on veut bien le
dire: il veut la France aux Français ".
Ces extraits du " courrier
des lecteurs " de la revue " Marianne " sont exemplaires.
Ils montrent parfaitement la dynamique psychologique aboutissant
au développement du fascisme dans les classes moyennes.
Si l’on prend ainsi ces citations point par point, on a
un bon résumé:
-il faut défendre les petites
et moyennes entreprises, les commerçants et artisans contre
les grandes surfaces et les monopoles;
-il faut utiliser la violence (=révolution)
mais sans que les classes dangereuses ne puissent rentrer dans
la danse;
-la France est belle et éternelle
et coupable de rien;
-la justice n’est pas assez
répressive, d’ailleurs il faut rétablir l’autorité
partout, surtout à la maison;
-ce n’est pas la France qui
exploite l’Afrique mais le contraire;
-le racisme est surtout anti-français.
Il faut bien voir que le fascisme
est un mouvement de masse. Ce n’est qu’en cela que
les monopoles soutiennent les groupuscules aux idées farfelues
racistes et autres. Hitler dans les années 20 en Allemagne?
La bourgeoisie a besoin de lui.
Elle prend. Le Pen dans les années 70/80? La bourgeoisie
n’a pas besoin de lui. Elle ne prend pas.
Avec la crise d’aujourd’hui,
la bourgeoisie a besoin par contre de groupes empêchant
une offensive contre le capital, les structures patriarcales
et néo-coloniales.
Elle soutient donc des torchons
comme Marianne, où les articles volant au ras des pâquerettes
occupent l’esprit des gens, afin qu’ils/elles ne se
lancent pas une réflexion concrète pouvant aboutir
à la révolution.
Et surtout d’organiser les
classes moyennes, de les encadrer afin de les empêcher
de tomber idéologiquement dans le camp du prolétariat
et, éventullement, du communisme.
Les trois caractéristiques
principales du discours fasciste sont:
-la nature patriarcale,
-la nature raciste néo-coloniale,
-la nature nationale.
En ce sens, des groupes comme le
" PC "F et le Mouvement des Citoyens (MDC) sont à
considérer comme nationalistes, et comme contribuant au
processus de fascisation.
De même pour le " ni
droite ni gauche " des anarcho-syndicalistes, qui est carrément
de la démagogie populiste.
" Tous pourris ": un résumé
simple mais révélateur de la pensée fasciste.
Le " petit homme " veut lui aussi profiter de la grandeur
de quelque chose, et comme il méprise le prolétaire
(et encore plus l’immigréE), il veut voler quelque
chose à la bourgeoisie.
Celle-ci est accusée de trahir
la nation, de ne vouloir que profiter au lieu de penser au bien
commun national.
C’est pourquoi, dans la pensée
fasciste des classes moyennes, il faut attaquer la " ploutocratie
", condamner " l’impôt sur le revenu [qui]
a pris une ampleur propre à tuer l’initative ",
voir que " toute action de lutte des classes, dans un sens
comme dans l’autre, porte la ruine de la collectivité
par la faillite de ses entreprises ".
Les classes moyennes, coincées
entre la bourgeoisie et le prolétariat, mènent
une lutte de classe pour concilier les deux (elles ne peuvent
pas éliminer ces deux classes, évidemment).
On aboutit à une conscience
romantique nationale, aux groupes nationaux-populistes ou nationaux-révolutionnaires,
c’est-à-dire anti-lutte de classes.
Les nazis prétendaient ainsi
lutter contre le " front rouge " et contre " la
réaction ".
On abouti à un courant "
révolutionnaire " de droite, c’est-à-dire
au romantisme du XIXème siècle dans le contexte
du Xxème siècle.
Idéologiquement, les cinglés
créateurs de bricolages intellectuels nationalistes peuvent
être sincères (comme un schizophréne peut
l’être).
Ainsi, dans les années 30
en Allemagne, le national-révolutionnaire Otto Strasser
avait organisé un Front Noir pour organiser une révolution
nationale avec (attention il faut s’accrocher): les nazis,
les monarchistes, les socialistes et les communistes.
C’est dire à quel point
les luttes de classes (dont ces tendances sont l’expression)
sont niées, oubliées au profit de la " nation
".
Notons ici l’existence d’un
courant " national-bolchévik " ou " national
-communiste ".
Ce courant n’existe plus en
France, mais a beaucoup influencé l’extrême-droite
et, malheureusement, l’extrême-gauche. Historiquement
les nationaux-bolchéviks ne sont pas du tout bolchéviks,
il s’agissait juste de nationalistes allemands prônant
une alliance avec l’URSS (d’où le nom).
La bourgeoisie allemande savait
elle, au contraire de ces fascistes fantasmant sur l’URSS,
que celle-ci était vraiment communiste, et s’est
donc empressé de soutenir les groupes anti-URSS et de
liquider ces illuminés.
Puis, dans les années 50,
le terme a été repris par des fascistes mélangeant
Lénine, Gramsci, Staline, Mao, à des représentants
de l’ordre bourgeois comme Péron ou Franco. Ce type
de cinglés a même été qualifié
de " nazis-maoïstes ".
En fait, ils représentent
la tendance anti-américaine de la bourgeoisie européenne,
qui tente de rallier les classes moyennes à son ultra-impérialisme.
La revue belge " nation europe
" prône ainsi la formation d’un super-impérialisme
européen et soutient ainsi (théoriquement seulement
cela va de soi) des groupes comme le MRTA par anti-américanisme
(l’impérialisme US étant le concurrent de
l’impérialisme ouest-européen).
[Nous coupons ici l’article.
La suite, que nous publierons la prochaine fois, traite des middle-class
sur le plan économique direct, du statut des fonctionnaires,
du rôle des hautes écoles comme l’ENA, HEC
ou Polytechnique, ainsi que des subdivisions au sein des classes
elles-mêmes et du statut des femmes au sein de toutes ces
divisions].
[La "suite" n'aura en
fait pas été publié]

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