Le dernier éditorial
du dernier numéro et le texte sur la contre-révolution
préventive
Article
paru dans Front Social n°20
EDITORIAL
" En ce qui nous concerne, qu'il s'agisse d'un individu,
d'un parti, d'une armée ou d'une école, j'estime
que l'absence d'attaques de l'ennemi contre nous est une mauvaise
chose, car elle signifie nécessairement que nous faisons
cause commune avec l'ennemi.
Si nous sommes attaqués par l'ennemi, c'est une bonne
chose, car cela prouve que nous avons tracé une ligne
de démarcation bien nette entre l'ennemi et nous.
Et si celui-ci nous attaque avec violence, nous peignant sous
les couleurs les plus sombres et dénigrant tout ce que
nous faisons, c'est encore mieux, car cela prouve non seulement
que nous avons établi une ligne de démarcation
nette entre l'ennemi et nous, mais encore que nous avons remporté
des succès remarquables dans notre travail " (Mao
Zedong).
La bourgeoisie est en pleine offensive.
Il n'est pas un jour sans qu'on
parle de sécurité, de nécessité de
renforcer la police. Quant à l'armée, elle s'entraîne
déjà pour les mauvais jours de la bourgeoisie :
les dernières manuvres de l'OTAN étaient
consacrées à la guérilla urbaine en milieu
hostile.
Il y a donc une énorme offensive dans l'opinion publique.
Le délire sécuritaire est de rigueur, et pour cela
le moindre prétexte est bon.
L'Etat impérialiste français
joue évidemment à fond sur les attentats de New
York / Washington, mais cela fait maintenant plusieurs semaines
que, dans le cadre des élections présidentielles
(monarchiques devrait-on dire), l'appel à une politique
répressive n'en finit pas. La bourgeoisie réutilise
même les vieux clichés du 19ème siècle
sur les " classes dangereuses "
Vigipirate existe donc perpétuellement, de manière
toujours plus dure, comme le rappelle le ministre de l'intérieur
Vaillant: " Le Premier ministre vient d'ores et déjà
de décider le déclenchement du plan Vigipirate
renforcé, ce qui signifie la mobilisation de toutes les
forces de sécurité et des forces armées
pour assurer la protection et la sécurité des Français
".
Quant à Xavier Raufer, le professeur de la faculté
d'Assas, grand " spécialiste " de la criminalité
et des " organisations communistes combattantes ",
il nous l'a rappelé à la télévision:
" il faut désamorcer et agir sur le préventif
".
Agir sur le préventif
Le rapport des Renseignements
Généraux rendu " public " par "
hasard " fait partie de cette opération psychologique
contre les révolutionnaires, contre les masses populaires
qui se bougent pour faire vaciller le capitalisme.
Et pour nous, les choses sont claires : " Ainsi, considérés
dans leur essence, du point de vue de l'avenir et sous l'angle
stratégique, l'impérialisme et tous les réactionnaires
doivent être tenus pour ce qu'ils sont : des tigres en
papier.
C'est là-dessus que se fonde
notre pensée stratégique.
D'autre part, ils sont aussi des tigres vivants, des tigres de
fer, de vrais tigres ; ils mangent les hommes. C'est là-dessus
que se fonde notre pensée tactique " (Mao Zedong).
Camarades ! Il faut être prudent, très prudent.
La bourgeoisie est en pleine offensive,
et les révolutionnaires doivent prendre leur responsabilité.
Nous prenons la nôtre en annonçant ici la dissolution
des Noyaux Autonomes pour le Communisme et de la revue Front
Social.
Les pages de ce numéro sont
une explication claire de cette démarche. Il n'y a objectivement,
et selon la grille maoïste de lecture de la société,
plus de place pour une revue comme Front Social. La bourgeoisie
modifie les règles de la légalité comme
elle l'entend, et là il est très clair qu'elle
ne veut laisser aucun espace aux révolutionnaires.
Front Social est une revue légale, ses militantEs ont
avancé courageusement, à visage découverts.
La formidable criminalisation de
Front Social par le rapport des Renseignements Généraux
(voir dans les pages de la revue) ne permet plus l'existence
de la revue et du groupe la produisant. Avec ce qu'elle a mis
en avant, il est devenu très facile pour l'Etat de nous
accuser de n'importe quoi, quitte à faire lui-même
un attentat qu'il nous imputerait.
Camarades !
Cet Etat n'est pas démocratique
! C'est un Etat bourgeois, à la solde de la bourgeoisie
! Ne faisons pas comme les trotskystes, pour qui la répression
n'est que patronale (comme l'a maintes fois souligné Arlette
Laguiller). La répression est culturelle, politique, policière,
militaire, économique
sociale.
Aux communistes d'être intelligentEs
et d'avoir une longueur d'avance sur les spécialistes,
les techniciens, les assassins de la bourgeoisie, qui oeuvrent
à la contre-révolution préventive.
Camarades ! La révolution est un processus prolongé
; refusez les petits-bourgeois qui fantasment sur le " grand
soir " !
Plongez au cur des masses populaires, soyez comme des poissons
dans l'eau, pour faire progresser les masses et les amener à
leur idéologie libératrice, le marxisme-léninisme-maoïsme
!
Camarades ! Notre choix n'est pas celui de l'acceptation de la
défaite, mais au contraire le refus d'accepter ce que
cherche à imposer le système : le réformisme
et le militarisme !
L'avenir appartient au maoïsme, et aux maoïstes !
Il y en a qui évidemment parleront de reddition, d'abandon
de la lutte.
C'est une position gravement erronée,
fondamentalement petite-bourgeoise. Car il n'y a pas de trêve
dans la guerre révolutionnaire.
Mais ces gens ne partent pas des
principes de la guerre populaire, ce sont seulement des rêveurs
de salons, des états-majors fantoches d'une révolution
qui ne viendra jamais. Ils ne connaissent pas la réalité,
ils vivent dans leur monde à eux.
Il faut rejeter violemment ces gens, car ils ne peuvent parler
que par le fait qu'ils se cantonnent dans les niches que la bourgeoisie
leur a donné.
Ces gens-là n'existent pas
vraiment, ce sont des scories du passé, des parasites
de Front Social, des intellectuels idéalistes et inconséquents.
Car l'histoire de Front Social est l'histoire de l'avant-garde
révolutionnaire en France ; aucune organisation n'a assumé,
progressé comme nous avons pu le faire. Aucun groupe révolutionnaire
n'a assumé les tâches comme nous avons pu le faire.
Camarades ! Il faut patiemment expliquer ce qu'est la contre-révolution
préventive, ce qu'est la ligne de masse (maoïste),
la nécessité qu'il y a à organiser les masses.
Il faut apprendre de ce précepte fondamental de la lutte
révolutionnaire : " Quand l'ennemi attaque je recule,
quand il s'arrête je le harcèle et quand il recule
je l'attaque " (Mao Zedong).
Camarades !
Il est désormais de la responsabilité
de chacun de faire avancer le mouvement révolutionnaire,
de faire avancer le maoïsme, de faire avancer la révolution,
à partir de ce que Front Social a permis de comprendre
et de faire. Le programme des Noyaux Autonomes pour le Communisme
est une énorme avancée en ce sens, et sa valeur
tient justement à sa validité quelles que soient
les actions de la bourgeoisie et de son Etat.
Pour le communisme !
LE PRINCIPE DE LA
CONTRE-REVOLUTION PREVENTIVE
Qui dit révolution dit contre-révolution,
nécessairement. La bourgeoisie, classe dominante, apprend
de ses luttes contre la lutte révolutionnaire du prolétariat,
elle se forge une culture réactionnaire visant à
détourner les masses de l'objectif révolutionnaire,
à les enfermer dans une culture réactionnaire.
Pour ce faire, la bourgeoisie utilise les moyens "légaux",
c'est-à-dire officiels (services secrets, police, armée),
ou para-légaux et illégaux (barbouzes, provocateurs,
etc.). La bourgeoisie française possède une longue
tradition d'utilisation de ces méthodes fascistes, à
tel point qu'un terme est désormais largement utilisé:
celui de barbouzes.
Dans le film justement intitulé les Barbouzes, Michel
Audiard plaçait cette célèbre réplique
dans la bouche de Lino Ventura: "Un barbu, c'est un barbu.
Deux barbus, c'est deux barbus. Trois barbus, c'est les barbouzes".
Les barbouzes, ces nervis recrutés pour les coups tordus,
ces anciens militaires... dont les plus connus restent ceux du
Service d'Action Civique (SAC), dans les années gaullistes.
En Italie, les services secrets ont très souvent utilisé
les barbouzes pour mener de nombreux attentats massacres. Dans
ce cas là, les barbouzes ont carrément été
des structures fascistes organisés.
En France, la tentative d'incendie
de la fameuse paillote corse est un coup barbouzard, mais un
coup barbouzard propre, puisque mené par des gens faisant
directement partie de la structure étatique, mais agissant
de manière "non officielle".
En France, il y a des attentats bidons, destinés à
criminaliser le mouvement révolutionnaire. Il y a également
eu des attentats stupides, stupides car leur objectif et leur
moment ont amené un prétexte à l'Etat pour
criminaliser.
Au plus fort du mouvement alternatif
des années 1980, un attentat contre un huissier revendiqué
par "Black War" a amené de très nombreuses
perquisitions, touchant même les Béruriers Noirs,
le fameux groupe punk!
Evidemment, l'Etat frappe qu'un attentat soit stupide ou pas.
Et d'ailleurs, s'il n'a pas d'attentats stupides à se
mettre sous la dent, alors il fait en sorte qu'il y en ait un.
Provocations
en série
Prenons cet exemple très
récent et complètement hallucinant:
AFP - mardi 4 septembre 2001
Actes de violence urbaine et incendies volontaires à Rochefort
ROCHEFORT (AP) -- La petite ville
de Rochefort (Charente-Maritime) a connu une série d'actes
de violence urbaine et d'incendies volontaires, dans la nuit
de dimanche à lundi, a-t-on appris mardi matin auprès
du commissaire de police Christophe Merlin.
Trois cocktails molotov ont tout d'abord été lancés
sur une voiture de police, vers minuit, dans le quartier du ''Petit-Marseille''.
Puis, à l'opposé de la ville, dans la commune voisine
de Tonnay-Charente, une 2CV volée à La Rochelle
quelques heures plus tôt était incendiée.
Suivaient six départs d'incendie, devant un HLM du quartier
du Moulin Rose, puis devant une boulangerie, un magasin ''Bricomarché''
et un ''Conforama'' à Tonnay-Charente, un supermarché
''Champion'' à l'entrée de Rochefort, et enfin
un supermarché ''Lidl'' dont les 1.000 mètres-carrés
ont été détruits.
La police a mis en place une cellule départementale, pour
étudier d'éventuels points communs avec quelques
événements de ce type qui se seraient produits
à La Rochelle il y a une quinzaine de jours.
''Nous étudions toutes les
hypothèses et nous ne lions pas forcément pour
l'instant l'affaire des cocktails molotov et celle des incendies
volontaires. Nous n'avons pas encore d'explication, car il n'y
a eu aucun fait précurseur à Rochefort,'' affirme
le commissaire Merlin.
C'est un excellent exemple de provocation,
comme il y en a d'ailleurs beaucoup (des piscines qui brûlent,
etc.) ces derniers temps.
La population de Rochefort, après
un coup pareil, a dû basculer dans la psychose sécuritaire.
Le plus hallucinant est le communiqué de presse suivant,
expliquant que "l'auteur" aurait été
arrêté:
Un pyromane récidiviste serait
à l'origine des incendies de Rochefort
ROCHEFORT (AP) -- Un homme de 35 ans serait à l'origine
des différents incendies et tentatives d'incendies qui
ont totalement détruit un supermarché et endommagé
plusieurs magasins à Rochefort et Tonay-Charente (Charente-Maritime)
dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé mardi
le commissaire de police Christophe Merlin.
M. Merlin a précisé que cet individu, domicilié
à La Rochelle et sans emploi, a été interpellé
lundi soir alors qu'il venait de mettre le feu à une cabine
téléphonique devant l'hôpital de Rochefort.
Après l'avoir placé en garde à vue, les
enquêteurs ont pu établir qu'il avait déjà
provoqué un incendie volontaire à la gare de Niort
(Deux-Sèvres) et qu'il est probablement responsable d'autres
sinistres à La Rochelle.
Dimanche soir, il avait volé une 2CV à La Rochelle
avant d'y mettre le feu à Tonay-Charente, commune voisine
de Rochefort. Ensuite, sans que ses mobiles ne soient établis
pour l'instant, il a provoqué plusieurs départs
d'incendie jusqu'à la destruction totale tôt lundi
d'un supermarché Lidl à Rochefort. Il doit être
présenté au parquet de la Rochelle à l'issue
de sa garde à vue.
En revanche, il n'est pas responsable des jets de cocktails Molotov
sur une voiture de police qui était intervenue dimanche
vers minuit dans le quartier du Petit-Marseille à Rochefort.
Ceci serait le fait ''d'un petit groupe de mineurs ou jeunes
majeurs'', selon le commissaire Merlin.
Ce qui fait que, selon l'Agence
France Presse et la police, le déséquilibré
en question aurait possédé plusieurs centaines
de litres d'essence dans la 2cv (!!!), ainsi que de quoi casser
les murs des 5 magasins (!!!) pour y mettre le feu avec une chance
inouï pour qu'aucune alarme ne sonne, sans compter l'incendie
de l'HLM... Ce n'est plus un déséquilibré,
c'est Superman. Cette explication de la police est totalement
ridicule, mais permet de "rassurer" l'opinion publique
(la police veille, mais il en faut plus!) tout en maintenant
le climat de psychose: les fous sont partout, les islamistes
aussi, etc. etc.
Le fameux "
rapport " des R.G.
A ce titre d'ailleurs, le passage
sur Front Social du rapport des Renseignements Généraux
relève de la criminalisation pure et simple:
DES ELECTRONS LIBRES
o Nostalgiques de l'ex-Action Directe
- Les Noyaux Autonomes pour le Communisme
Apparu en début d'année 1995 sous la dénomination
initiale de Noyaux Anti-Capitalistes, le mouvement Noyaux Autonomes
pour le Communisme s'est organisé autour de la publication
"Front Social".
Revue trimestrielle lancée à l'automne 1995, et
ferraillant sur le créneau de la "Triple oppression"
-racisme, sexisme et capitalisme comme fondements et piliers
des sociétés contemporaines-, elle prône
la réappropriation sociale, un front anti-impérialiste
et antifasciste, les luttes sociales d'offensive anticapitaliste,
la création de "cercles actions" ; "l'autonomie
de classe" ....
Aspirant, entre autres, au communisme, à la révolution,
au "Marxisme-Léninisme - Maoïsme", les
N.A.C., bien que donnant dans l'intellectualisme, revendiquent
en privé l'héritage de l'ex-Action Directe. La
structure reprend d'ailleurs l'emblème de l'étoile
à cinq branches en ajoutant, en son centre, un poing fermé.
Bien qu'elle prétende travailler
"à la construction d'un rassemblement des révolutionnaires,
sur une base d'avant-garde et selon les principes marxistes-léninistes-maoïstes",
l'organisation compte au mieux une vingtaine de membres.
Vulgarisant nombre de textes célébrant "les
antifascistes kurdes en France", les Cellules Communistes
Combattantes (C.C.C.) de Belgique, l'I.N.L.A. en Irlande, les
G.R.A.P.O. d'Espagne, la R.A.F., les Brigades Rouges, l'ex-Action
Directe..., les N.A.C. sont en relation avec des éléments
peu ou prou impliqués au sein des orgnisations terroristes
concernées.
C'est ainsi que le leader des N.A.C.,
Mr X a effectué, en Italie, divers séjours le mettant
en rapport avec "l'Autonomie Ouvrière" et a,
en janvier 1998, contribué à animer en Allemagne
des rencontres avec des proches de la R.A.F. et des Brigades
Rouges tandis qu'il correspond par ailleurs avec les leaders
emprisonnés de l'ex-Action Directe.
De son côté, Mr Y,
révolutionnaire de longue date, dispose de relations anciennes
avec les sympathisants de la R.A.F. et des proches de l'ex-Action
Directe tandis que Mr Z, désormais en retrait, aurait
des accointances en direction de l'I.N.L.A..
D'une manière générale, la structure semble
entretenir des contacts plus particuliers avec d'anciens brigadistes
ayant appartenu à la "Cellule pour la Constitution
du Parti Communiste Combattant" (C.C.-P.C.C.).
A noter toutefois que, bien que
les N.A.C. ne soient pas peu fiers de rappeler que la Fédération
Anarchiste a interdit leur revue dans sa librairie, dès
son numéro 1, en les suspectant de vouloir "reformer
un bras armé de type R.A.F./A.D.", rien n'est venu
pour l'heure étayer de tels soupçons. La menace
reste virtuelle.
Front Social, une structure petite,
mérite donc une page sur les 35 du rapport des Renseignements
Généraux. Un rapport soi-disant confidentiel, mais
qui est comme par hasard tombé chez les journalistes...
Histoire de mieux les préparer
à une criminalisation?
Nous disons: oui. Ce document des RG n'est pas un simple document
des RG, mais une manuvre de guerre psychologique. Une preuve
en est ce qui est dans le document:
"Nostalgiques de l'ex-Action
Directe"
Vu l'âge des gens participant à Front Social, lors
de l'arrestation des derniers militantEs d'Action Directe le
plus vieux avait quinze ans! Les autres donc onze ans, huit ans
etc. Pour que nous soyons des nostalgiques il faudrait que nous
ayons été sacrément précoces! Mais
cela permet de directement criminaliser...
"revendiquent en privé
l'héritage de l'ex-Action Directe"
Dès le numéro un il y avait un article de critique
historique d'Action Directe, nous avons toujours eu un point
de vue politique et public à ce sujet, mais en disant
que nous nous revendiquons "en privé" d'Action
Directe cela veut dire que Front Social est une façade
à des activités illégales... et donc répréhensibles...
"La structure reprend d'ailleurs
l'emblème de l'étoile à cinq branches en
ajoutant, en son centre, un poing fermé."
Le document dit d'ailleurs même que nous reprenons le même
logo... Nous serions donc de vrais nostalgiques jusqu'au-boutistes,
des criminels donc puisque Action Directe est une "association
de malfaiteurs".
"les N.A.C. sont en relation
avec des éléments peu ou prou impliqués
au sein des organisations terroristes concernées."
Eh oui le document n'hésite pas: Front Social est le cur
d'une vaste nébuleuse, celle de l'euroterrorisme, ce fameux
fantasme bourgeois des années 1970...
"Mr X a effectué,
en Italie, divers séjours le mettant en rapport avec "l'Autonomie
Ouvrière" et a, en janvier 1998, contribué
à animer en Allemagne des rencontres avec des proches
de la R.A.F. et des Brigades Rouges tandis qu'il correspond par
ailleurs avec les leaders emprisonnés de l'ex-Action Directe."
Pour criminaliser il faut des noms, en voici déjà
un, dont les séjours tout officiels en Allemagne et en
Italie sont ici criminalisés au possible, puisque le pauvre
malheureux est en gros défini comme l'intermédiaire
entre la RAF, les Brigades Rouges et Action Directe!!!!
Disons d'ailleurs au passage que nous n'avons malheureusement
jamais eu aucune correspondance (à part deux trois lettres
à une personne) avec les prisonnierEs d'Action Directe,
que Front Social n'a visiblement jamais intéressé
(sans parler des gens historiques de l'extérieur qui eux
ne nous ont jamais supporté!).
"rien n'est venu pour l'heure
étayer de tels soupçons. La menace reste virtuelle."
Des preuves, cela se fabrique, et vu le document tout passera
comme une lettre à la poste. Tout est prêt pour
qu'une provocation ait lieu, lorsque et si l'Etat en sent le
besoin....
Evidemment, à côté
des provocations, un autre grand principe de la contre-révolution
préventive est l'élimination sélective.
Le principe de
l'élimination sélective
Prenons un exemple dans la France
contemporaine. Prenons des gens qui sont opposés au processus
de Matignon, processus d'abandon de la lutte indépendantiste
corse au profit d'une "entente" avec l'Etat français.
Prenez son leader, Santoni, connu sur le continent pour avoir
critiquer les dérives mafieuses de certains éléments.
Il est exécuté de manière professionnelle,
à coups de mitraillettes, à la sortie d'un mariage
très surveillé par la police.
Prenez les militants d'Armate Corsa, opposé au processus.
Trois d'entre eux ont été assassiné de manière
professionnelle depuis l'exécution de Santoni.
Le dernier en date, Nicolas Montigny,
l'a été dans un cybercafé.... en face de
la préfecture, par deux personnes qui sont tranquillement
sortis d'une voiture garée dans la rue, cagoulés
et armes au poing, sont rentrés dans le cybercafé
pour tirer une vingtaine de balles.
Cela, c'est l'élimination sélective des opposants.
Ce n'est rien de nouveau, le militant d'Action Directe Laouri
"Farid" Benchellal a ainsi été assassiné
dans un commissariat d'Helsinki dans les années 1980.
Des éliminations formant un autre excellent exemple sont
celles menées des activités de l'Etat sioniste.
Ainsi, le 27 août 2001, l'Etat sioniste a fait assassiner
par son armée Abu Ali Mustapha (62 ans), secrétaire
général du Front populaire de libération
de la Palestine (FPLP).
Le FPLP est l'organisation historique de la gauche laïque
palestinienne; c'est contre cette gauche que l'Etat sioniste
avait soutenu les organisations islamistes dans les années
1980. De septembre 2000 à août 2001, le FPLP a revendiqué
150 actions armées, dirigées essentiellement contre
des colons ou des postes militaires, aussi bien dans les territoires
occupés qu'en Israël.
De fait, c'est la guerre populaire
qui se développe en Palestine, une guerre révolutionnaire
contre la cinquième armée du monde (250.000 hommes
et femmes), qui est une armée d'occupation au service
du sionisme et de l'impérialisme US.
Abu Ali Mustapha avait été élu à
6ème conférence nationale en juillet 2000; il est
la 56ème victime de la nouvelle politique de liquidation
de l'Etat sioniste, qui est parallèle à la répression
de masse de l'Intifada (600 morts).
La liquidation du nouveau leader du FPLP est une tentative de
liquider la nouvelle option tactique du FPLP: celle de la guerre
des partisans, de la guerre d'usure, visant les colons et le
soldats.
Est également proche de cette
tactique et de cette volonté d'en arriver à la
guerre populaire le du Front Démocratique de Libération
de la Palestine (FDLP), scission de 1969 du FPLP, qui a revendiqué
une semaine auparavant l'attaque d'un poste militaire israélien.
Il est parlé depuis des années
et des années de la réunification de ces deux organisations.
Le principe de l'élimination sélective est un principe
fondamental de la contre-révolution préventive.
Cette élimination est le plus souvent physique, mais elle
peut également s'intégrer dans le cadre de la guerre
psychologique.
Ainsi, lorsque le responsable du Parti Communiste du Pérou
a été arrêté, toute une opération
de manipulation a été mené pour dire que
celui-ci était désormais favorable à l'arrêt
de la guerre populaire. L'exécuter aurait formé
un "martyr", et les impérialistes ont préféré
décrédibiliser sa personne. C'est l'"opération
capitulation" menée par l'Etat péruvien, organisé
par les services secrets US.
Une première étape avait été de montrer
Gonzalo aux médias, enfermé dans une cage à
gorilles, dans une tenue de prisonnier noire et blanche, et d'expliquer
que Gonzalo était un dépravé, un alcoolique,
etc. Cette manuvre échoua lamentablement puisque
Gonzalo tint un discours dans sa cage, appelant à la continuation
de la lutte armée!
"Ce n'est qu'un détour", avait-il dit.
Depuis ce jour-là, personne n'a plus revu le président
Gonzalo depuis son arrestation, même pas un avocat ou un
membre de sa famille. Enfermé dans une cellule de quelques
mètre carrés, ce camarade a purement et simplement
"disparu". L'opération de manipulation repose
à partir de là sur la "création"
de "preuves" démontrant la capitulation.
Les étapes sont les suivantes:
1.Les médias continuent de parler du "sentier lumineux",
et non du "Parti Communiste du Pérou". Cela
dure jusqu'à aujourd'hui: en septembre 2001 l'Agence France
Presse dit encore que le "Sentier Lumineux" a comme
projet d'instaurer "un Cambodge marxiste-léniniste",
alors qu'évidemment le PCP est marxiste-léniniste-maoïste
et n'a aucun respect pour le nationaliste raciste qu'a été
Pol Pot.
2.Le "sentier lumineux" n'aurait plus de direction
unifiée depuis l'arrestation de Gonzalo, il y a des divisions,
des désertions. En août 2001 l'Etat péruvien
a ainsi expliqué qu'un hélicoptère de l'armée
a été descendu par le fait qu'il amenait des responsables
militaires "faire signer" la reddition aux derniers
guérilleros qui ont "trahi" les accords.
3.Chaque années, il est parlé du "dernier
carré" de sendéristes, dont l'élimination
ne devrait pas être un "problème".
4.Des prisonniers du PCP craquant et capitulant sont présentés
comme la "véritable direction" du PCP.
5.Le 1er octobre 1993 à l'ONU le président péruvien
Fujimori rend public une "lettre" du camarade Gonzalo
affirmant que la révolution mondiale est impossible avant
le prochain cycle révolutionnaire dans 70 ans, et qu'en
attendant il faut lutter pour un accord de paix. Cette lettre
serait véridique car signée des "empreintes"
de Gonzalo.
Cette campagne a permis de "casser" le soutien au PCP
dans de nombreux pays, notamment en France où le Comité
Sol-Pérou (solidarité Pérou) a soutenu cette
appel à "des négociation pour un accord de
paix juste et durable". En France, encore aujourd'hui et
malgré la lutte des maoïstes, les gens ne connaissent
pas le PCP maoïste mais fantasment sur un "sentier
lumineux" polpotiste (il faut d'ailleurs noter que les médias
ont accusé les maoïstes népalais des mêmes
exactions, comme quoi la méthode contre-révolutionnaire
a fait école).
Et évidemment, cette propagande a permis au Pérou
de lutter contre l'influence populaire du PCP.
De la guerre
psychologique à l'isolement carcéral
Le camarade Gonzalo a-t-il craqué?
Sans doute pas, puisque l'Etat fasciste péruvien n'a pas
osé le montrer. Mais il faut être clair: les Etats
impérialistes travaillent depuis les années 1950
sur les programmes d'isolement carcéral.
L'objectif: la torture psychologique,
faire craquer les prisonnierEs révolutionnaires.
Les projets d'isolement carcéral ont une très longue
continuité, et démarrent dans les années
1950, suite à la guerre de Corée.
De nombreux soldats yankees, fait
prisonniers par les ChinoisES, signèrent des documents
appelant à la paix. Pour les impérialistes US,
il ne pouvait s'agir que de la conséquence de méthodes
de "lavage de cerveaux" .
Ils virent qu'il s'agissait en fait
de l'impact de l'idéologie révolutionnaire, et
firent alors des études sur le principe d'une "bombe
atomique psychique".
Ils poussèrent leurs recherches
dans le domaine de l'isolement carcéral, avec comme but
avoué la soumission des prisonnierEs.
Il s'agit pour les impérialistes
d'obtenir la même soumission que dans les camps de concentration
nazi, mais sans procéder par la violence physique. Tout
repose sur la guerre psychologique.
Il y eut de nombreux colloques, des universités furent
financées pour des recherches dans ce domaine, il y eut
même une réunion de l'OTAN à ce sujet (Man
in Isolation ans/or Enclosed Space Conference, en 1969 à
Rome).
Les cellules de déprivation sensorielle furent mises en
place, ainsi en Allemagne où la prison de Stammhein fut
construite à l'occasion du procès et de l'enfermement
des militantEs de la RAF (fraction armée rouge), dont
les principaux responsables seront d'ailleurs "suicidéEs"
dans leurs cellules (notamment Ulrike Meinhof en 1976 et Andreas
Baader en 1977).
Les cellules de déprivation sensorielle sont entièrement
bétonnées (pas de chaises par exemple) pour casser
le toucher, la lumière est synthétique et s'allume
automatiquement la nuit par intermittence pour casser le sommeil,
les murs sont blancs pour casser la vue, il n'y a pas de sons,
la nourriture est passée par une trappe: il n'y a aucun
contact humain.
C'est la "torture blanche"
de la "camera silens" (chambre silencieuse).
De fait, le viol de l'environnement immédiat du prisonnier
se fait d'une manière subtile et perfectionnée,
à partir d'analyses, de recherches, d'expérimentations
scientifiques.
En 1967 le psychiatre américain
Engels constatait: "Chez les prisonniers qu'on isole, on
remarque les faits suivants: difficultés à discerner
la réalité, apparition d'hallucinations visuelles
ou auditives, tendances à mal interpréter les stimulis
du monde extérieur, y compris ceux de son propre corps,
réduction des capacités logiques et rationnelles
de penser ainsi que d'établir des relations entre différents
domaines, apathie, dépression, repli sur soi-même
interrompu de crises paniques désorganisées. Si
cet état se prolonge, il peut se terminer par la mort".
Voici l'extrait d'une lettre de la grande révolutionnaire
Ulrike Meinhof, assassinée dans sa cellule en 1976:
"Le sentiment que la tête
explose, le sentiment qu'en fait la boîte crânienne
va se casser, exploser.
Le sentiment qu'on te rentre de force la moelle épinière
dans le cerveau.
Le sentiment que le cerveau se ratatine comme un pruneau.
Le sentiment que tu es sans cesse sous tensions sans que cela
se voie et que tu es téléguidé.
Le sentiment qu'on te démolit les associations d'idées.
Le sentiment de pisser ton âme comme quand on ne peut pas
se retenir.
Le sentiment que la cellule bouge - tu te réveilles, tu
ouvres les yeux - la cellule bouge, l'après-midi quand
le soleil brille, elle s'arrête tout d'un coup. Tu ne peux
pas te débarrasser de ce sentiment que tu bouges.
Tu ne peux pas savoir pourquoi tu trembles: de fièvre
ou de froid.
Tu ne peux pas expliquer pourquoi tu trembles, tu gèles.
Pour parler à voix normale, il faut des efforts comme
pour parler très fort, il faut presque gueuler.
Le sentiment de devenir muet.
Tu ne peux plus identifier le sens des mots - tu ne peux que
deviner - l'usage des sifflantes - s, ss, tz, sch - est absolument
insupportable.
Les gardiens, la visite, la cour semblent de celluloïd -
maux de têtes - flashes.
On ne peut plus contrôler la syntaxe, la grammaire.
Quand tu écris deux lignes, et à la fin de la seconde
ligne, tu ne peux pas te rappeler le début de la première.
Le sentiment qu'on se consume de l'intérieur, le sentiment
que si tu disais ce qui se passe, si tu lâchais cela, cela
sifflerait comme de l'eau bouillante à la figure de l'autre
comme par exemple l'eau bouillante qui le brûle pour la
vie, qui le défigure.
Une agressivité démente, pour laquelle il n'y a
pas de soupape.
C'est le plus grave, la conscience claire qu'on a aucune chance
de survivre, l'échec total, pour faire passer cela, le
faire comprendre à d'autres.
Après les visites, c'est le vide. Une demi-heure après,
tu peux seulement reconstituer mécaniquement si la visite
a eu lieu le jour même ou la semaine précédente.
Se baigner une fois par semaine, cela signifie au contraire se
détendre pour un moment, se reposer, cela ne dure aussi
que quelques heures.
Le sentiment que le temps et l'espace sont imbriqués l'un
dans l'autre.
Le sentiment de se trouver au milieu de miroirs déformants,
de tituber.
Après: une épouvantable euphorie, parce que tu
entends quelque chose, à cause de la différence
acoustique entre le jour et la nuit. Le sentiment que le temps
coule maintenant, que le cerveau se dilate à nouveau,
que la moelle épinière redescend - pendant des
semaines.
Le sentiment qu'on t'a arraché la peau".
La contre-révolution préventive est un facteur
déterminant de la lutte révolutionnaire.
La bourgeoisie impérialiste
a été capable de développer le fascisme
pour lancer les masses populaires dans des voies de garage, pour
être actives au service de l'impérialisme lui-même.
La bourgeoisie impérialiste a également été
capable de développer le principe de la contre-insurrection,
la counter-insurgency.
Le Pentagone définit la counter-insurgency comme "les
opérations militaires, paramilitaires, politiques, économiques,
psychologiques et civiles exécutées par un gouvernement
pour briser toute insurrection subversive".
L'insurgency en question est définie, toujours par le
Pentagone, comme "une situation qui résulte d'une
révolte ou d'une rébellion contre un gouvernement
établi, mais qui n'est pas encore une guerre civile.
Dans le contexte actuel, l'insurrection
subversive est inspirée, soutenue et exploitée
essentiellement par les communistes".
Les "opérations de basse intensité" (low
intensity operations) sont les actions de contre-guérilla.
Etre révolutionnaire, c'est être capable d'affronter
la contre-révolution préventive.

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