Feu sur le révisionnisme
de " Voie Prolétarienne " !
Article
paru dans Front Social
En rejetant le maoïsme, "
VP " tombe dans la même logique qui a poussé
Enver Hoxha à rejeter Mao Zedong à la fin des années
1970 : celle du révisionnisme.
Nous avons déjà, dans
Front Social, mis en valeur le parcours historique des révolutionnaires
en France dans les années 1960/1970 : Union de la Jeunesse
Communiste (marxiste-léniniste), Gauche Prolétarienne
- La Cause du Peuple, autonomie offensive
Mais nous n'avons encore jamais souligné le combat juste
et nécessaire contre un groupe révisionniste ayant
profité de l'écroulement des organisations marxistes-léninistes
et maoïstes pour s'approprier leur prestige.
Ce groupe, c'est " l'organisation
communiste marxiste-léniniste voie prolétarienne
", qui publie le journal " Partisan ".
Ce groupe se veut " marxiste-léniniste ", mais
n'hésite pas à jouer sur les mots, ses militants
se voulant parfois, " maoïstes", ce afin de s'approprier
le prestige d'années de luttes des maoïstes.
Selon ce groupe, il n'y a pas de
différence entre " marxisme-léninisme "
et " maoïsme ". De fait, pour eux, le mouvement
communiste international n'existe pas, le débat qu'il
mène non plus. " VP " invalide toute critique
en affirmant que des organisations comme le PCP ou le TKP(ML)
sont " staliniens ".
Dans son journal, on ne trouve pas de référence
pratique ou théorique au communisme ; on y retrouve la
même attitude que Lutte Ouvrière dans son journal
: populisme, absence de référence idéologique,
prises de positions stériles.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'en 1981, " VP "
ait appelé à voter
Mitterrand.
Cela alors que les étudiants
partisanEs de Mao Zedong avaient dans les années 1960
rompu avec le " PCF " par refus de soutenir Mitterrand
A l'époque déjà
!
En février 1993, " VP " dit qu'" on ne
peut pas rester en dehors " des élections
"
Nous n'avons encore rien décidé, mais nous nous
interrogeons sur l'éventualité d'appeler à
voter Lutte Ouvirière "
. " Dans tous les
cas, nous les [les gens] invitons à participer aux réunions
électorales, plus particulièrement du PCF, de l'extrême-gauche
et des écolos ".
En 1995, " VP " appelle évidemment à
voter Arlette Laguiller.
Ce crétinisme politique et ce refus de défendre
le principe de la guerre populaire cache une idéologie
anticommuniste. Etudions en les fondements.
Des positions
contre-révolutionnaires vis-à-vis de l'URSS
de Lénine-Staline et de la Chine de Mao Zedong !
Car les documents publiés
par " VP " font preuve d'un anticommunisme redoutable.
Ainsi, à l'occasion du 80ème anniversaire de la
Révolution d'Octobre, l'article à ce sujet dans
Partisan (n°124) défend des points de vue trotskystes.
La révolution russe, nous
disent ces révolutionnaires de salon au discours ouvriériste
(dans le bon esprit bourgeois chrétien culpabilisé
des années 1960, et ainsi dans l'esprit d'Enver Hoxha),
" fut imparfaite au possible, ses erreurs incroyablement
nombreuses, et la contre-révolution bourgeoise eut finalement
raison d'elle ".
En bon groupe révisionniste, " VP " ne parle
de la révolution que pour l'attaquer.
Au lieu de mettre en valeur la lutte
acharnée des bolchéviks, Lénine en tête,
contre les tendances socialistes-révolutionnaires, menchéviks
et anarchistes, " VP " soutient la contre-révolution
: ainsi avec la guerre civile de 1918-1921 " le prolétariat
est contraint de s'écarter de la lutte économique,
politique et idéologique directe pour le socialisme ",
qui produit " à brève échéance
un risque de mainmise bureaucratique ".
Cela est du pur révisionnisme.
Les années 1918-1921 ont
été des années de lutte économique,
politique et idéologique acharnée. La preuve en
est la publication dans ces années de deux des ouvrages
les plus connus de Lénine : " La révolution
prolétarienne et le renégat Kautsky ", ainsi
que le très fameux " La maladie infantile du communisme
(" le gauchisme ") ".
Mais justement, " VP "
soutient idéologiquement ces déviations de gauche.
Alors que Lénine disait en
1918 que " la sévère crise que traverse notre
Parti, eu égard à la formation d'une opposition
de gauche dans le Parti, est une des plus grandes crises que
la révolution russe a à traverser ", "
VP " met en valeur les gauchistes.
Un excellent exemple est le fait
que " VP ", dans le même article, affirme que
la période de 1920-1921 marque " la décomposition
du prolétariat (
), le prolétariat est devenu
'introuvable' à la fois quantitativement - comme classe
sociale - et qualitativement - en tant que classe révolutionnaire
(
). Cronstadt représente un aveu de faiblesse du
parti bolchévique et du prolétariat.
Des gens comme Barbara Kistler (au milieu sur la photo [dans
la revue]), qui ont rejoint des organisations menant la guerre
de guérilla, ont rappelé que l'objectif principal
pour les communistes est la révolution, de la vivre, de
la faire.
En combattant et en tombant dans les rangs du TKP(ML), Barbara
Kistler a fait vivre l'internationalisme prolétarien,
alors que des groupes comme " VP " attaquent les partis
maoïstes comme " staliniens ", " nationalistes
", etc.
Il s'agit là en effet d'une
allusion très précise. Dans un discours, Lénine
avait affirmé que le prolétariat en tant que classe
n'existait pas en tant que tel en Russie à ce moment là
(en 1921) à cause des troubles à l'échelle
nationale, du bouleversement de la production, etc., et que la
plupart des gens dans les usines étaient des éléments
déclassés, d'anciens paysans, etc.
Il se fera pour cela durement attaqué
par les gauchistes, qui se moquèrent de Lénine
et des ses partisans comme d'une " avant-garde d'une classe
qui n'existe pas ".
Alors que faut-il comprendre de la citation de " VP "
?
Tout simplement que " VP "
assume la critique anti-léniniste des gauchistes, et ce
jusqu'à qualifier de " faiblesse " l'écrasement
de l'insurrection, de fait contre-révolutionnaire, des
marins de Kronstadt en 1921.
Contre-révolutionnaire, cette insurrection l'était
par ses slogans (" les soviets sans les bolchéviks
"), ses revendications (liberté du petit commerce
),
par ses actions militaires contre l'armée rouge. Il suffit
pour cela de lire Lénine.
Peut-on sérieusement se dire léniniste et prendre
à ce point à contre-pied Lénine ?
De fait, " VP " a un discours trotskyste. Le bla-bla
sur la " mainmise bureaucratique " aurait pu être
écrit par Trotsky lui-même ; nulle part il n'y a
de références à la lutte à ce sujet
de Lénine et Staline, du Parti bolchévik dans son
ensemble.
" VP " raisonne en terme
de gestion, d'administration, tel le Parti Socialiste Unifié
des années 1970 qui parlait d'autogestion, au lieu de
se poser les questions de l'idéologie, des valeurs, de
la culture, de la division entre travaux intellectuel et manuel,
entre villes et campagnes
Il va de soi que la même position gauchiste se retrouve
en ce qui concerne Mao Zedong et la révolution chinoise.
Dans une brochure consacrée
à cette dernière, Mao est accusé d'avoir
sous-estimé le rôle de la classe ouvrière.
Accusation doublement révisionniste, puisque Mao avait
organisé la Fédération des Syndicats Ouvriers
du Hunan, ce qui n'est pas rien, et surtout parce que cela signifie
que " VP " appuie les positions gauchistes anti-Mao
à l'époque, positions rejetant la lutte armée
et l'organisation des paysans.
Cette position économiste-ouvriériste sectaire
se retrouve évidemment dans les interprétations
de la révolution culturelle, où " VP "
soutient encore
les gauchistes.
Ceci dit au passage, il va de soi
que pour " VP " la révolution culturelle est
un " échec " pur et simple
On est loin du Parti Communiste
du Pérou, qui lui a fait historiquement ses preuves, qui
nous dit que " La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne
est le plus point le plus positif et le plus grandiose du processus
mondial de lutte entre révolution et contre-révolution,
entre restauration et contre-restauration dans le développement
du socialisme ".
L'" internationalisme
" petit-bourgeois de " VP "
Au niveau international " VP
" signe divers documents, mais toujours avec des organisations
ne défendant pas un point de vue juste. Ainsi, "
VP " a participé à des réunions du
MLPD (Parti Marxiste-Léniniste d'Allemagne), un groupe
ouvriériste électoraliste ne mettant jamais en
avant l'idéologie communiste dans ses publications, et
évidemment farouchement opposé à la RAF,
ainsi qu'au Parti Communiste du Pérou.
Pire, dans le cadre de sa collaboration avec le MLPD, "
VP " n'a pas hésité à signer avec le
prétendu " PC du Pérou - Patrie rouge ",
alors qu'il s'agit d'une misérable clique ayant trahi
la révolution et attaquant le PC du Pérou, qui
lui mène la guerre populaire.
De fait " VP " est opposé à la guerre
populaire. Lorsqu'il traite de tel ou tel pays du " tiers-monde
", il ne le considère jamais comme une néo-colonie,
mais toujours comme un pays capitaliste plus ou moins dépendant
où une lutte " démocratique " est à
mener.
Ainsi, dans un article de 1997 sur
l'Algérie, il est dit que " seule la classe ouvrière
et les exploités peuvent mener résolument la lutte
pour les droits démocratiques et contre les licenciements
(
) sans laquelle toute démocratie est vide de sens
pour eux ".
Il n'y a plus de Parti, plus de Guerre Populaire, plus de révolution
de nouvelle démocratie, plus rien.
C'est exactement cela : plus rien.
Plus rien à part le chauvinisme
métropolitain le plus éhonté : " il
n'en reste pas moins que la source de richesses impérialistes
provient largement de l'exploitation de la classe ouvrière
dans les pays impérialistes, classe dont la productivité
et donc l'exploitation est largement supérieure à
celle des pays dominés ".
Ou encore : " La France reste dépendante de l'Afrique
plus pour les approvisionnements (qu'autre chose)
l'appartenance
de nombreux pays d'Afrique sub-saharienne à la zone franc
préserve encore les positions de la France " ("
nous vivons une époque formidable ").
Rejetons le révisionnisme
et assumons le maoïsme !
Il est courant chez les révolutionnaires
conséquentEs d'interpréter le révisionnisme
de " VP " comme du trotskysme. C'est une grave erreur.
Il est vrai qu'en pratique, l'opportunisme de " VP "
l'amène sur des positions proches du trotskysmes, voire
franchement trotskystes.
Mais la question du révisionnisme
ne s'intéresse pas qu'à là où les
révisionnistes arrivent comme positions politiques : ce
qui compte également et surtout, c'est d'où ils
partent.
Le révisionnisme de " VP " part de Enver Hoxha.
" VP " a exactement la même conception philosophique
et économique du " marxisme-léninisme "
qu'Enver Hoxha.
Pour ce dernier, tous les pays du monde étaient capitalistes
: c'est la position de " VP ". " VP " a également
la même interprétation ultra-ouvriériste
du monde, conséquence d'une méconnaissance fondamentale
de la dialectique marxiste, parce que le travail théorique
est fait dans l'esprit " marxiste-léniniste "
à la Hoxha.
" VP " ne parle pourtant
jamais d'Enver Hoxha, nous dira-t-on, sans doute ses militantEs
ne l'auront même jamais lu, d'ailleurs. Mais là
n'est pas la question.
Toute acceptation du marxisme-léninisme
se transforme en son contraire si l'on ne comprend pas que le
maoïsme est la troisième étape de la théorie
révolutionnaire.
Sans la juste compréhension
de Mao, le " marxisme-léninisme " se transforme
en idéologie stérile, en répétitions
de principes de plus en plus abandonnés, en incapacité
fondamentale à prendre l'initiative théorique et
pratique.
C'est exactement ce qui arrive à
" VP ", qui décade chaque jour un peu plus.
En rejetant le maoïsme, " VP " tombe dans la même
logique qui a poussé Enver Hoxha à rejeter Mao
Zedong à la fin des années 1970 : celle du révisionnisme.
Dans les années 1960/1970, rejeter Mao, c'est rejeter
la dialectique, c'est faire du sur place, et finalement reculer.
Aujourd'hui, rejeter le maoïsme a la même signification
; l'histoire avance, et désormais " VP " recule.
Une démonstration que leur
déviation n'est pas simplement " trotskyste "
réside dans le fait que leur argumentation est autant
anarcho-syndicaliste que trotskyste.
Ce qui montre qu'il s'agit bien
de " marxistes-léninistes " des années
1970 ayant décadé non pas abstraitement, mais bien
dans le cadre de la France, pays infesté d'anarcho-syndicalisme
dans la démarche politique. Il y a bien eu abandon des
principes et intégration d'idéologies étrangères
à la cause du communisme.
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