LES VERTS OU LA
GAUCHE DU CAPITAL
Article
paru dans Front Social
Les écologistes, on les aime
bien quand ils gueulent contre les chasseurs.
Mais force est de constater que
ça s'arrête là. Le but de cet article n'est
donc pas seulement de déverser notre haine de classe sans
limites, mais aussi de comprendre à qui on a affaire avec
ces gens qui se réclament d'une politique de gauche "
différente ".
Car il faut faire attention aux
bons sentiments. Et surtout ne pas s'exposer, comme dit Mao,
aux " balles enrobées de miel".
Commençons par regarder à
quoi ressemble l'écologiste de base. En général,
il/elle se la joue très libéralE sur beaucoup de
sujets, se moque des beaufs et n'aime pas trop la répression.
Mais attention : l'animal peut se
crisper.
Car si on l'interroge sur des choses
plus graves, alors là ça ne rigole plus du tout.
Par exemple, le chauvinisme. L'écolo s'en prétend
très libéré, ne chante pas la Marseillaise,
mais par contre : pas touche à Mitterrand, total respect!
D'autre part, l'écolo se veut ouvertE aux autres cultures.
Mais lorsque ces cultures ne veulent pas s'assimiler, quand elles
sont trop autres, c'est le blocage direct.
Par exemple, il/elle n'a soi-disant
rien contre les musulmans, les lesbiennes, les punks... mais
pourvu qu'ils/elles ne se " ghettoïsent " pas
! Tout se passe comme dans la world music, où l'élément
autre, étranger, est toujours encadré dans une
structure occidentale et lissé par un mixage propret.
Il faut dire tout de suite que l'
écologiste n'a pas vraiment de soucis matériels,
et se veut très attachéE à son statut de
citoyenNe, ce qui explique beaucoup de ses blocages...
Il/Elle fuit le conflit comme la peste, et rêve de résorber
toute contradiction, rejetant viscéralement toute forme
de violence révolutionnaire.
C'est pourquoi il/elle raffole de
ce " tissu associatif et alternatif " dont la trame
est le compromis avec l'Etat et dont le rôle consiste à
boucher les trous de misère sociale par le bénévolat
, les échanges sans argent, etc ...
C' est aussi pour cette raison que l'écologiste se réclame
de l' Utopie, façon pour lui/elle de marquer sa différence
avec le reste de son entourage petit bourgeois, mais sans pour
autant avoir à s'identifier avec une classe opprimée.
En gros, c'est l'individu pacifié,
cool mais critique. Niais et responsable.
Pour achever le portrait de notre souffre douleur, il faut ajouter
que ça est très facilement irritable et que ça
hurle contre les fast- foods, les publicités, bref contre
tout ce qui dérange son petit confort basé sur
l'exploitation des pays des Trois Continents et du prolétariat
métropolitain.
On peut alors se demander comment
le mouvement écologiste en est arrivé là,
puisque il était à l'origine une contestation générale
du système, portée par les Hippies à la
fin des années 60.
Ce serait pourtant une erreur de
penser que les Verts ont purement et simplement trahi les aspirations
d'origine. Il y a continuité entre les deux époques.
La preuve, c'est qu' on retrouve
exactement les mêmes thèmes dans leur vision du
monde et dans leur propagande, thèmes qui se sont juste
affadis au fur et à mesure, jusqu'à leur exténuation
complète.
Cela a eu lieu parce que le mouvement
écologiste actuel est le produit de la dégénérescence
des courants révolutionnaires sentimentaux de ces mêmes
années 60, et que ces courants étaient trop faibles
pour faire face à leur assimilation dans la social-démocratie.
De fait, cette assimilation était prédestinée.
En effet, la critique du système
mise en avant par la gauche non dogmatique petite bourgeoise
(les ancêtres des Verts actuels) était seulement
sentimentale, abstraite.
Par exemple, le refus du mode de
vie occidental pouvait très bien s'affirmer de façon
imaginaire, et dans l'oubli le plus complet de l'impérialisme.
La critique du travail salarié,
des cadences infernales, a elle aussi été menée,
mais sans le refus du mode de production capitaliste, sans la
référence à la lutte des classes, sans l'appel
à la révolution.
Et c'est bien ce qui a eu lieu en
1968 avec le PSU et la CFDT.
Et si les Verts actuels ont toujours le " temps libre "
à la bouche, ce n'est pas un hasard. Dans l'optique de
l'époque, cela pouvait signifier une volonté d'évasion
hors de l'enchaînement au travail , pour faire des expériences
plus enrichissantes... mais , comme entre temps la révolution
n'a pas eu lieu, cela signifie maintenant dégager du temps
libre pour la consommation des ménages.
Et tout rentre dans l' ordre.
Une autre expression typique des Verts est " le bien commun".
Le mot serait juste s'il s'appliquait uniquement et isolément
à l'environnement naturel, qu'il faut protéger
comme un " bien " commun à nous et aux autres
vivants ainsi qu'aux générations futures.
Le seul problème est que
les Verts parlent surtout du bien commun social. En " glissant
" de l'un à l'autre, les écologistes ne font
qu'exprimer leur soif inextinguible de paix sociale, et gravent
sur le marbre leur soumission absolue à la bourgeoisie,
à son idéologie, à son Etat.
Un dernier signe distinctif de ce
discours , que le/la vertE de base rabâche jusqu'à
la nausée, c'est la " convivialité ".
Il s'agit de l'ultime résidu , mais en vraiment très
dégradé, de ce qui était à l'origine
la recherche d'une existence désaliénée,
et qui se voulait parfois une anticipation du communisme.
C'est en tous cas ainsi que Marcuse
comprenait ces tentatives, ce qu'il appelait la nouvelle sensibilité,
c'est à dire la vision féministe du monde, axée
sur le refus des valeurs machistes, de la destruction ...
L'intéressant, c'est quand
tout cela prenait corps collectivement et dans la perspective
de l'homme nouveau/la femme nouvelle: une crèche autogérée
pouvait dans ces conditions devenir un élément
de contre-pouvoir.
Mais le principal, c'est la révolution.
L' " oubli " de cette vérité a conduit
à la dissolution dans l'individualisme, le consommable
(le post-moderne dans leur langage) et tout est retombé
très bas: dans la convivialité, le bien être,
la qualité de vie (pour les bourgeois). C'est ainsi que,
suivant une pente naturelle, l'écologiste se transforme
en bobo (bourgeois-bohême) qui ne jure plus que par le
triptyque Télérama-Nova Mag-Les Inrockuptibles.
Toute cette évolution est
la trame de fond qui explique qu'après la victoire des
classes moyennes en 1981, et après la scission avec la
fraction ouvertement réactionnaire de Waechter, les Verts
sont tombés, et cela sans conditions, dans les bras de
la social-démocratie impérialiste.
Les Verts ne sont en effet que les représentants de la
fraction aisée de la petite bourgeoisie urbaine "
éclairée ". Cela étant, quel est leur
rôle dans le régime ?
Leur rôle est purement idéologique.
C'est à dire que champ libre leur est laissé pour
parler la langue de la social-démocratie (celle de la
justice sociale dans la paix sociale) pendant que les autres,
les vrais sociaux démocrates, ceux qui dépendent
directement de la bourgeoisie impérialiste, sont aux poste
de commande et gèrent la contre révolution préventive.
C'est à dire que les Verts parlent une langue morte.
Non, Noël Mamère, tu
ne nous tromperas pas avec tes indignations aussi télégéniques
que tes moustaches !
Non, Alain Lipietz, tu ne nous tromperas
pas avec tes vélleités gauchisantes ! Vous êtes
fatigués.
Et nous, les révolutionnaires,
les prolétaires conscients, les marxistes-léninistes-maoïstes,
nous savons bien d'où vous venez, et où vous allez
terminer
Les Verts font donc partie du passé, malgré leur
look dernier cri.
Et, en fait de dernier cri, il s'agit
plutôt du dernier râle d'une petite bourgeoisie structurellement
noyée dans les avantages que lui procure l'exploitation,
du dernier râle d'une classe qui n'a jamais pu élever
quoi que ce soit à la puissance révolutionnaire
!
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