Le véritable
point de vue maoïste
sur la guerre populaire prolongée
dans les pays impérialistes
Pour nous maoïstes, le processus
révolutionnaire n'est pas spontané. C'est un aspect
essentiel de la question de la révolution. Le mouvement
de mai/juin 1968 a montré quelles sont les conséquences
de l'absence d'une organisation maoïste dirigeant le mouvement
de masses.
Les masses ont ébranlé le système, mais
elles ne l'ont pas renversé. La contre-révolution
a pu ainsi reprendre le dessus, au fur et à mesure et
en profitant des idéologies social-démocrate et
gaulliste.
Mais un autre aspect non moins essentiel est que la révolution
communiste est la révolution des masses populaires. Les
maoïstes sont une avant-garde au sens où leur objectif
est que les masses suivent le chemin de la révolution.
Ce sont les masses qui font l' histoire ; comme le dit Mao Zedong,
" le peuple, le peuple seul est la force motrice, le créateur
de l'histoire universelle ".
Le concept de guerre populaire correspond à ce principe
maoïste. La guerre populaire est la guerre des masses populaires
; elle seule fraie le chemin au socialisme, au communisme. Il
n'y a de processus réellement révolutionnaire que
s'il y a une guerre populaire.
Celle-ci peut prendre plusieurs formes ; cela dépend des
pays, des conditions concrètes. Le concept de guerre populaire
est un concept scientifique, valable universellement, dont l'application
dépend de son champ d'application.
Le camarade Gonzalo a résumé cette position ainsi
: " Pour nous, le président Mao Zedong, en établissant
les principes de la guerre populaire, a doté le prolétariat
de sa ligne militaire, de sa théorie et de sa pratique
militaire, de valeur universelle, donc applicable partout, selon
les conditions concrètes ".
Cette position est la seule scientifique, elle seule permet aux
révolutionnaires de trouver suffisamment de créativité
pour avancer dans le processus révolutionnaire. Cette
position permet de ne pas tomber dans l'erreur révisionniste
opposant les révolutions russe et chinoise.
La révolution russe est le fruit du long travail d'agitation
de propagande des Bolchéviks, de leur organisation de
l'insurrection d'Octobre 1917, puis de l'armée rouge dans
la lutte contre les troupes contre-révolutionnaires et
ses soutiens impérialistes.
La révolution chinoise est le fruit du long développement
de l'armée rouge et des conquêtes de zones libérées,
jusqu'à la libération de tout le pays.
Lénine, Staline et la troisième Internationale
ont eu raison d'affirmer le caractère universel de la
révolution russe, c'est-à-dire de la dictature
du prolétariat. Mais la troisième Internationale
a souvent compris cela de manière mécanique, et
donné à la révolution russe un caractère
de modèle universel.
Après la révolution chinoise, d'autres dogmatiques
considéreront qu'il s'agit là aussi d'un modèle
universel.
Ces positions sont erronées, car elle nie le caractère
particulier de la révolution dans chaque pays.
C'est pourquoi le Parti Communiste du Pérou a souligné
la nécessité pour les communistes de chaque pays
de développer une " pensée " spécifique.
Au Pérou l'idéologie est ainsi le marxisme-léninisme-maoïsme
pensée Gonzalo ; de même dans chaque pays les communistes
doivent comprendre comment la guerre populaire peut et doit se
développer.
Ceux et Celles qui raisonnent de manière schématique
sont condamnés à échouer.
Rosa Luxembourg et Che Guevara ont tenté d'appliquer schématiquement
un modèle de révolution, sans étudier les
conditions concrètes. L'échec en a été
la conséquence. Inversement, là où les communistes
appliquent la guerre populaire prolongée aux conditions
concrètes, celle-ci devient indestructible, comme c'est
le cas au Pérou, ou encore au Népal.
La guerre populaire prolongée est la guerre des masses
populaires ; la situation des masses populaires étant
différente selon les pays, le mode d'action change. Dans
le fameux interview du camarade Gonzalo, celui-ci dit ainsi :
"L'Amérique latine, par exemple, compte des villes
proportionnellement plus grandes que celles des autres continents.
C'est une réalité de l'Amérique Latine qu'on
ne peut ignorer. Il suffit de voir la capitale du Pérou,
qui a un taux de population élevé. Ainsi, pour
nous, la ville ne pouvait être laissée de côté
et la guerre devait s'y dérouler aussi, toutefois la lutte
se livre principalement à la campagne, celle de la ville
restant le complément nécessaire ".
La guerre populaire en Amérique latine possède
donc des caractéristiques différentes de celles
des autres continents. Pour pouvoir mener une guerre populaire
correcte, il faut connaître dans tous les cas l'histoire
du pays, l'histoire du développement économique,
l'histoire des masses et de leurs luttes, la géographie,
les tâches historiques des communistes.
En ce qui concerne la France par exemple, on voit bien que le
schéma opposant " révolution des villes "
et " révolution des campagnes " est absurde.
Car dans les pays impérialistes, une grande partie de
la population est rurbaine.
Elle n'habite pas dans une ville au sens classique du terme,
et elle n'a pas de rapports avec la production agricole. En France,
environ 20 millions de personnes vivent dans des zones rurbaines.
Cette population ne vit plus la grande concentration urbaine
propre aux zones ouvrières. C'est pourtant dans cette
zone que la classe ouvrière y est la plus nombreuse. La
classe ouvrière fait ainsi 35% de la population active
française, mais elle est beaucoup plus présente
dans les zones rurbaines que dans les villes.
L'Etat impérialiste français a ainsi soutenu le
développement culturel de la petite-bourgeoisie dans ces
zones rurbaines, où les pavillons s'opposent ainsi aux
HLM (qui comptent plus de 3,5 millions d'appartements).
Ce sont ainsi les classes dominantes et la petite-bourgeoisie
qui dominent culturellement le prolétariat, jusque dans
ses bastions. Le phénomène de la " banlieue
rouge ", apparue avec le développement du Parti Communiste
en France, disparaît un peu plus à chaque élection
municipale depuis que le révisionnisme prédomine
dans ce parti.
Peut-on ainsi dire que la révolution russe est un "
modèle " pour la révolution en France ? Non,
on ne le peut pas. Ce que nous pouvons dire c'est que, au fond
et comme Lénine l'a fait remarqué, la révolution
consistera en la dictature du prolétariat, comme en Russie.
Nous pouvons par conséquent dire que cette révolution
sera une guerre populaire, comme l'a fait remarqué le
camarade Gonzalo, avec trois outils donc : le Parti, l'Armée,
le Front.
Pas de
révolution
sans les " trois épées magiques " !
L'histoire de la révolution
socialiste dans les pays impérialistes est justement un
échec en raison de la non utilisation de ces trois outils,
décrit par Mao Zedong comme les " trois épées
magiques ".
Les révolutionnaires d'Allemagne avaient, dans les années
1930, un très bon Parti Communiste, ainsi qu'un Front
de grande dimension (allant des combattants antifascistes à
l'organisation de courses de motos). Mais l'absence d'une armée
en tant que telle leur fera subir une défaite totale.
Les révolutionnaires d'Italie avaient, dans les années
1970, organisé un grand embryon d'armée. Mais les
Brigades Rouges repoussèrent la structuration d'un véritable
Parti Communiste et nièrent l'importance du Front. La
conséquence sera une déviation militariste accompagné
d'un isolement croissant, formant une spirale infernale.
Si aujourd'hui nous pouvons avoir cette grille d'analyse, c'est
grâce à l'expérience accumulée par
le mouvement ouvrier et communiste en Europe occidentale. La
réflexion sur la révolution dans les pays capitalistes
ne s'est jamais arrêtée depuis la révolution
russe.
Initialement, les communistes d'Europe occidentale pensaient
qu'il fallait utiliser le modèle soviétique. Cette
position a amené de nombreuses dérives gauchistes.
Le Parti Communiste d'Autriche appelait ainsi chaque semaine
à la Révolution socialiste, sans se soucier d'organiser
les masses populaires. Il y a également et bien sûr
eu la tentative des Spartakistes de Rosa Luxembourg de renverser
la bourgeoisie, tentative écrasée dans le sang.
Par la suite s'est développée au sein de l'Internationale
Communiste la thèse du front populaire. L'utilisation
du front pour organiser les larges masses visait à rassembler
contre le fascisme, mais également pour la révolution.
Tel ne fut pas le cas en Europe. Les communistes de France se
soumirent, comme ceux/celles d'Espagne ou même d'Italie,
à la social-démocratie. En 1936, le fascisme fut
vaincu en France, mais le Parti Communiste devint " Français
" et réhabilita le patriotisme, la Marseillaise,
la révolution bourgeoise de 1789.
Cette attitude ne se modifia pas pendant la Résistance
armée des années de guerre impérialiste
(1939-1945).
Et les révisionnistes dominèrent même idéologiquement
les révolutionnaires par l'intermédiaire de ce
concept de " front", qui devint la quête des
" 51% " aux élections. Des années 1950
à aujourd'hui, tout l'histoire du " Parti Communiste
Français " est ainsi la recherche d'un " front
" des forces " progressistes ", " démocratiques
", etc.
Le Front Populaire devait permettre l'organisation à la
base, il devint un prétexte pour une recherche d'alliances
électorales. Le trotskysme, liquidé, put renaître
grâce à l'opportunisme de cette thèse, s'affirmant
comme les seuls vrais " révolutionnaires ".
Or, à l'opposé des trotskystes, nous communistes
ne pensons pas que la thèse du Front Populaire soit fausse
; c'est son application en Europe qui a été erroné.
En Chine, les communistes ont très bien appliqué
ce concept du front. Ils/Elles ne se sont pas soumisEs à
la petite-bourgeoisie ni à la bourgeoisie nationale. Les
communistes ont conservé leur indépendance, et
ont dirigé le mouvement.
Ainsi, en Europe occidentale, l'opportunisme en ce qui concerne
la question du Front a abouti à la cessation de l'analyse
révolutionnaire conséquente. Il a fallu attendre
les années 1970 pour que des tentatives de réponse
à cette question révolutionnaire soit posée.
Apprendre
des succès comme des échecs !
Le philosophe allemand Hegel a affirmé
que " Tout ce qui est réel est rationnel, tout ce
qui est rationnel est réel ". Les communistes ne
nient pas les phénomènes historiques , même
si cela ne leur " plaît " pas ; au contraire
ils/elles en étudient les aspects positifs comme négatifs.
Si nous relisons l'interview du camarade Gonzalo, nous pouvons
ainsi y lire le paragraphe suivant :
" Quant à l'Europe, nous voyons s'y développer
de longues luttes armées ; elles sont l'expression d'une
réalité objective. Par conséquent, il ne
s'agit pas de condamner, mais de comprendre, d'étudier
et d'analyser, et de voir comment elles expriment le fait qu'une
situation révolutionnaire existe aussi dans la vieille
Europe.
Plus encore, il y a des hommes [et des femmes] qui prennent les
armes en comprenant que c'est la seule façon de conquérir
le pouvoir ; c'est un coup dur pour le révisionnisme,
parce qu'en Europe même, considérée comme
un de ses bastions, le révisionnisme commence à
être abandonné. Quels que soient le niveau atteint
et les problèmes en suspens, c'est incontestablement une
avancée importante.
Dans certains cas, il s'agit de questions nationales, comme en
Irlande. Dans d'autres, ils se posent le problème de comment
faire la révolution. Nous pensons que ces luttes doivent
être sérieusement étudiées : la question
est de voir quelle est leur idéologie, quelle politique
les guide, quelles classes elles servent, comment elles font
face au problème des superpuissances.
Nous pensons qu'elles méritent beaucoup d'attention de
notre part, surtout quand il y a des organisations qui se posent
la question du retour à Mao Zedong, ou qui commencent
à se poser la question de la nécessité du
Parti, ou de l'insuffisance de la seule lutte armée.
Alors, nous devons voir ceci comme un nouvel éveil, et
comprendre que de nombreuses erreurs peuvent être commises
; finalement, qui n'en commet pas ?
Mais ce sont elles-mêmes qui tireront les leçons
de leurs erreurs, comme elles sont déjà en train
de le faire, et elles avanceront, s'empareront du marxisme-léninisme-maoïsme,
construiront leurs Partis et feront leurs guerres populaires,
selon le caractère socialiste de leur révolution
et selon leurs conditions concrètes.
En synthèse, c'est un exemple, je le répète,
qu'en Europe aussi il y a une situation révolutionnaire
de développement inégal, qu'il y a des hommes dégoûtés
du révisionnisme pourri qui, dans des conditions si difficiles,
au sein des entrailles impérialistes où la lutte
est complexe et dure, prennent les fusils pour changer le monde,
comme c'est d'ailleurs la seule façon de le faire.
Ceci donne plus d'espoir et permet de voir que la tendance principale
c'est la révolution, et que l'Europe, elle aussi, s'oriente
vers la révolution.
Voyons même qu'après avoir été pionniers,
ils sont en train d'ouvrir des brèches et en fin de compte
d'offrir plus d'espoir ; ils méritent plus de compréhension
de notre part, d'autant qu'on voit que quelques uns se préoccupent
déjà du Parti et du retour à Mao Zedong,
c'est-à-dire du retour au marxisme, pou s'en saisir dans
son ensemble : le marxisme-léninisme-maoïsme.
En Europe aussi se mènent ces luttes, avec également
des limites et des erreurs, comme dans toute lutte, mais nous
devons les voir comme une expression de la marche irrépressible
de la révolution, et de comment à chaque fois plus
de pays et de peuples s'expriment en prenant les fusils pour
renverser l'ordre existant.
Ils acquièrent de l'expérience et font route vers
le Parti et l'idéologie du prolétariat, le marxisme-léninisme-maoïsme,
principalement le maoïsme.
Pour moi c'est un motif de joie que de voir qu'en Europe la révolution
commence à se frayer un chemin, et quels que soient les
accrochages, les faux pas qui puissent avoir lieu, il faut avoir
confiance dans les masses et les peuples, confiance dans le fait
que, de la même façon qu'ailleurs, la révolution
a lieu les armes à la main, en suivant le marxisme, en
Europe elle se fera aussi, nous devons y penser.
J'insiste sur le fait que nous devrions voir une dimension historique,
voir à plus longue échéance, étudier
sérieusement ces mouvements et encourager tout ce qui
conduit au marxisme-léninisme-maoïsme, à forger
un Parti et à développer la guerre populaire ".
Pour résumer, nous pouvons dire que la situation des années
1970-1980, résumée par le camarade Gonzalo, est
l'exacte inverse de celle des années 1920-1950.
Il y a des armées ou des armées en construction,
mais ni le Parti, ni le Front. Puisque de plus pour, nous maoïstes,
le Parti dirige l'armée, on peut s'attendre à des
déviations militaristes, ainsi qu'au fait que le Front
" oublié " permet une très forte mainmise
des révisionnistes et des sociaux-démocrates sur
les organisations des masses.
De fait, telle a été la situation.
Les années
1970,
expériences complémentaires
de celles des années 1920-1940
Lorsque dans les années 1950-1960
les révisionnistes prennent définitivement le pouvoir
dans les Partis Communistes des pays capitalistes européens,
la situation est très difficile pour les véritables
communistes.
Les sources du révisionnisme sont profondes. Les chefs
du révisionnisme français et italien, Thorez et
Togliatti, sont depuis longtemps aux commandes des Parti de France
et d'Italie ; de plus leurs positions ouvertement révisionnistes
sont progressives. Thorez prétendra ainsi encore défendre
Staline.
Deux positions vont ainsi se développer chez les communistes.
La première considère que la source principale
du révisionnisme est extérieure aux Partis Communistes
des pays européens. Il s'agit par conséquent de
refonder le plus vite possible un Parti Communiste défendant
une ligne correcte.
La seconde affirme au contraire que les sources du révisionnisme
sont principalement internes aux Partis Communistes. Il faut
donc se fondre dans les masses, et à partir de là
reconstruire le Parti Communiste.
La première position a produit une énorme vague
de ce qu'on appelé les " groupes ML ". Ces groupes,
que l'on peut compter par centaines, se prétendaient chacun
le véritable parti communiste.
Aucun n'a connu de développement réel et durable,
et tous ont disparu à la fin des années 1970.
La seconde position a produit peu de groupes, mais ceux-ci ont
une influence très profonde dans leurs pays respectifs,
ainsi qu'un fort ancrage dans les masses. Leur principale caractéristique
est la mise en avant de la violence révolutionnaire, la
défense de la guerre de guérilla pour prendre le
pouvoir.
Il serait évidemment erroné de penser que les communistes
refusant le schématisme formel de la construction fictive
d'un " Parti Communiste " de papier, aient tous/toutes
possédé la même position dans tous les domaines.
Mais il existe de nombreux dénominateurs commun :
§ L'affirmation de la nécessité de partir
des positions de Mao Zedong ;
§ La centralité de la classe ouvrière dans
le processus révolutionnaire ;
§ L'internationalisme prolétarien comme identité
;
§ La nécessité de refuser la domination du
révisionnisme sur les organisations de masse et d'organiser
l'autonomie de celles-ci vis-à-vis de l'Etat impérialiste
;
§ Le primat de la pratique.
La Fraction Armée Rouge affirme ainsi dans son Manifeste
que: " Il n'y aura pas de rôle dirigeant des marxistes-léninistes
dans les futurs luttes de classes si l'avant-garde ne tient pas
elle-même la bannière rouge de l'internationalisme
prolétarien et si l'avant-garde ne répond pas elle-même
à la question de savoir comment sera érigé
la dictature du prolétariat, comment le pouvoir politique
du prolétariat doit être exigé, comment le
pouvoir de la bourgeoisie doit être brisé, si elle
n'est pas prête avec une pratique à y répondre.
L'analyse de classe dont nous avons besoin n'est pas à
faire sans pratique révolutionnaire, sans initiative révolutionnaire"
.
Ce texte se termine d'ailleurs par le slogan " Victoire
dans la Guerre Populaire ! ".
Cette position est commune aux partisanEs de la position authentiquement
révolutionnaire. Les développements seront très
différents selon les pays.
En France, la Gauche Prolétarienne (1969-1972), dont les
militantEs se définissent comme " maoïstes ",
réussissent à avoir un écho retentissant
dans les masses populaires. La " GP " mènera
des luttes très dures dans beaucoup de domaines de lutte,
organisant les masses sur le terrain de la violence révolutionnaire
et principalement la classe ouvrière.
Les principales usines redeviennent les symboles de la révolution,
et l'ensemble des intellectuels soutient le mouvement maoïste,
notamment Jean-Paul Sartre.
Mais la GP n'a pas crée le Parti, et ses tentatives de
construction d'un front ont échoué.
Par conséquent, les activités du bras armé
de la GP, la Nouvelle Résistance Prolétarienne
(NRP), prend le dessus. La direction prend peur et fait se dissoudre
le mouvement, qui n'arrive pas à se relancer.
En Allemagne, les communistes n'arrivent pas réellement
à s'implanter dans les masses populaires, à l'opposé
d'en France. De plus, le poids du révisionnisme est très
grand, et c'est la position de Che Guevara qui prédomine
: l'URSS est comprise comme un soutien " passif " au
processus révolutionnaire, principalement en raison de
l'existence de la R.D.A..
Le mouvement se transforme donc très vite en mouvement
" anti ", principalement contre l'impérialisme
US et la guerre impérialiste. Au début des années
1980 ce mouvement est de masse et a une grande résonance.
Il n'est pas un jour sans une action armée contre des
établissements militaires ou des bâtiments étatiques.
De grands mouvements de masse se développent, comme à
Berlin où des centaines de maisons sont occupées
par les révolutionnaires.
La référence principale est la Fraction Armée
Rouge (1970-1998), qui a notamment fait sauter l'ordinateur central
coordonnant les bombardements au Nord-Vietnam.
Mais l'ensemble de ses dirigeants se font " suicider "
en prison. Les générations suivantes frapperont
les cadres des organes étatiques, comme en 1991 le responsable
de l'intégration économique de l'Allemagne de l'Est
dans la RFA.
Au départ la RAF se revendiquait de Mao Zedong, mais très
vite ce fut la position guévariste militariste qui domina,
position se retrouvant même dans son autocritique finale,
pourtant consciente de ses limites : " Dans aucune phase
de notre histoire, il n'y a eu de réalisation d'organisation
politique partant de la lutte politico-militaire. Le concept
de RAF ne connaissait en dernier lieu que la lutte armée,
avec l'attaque politico-militaire dans le centre.
Dans les communiqués fondamentaux de la RAF jusqu'au milieu
des année 1970, cette question importante n'était
pas encore résolue, ce qui pouvait difficilement être
autrement. Il n'y avait dans la métropole quasiment pas
et en R.F.A. pas du tout d'expérience de guérilla
urbaine.
Il était nécessaire de d'abord trouver beaucoup
de choses et de les laisser se vérifier en pratique comme
vraies ou fausses.
Malgré cela il y avait une direction pour la question
décisive de savoir si le projet de libération pouvait
être satisfait par une organisation illégale pour
la lutte armée, ou si la construction de la guérilla
allait main dans la main avec la construction de structures politiques
qui grandiraient dans le processus à la base.
Nos camarades prisonnierEs écrivaient à ce sujet
en janvier 1976 que la lutte armée à partir de
l'illégalité était la seule possibilité
d'activité pratique critique dans l'impérialisme
".
La dernière organisation principale partant de cette position
a elle eu un écho fondamental dans son pays, l'Italie.
Il s'agit des Brigades Rouges.
Les Brigades Rouges (BR) ont été un mouvement ouvrier.
Les bases étaient les usines, les militantEs étaient
ouvierEs, les sympathisants faisaient partie de la classe ouvrière.
Ce mouvement est d'ailleurs né dans les usines ; il s'est
développé en même temps que les énormes
luttes des masses italiennes.
Idéologiquement, les BR sont marxistes-léninistes.
Elles se revendiquent des classiques (Marx, Engels, Lénine,
Staline, Mao Zedong) et rejettent très clairement le social-impérialisme
russe.
Dans ce cas également, ce mouvement n'a créé
ni Parti ni Front, il rejette cette division attribuée
à la Troisième Internationale et l'objectif était
ainsi la formation d'un " Parti Communiste Combattant ".
Cette position a eu une conséquence catastrophique puisque
les BR possédaient une forte reconnaissance par les masses
en Italie. En considérant que les communistes ne devaient
travailler qu'à partir de l'illégalité,
les BR se sont privées de tout champ d'action à
ce niveau.
La conséquence en a été la continuation
de la main mise organisationnelle du " Parti Communiste
Italien " sur les masses populaires, et le développement
très fort de courants petits-bourgeois dans la sphère
révolutionnaire légale.
Les BR ont " découvert " que seule la guérilla
pouvait désarticuler l'Etat impérialiste et briser
les liens corporatiste entre les classes dirigeantes et les organisations
de masse. Elles mirent ainsi en avant le concept d'attaque au
cur de l'Etat : les communistes doivent frapper de telle
manière à faire avancer l'autonomie ouvrière
vis-à-vis de l'Etat impérialiste et de ses appareils
de domination.
Cette conception de l'attaque au cur de l'Etat distingue
les BR des très nombreuses autres organisations armées
italiennes des années 1970 (en 1979 il y a par exemple
2366 actions armées révolutionnaires).
Les BR subiront leur principale défaite en 1982 ; depuis
un groupe nommé Brigades Rouges pour la construction du
Parti Communiste Combattant mène quelques actions, mais
sans remettre en question le schéma original tout en adoptant
des positions de plus en plus similaires à celles de la
RAF .
[Note: Il a bien sûr existé
et il existe d'autres organisations armées en Europe.
Mais aucune de ces autres organisations n'a été
aussi proche du maoïsme.
Par contre, force est de noter qu'elles ont à chaque fois
représenté les éléments les plus
avancés de l'époque.
Si l'on prend ainsi l'Espagne, on peut voir que le Parti Communiste
d'Espagne (reconstitué), qui soutient la guérilla
des GRAPO depuis une vingtaine d'années, a une ligne révisionniste
armée.
Mais le PCE[r] a été le seul parti à comprendre
que la "transition démocratique " ayant lieu
en Espagne ne servait qu'à masquer le fascisme, et c'est
pour cela que les GRAPO ont réussi à s'implanter
dans l'histoire des classes ouvrières d'Espagne.
Le groupe français Action Directe a été
un rassemblement idéologiquement éclectique, allant
d'anarchistes à des communistes plus ou moins léninistes.
Mais il a consisté en la frange la plus radicale d'un
mouvement plus large de solidarité internationaliste et
de révolution sociale refusant le trotskysme et la social-démocratie.
Les Cellules Communistes Combattantes belges ont été
un groupe encore plus petit se revendiquant ouvertement de groupes
militaristes gauchistes de Turquie. Leur "marxisme-léninisme
" a des lacunes très profondes (par exemple sur la
question de Staline, où leur positon est quasiment troskyste).
Mais dans ce pays c'est le " Parti des Travailleurs de Belgique
", néo-révisionniste, qui prédomine
totalement parmi les courants révolutionnaires. Les CCC,
malgré tout leur gauchisme, ont été une
expression avancée du refus de l'opportunisme.
Il est donc clair que c'est l'approche du camarade Gonzalo qui
aurait dû êre privilégiée dans les
années 1970-1990.]
La révolution
dans les pays impérialistes
L'organisation des masses populaires
dans les pays impérialistes passe de fait par deux aspects
majeurs : l'entreprise et le lieu d'habitation.
C'est à ces deux niveaux que le Parti doit agir et développer
l'organisation.
Au niveau de l'habitation, on s'aperçoit que dans les
"cités" la violence est grande, que tout ce
qui se rapporte aux institutions est attaqué par la jeunesse
masculine.
La tâche des communistes est de créer les organisations
de masses capable de combattre les structures capitalistes, racistes,
sexistes.
La violence révolutionnaire a ici un aspect essentiel
pour la conquête des droits face aux forces de répression,
et passe par une compréhension féministe du monde.
Il s'agit de liquider l'appareil de coercition sur les lieux
d'habitation populaires, de détruire les institutions
culturelles perpétuant l'idéologie contre-révolutionnaire,
de développer les droits des masses.
Dans les entreprises, il est erroné de concevoir les syndicats
comme force principale. L'écrasante majorité des
masses populaires n'est pas active au sein des syndicats, voire
même syndiquée (pour un pays comme la France par
exemple).
La révolte contre le capitalisme s'exprime de manière
autre que syndicale : absentéisme, sabotage, refus des
hiérarchies, "cassage" des cadences de travail
Cette violence révolutionnaire est une expression de la
recherche de libération des oppriméEs. Elle doit
être développée et généralisée.
Le point culminant de la guerre populaire dans les pays impérialistes
est la prise du pouvoir dans tout le pays. Cela signifie en clair
la destruction définitive du cur de l'appareil d'Etat
impérialiste et des forces de répression.
En pratique, cela consiste en la prise par la violence des différents
bâtiments administratifs de l'Etat et le renversement de
leur administration, au profit du pouvoir populaire.
Ce pouvoir populaire ne naît pas le jour de l'insurrection.
Il s'est développé au fur et à mesure, dans
l'agitation, la propagande, la lutte de classes passant par la
violence révolutionnaire. La guerre populaire est le développement
du pouvoir populaire, qui se fonde sur le Parti, l'Armée
et le Front (compris comme alliance des masses populaires sous
la direction de la classe ouvrière).
Sans armée le peuple n'a rien, et le pouvoir populaire
ne peut pas se développer, se défendre. C'est parce
que l'armée n'avait pas été organisée
que le Parti Communiste d'Allemagne a vu les très importantes
structures de pouvoir populaire qu'il avait construit anéanties
par les nazis.
C'est en disposant ce que Mao Zedong avait appelé "
les trois épées magiques " que les communistes
des métropoles impérialistes pourront organiser
les masses populaires pour vaincre l'Etat bourgeois et construire
le socialisme, pour le communisme.

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