UNE CHRONIQUE DU
FEMINISME REVOLUTIONNAIRE

(paru dans FRONT SOCIAL n°9 - hiver 1997/1998)


LILITH

D’un point de vue purement mythologique, Lilith fut sans aucun doute, la première femme à se révolter contre le pouvoir et la domination de l’homme.

La tradition hébraïque indique que Lilith aurait été créee en même temps qu’Adam à partir du limon. Crée égale à Adam, elle fut par la suite détachée de lui par Dieu qui voulut en faire la femme d’Adam. De son égale spirituelle elle n’aurait plus été liée à lui que par la chair.

Elle refusa cette condition de femme soumise, et elle s’enfuit pour aller se marier avec Samael, le " diable ", et pour espérer revenir se venger de l’humiliation que lui avait fait subir Dieu et Adam.

L’Alphabet de Ben Sira, un autre texte hébraïque, donne une autre version des faits. Il explique que Lilith accepta de s’accoupler avec Adam mais à la seule condition de se placer sur lui dans la relation sexuelle. Adam s’opposa à cette requête et il voulu avoir une relation plus " conventionnelle " avec la position dite du " missionnaire ". Lilith n’accepta pas cela et s’enfuie.

Adam demanda donc à Yahvé d’envoyer trois anges ; qui furent Senoi, Sansenoi et Sanrangloph ; pour qu’ils aillent chercher Lilith par delà la mer rouge ou elle s’était réfugiée.

A la fin de cette version Lilith devint la Reine du royaume des " démons " et se maria également avec Samael

Dans l’ancienne Egypte, Lilith prend les traits de la déesse Isis qui se refusa, elle aussi, à la domination du dieu solaire Râ. Elle lui envoya un serpent venimeux qui le mordit.

Isis était la seule à pouvoir secourir Râ et elle consenti à le faire à la seule condition que celui-ci lui délivra le secret de son pouvoir. Il finit par obtempérer pour avoir la vie sauve et ainsi Isis finit par détenir le pouvoir de Râ.

Elle devient par la même occasion le symbole du matriarcat puisqu’elle avait vaincu un Dieu et qu’elle s’élevait donc au-dessus de tout les dieux masculins.

Même si Lilith est un personnage mythologique, comme c’est le cas aussi d’Isis, on peut déceler chez elle de par son action, les prémices d’une certaine forme de féminisme.

Malgré le fait que les théologiens ont essayé d’en faire une castratrice en la représentant avec un vagin denté au milieux du front, malgré le fait que ces mêmes théologiens ont essayé d’en faire une démone, succube qui s’immisce par ruse dans les rêves des hommes, il n’en reste pas moins que même si ils ont essayé de donner dès le début le mauvais rôle à une femme et dans le cas présent à Lilith, pour justifier la " juste " domination de l’homme, il n’ont réussis qu’à faire de la démone une sorte de symbole pour toutes les luttes d’émancipation des femmes à venir.

La deuxième femme d’Adam, Eve, la Bible la montre plus soumise.

Pour éviter la même erreur qu’il avait commise avec Lilith, Dieu pris cette fois le soin en créant Eve de la constituer à partir des côtes d’Adam. Ce qui indique implicitement qu’elle fut dés le début inférieure à l’homme puisque celui-ci lui donna naissance.

Mais Adam connut encore des déboires avec Eve, puisque celle-ci l’emmena vers le péché en lui faisant manger la pomme. Ils se retrouvèrent donc ainsi chassés tout les deux du paradis.

Avec Lilith et avec Eve on a deux personnages différents, deux type de femmes différentes mais qui pour l’Eglise sont aussi mauvaises l’une que l’autre.

L’une fut " démone " parce qu’elle se refusa à Adam et l’autre fut la mère de tous les péchés pour avoir conduit Adam vers le pommier.

Ces images de femmes, démone ou pécheresse, allait peser lourd et pèse encore sur le dos des femmes, les écrites religieux discréditant l’image de la femme allait justifier pendant des siècles la domination de l’homme sur la femme, et le conditionnement de celle-ci à des rôles inférieur. Ces écrits allaient aussi rendre négative l’image de toute femme qui oseraient, à l’image de Lilith, se révolter contre le patriarcat.


NAISSANCE DU PATRIARCAT

Il y a quelques milliers d’années, les femmes avaient une position et une situation prépondérante dans la société qui était d’essence matriarcale et de filiation matrilinéaire. Les premières divinités étaient des déesses-mères, créatrices du monde, souveraines de la fertilité ou de la mort.

Ces déesses sont encore présentes de nos jours dans l’imaginaire Celte, qui relie la nature à une déesse-mère et dans lequel, on est fauché par une mort qui n’est pas représentée par une femme, mais par un homme : l’Ankou.

10000 ans avant J.C., des changement climatiques brutaux conduisirent à la première révolution néolithique. A la chasse, qui était jusqu’alors la base de l’alimentation, vint s’ajouter la cueillette et l’agriculture à la houe (ou horticulture), activités qui étaient exécutées par les femmes.

Celles-ci peu à peu et au fil des siècles qui suivirent inventèrent le filage et le tissage et elles furent à l’origine des premières poteries et récipients qui serviront à conserver les graines.

Entre 6000 ans et 3000 ans avant J.C. se produisit la deuxième révolution néolithique. On découvre alors la force du boeuf et l’utilisation de la charrue qui remplacera l’agriculture à la houe. Les femmes perdent, alors, peu à peu leur place dans la production qui est investie par les hommes.

Le surplus alimentaire qui commence à se dégager des nouvelles formes d’agricultures conditionnera la sédentarisation. La découverte du travail des métaux et du cuivre instituera l’apparition d’artisans. On en vint alors à la division du travail et à la séparation de la ville et de la campagne avec la construction des premières cités

Emergea alors un étatisme primitif basé sur l’esclavage. L’homme se mit à vouloir remplacé les icônes féminins par des icônes masculins aidé en cela par les religions monothéistes naissantes

La division du travail entre l’homme et la femme, puis l’éviction de celle-ci de toutes les fonction politiques, son exclusion de la production et enfin son enferment destiné à lui attribuer la seule tâche d’être procréatrice. L’adoration par les religions juives, musulmanes et chrétiennes d’un Dieu mâle. tout ceci fit poindre la domination masculine. Cette période qui s’écoule de l’âge de Bronze à l’Antiquité donna lieux à la naissance du patriarcat


LES SORCIERES

La sorcière est souvent représentée par une vieille femme au visage disgracieux qui jette des mauvais sorts sur ceux et celles qui lui déplaise.

L’autre image des sorcières est celle de jeunes femmes se livrant à des orgies avec des hommes pour rendre grâce à Satan, quand elles n’entretiennent pas une relation sexuelle directement avec lui.

Ces stéréotypes qui ont traversés les siècles, sont hérités de la tradition catholique. Les prêtres ont avec ces clichés réductionnistes de la " goétie " tentés de jeter l’opprobre sur les premières femmes qui ont tenté de se révolter contre le sort qui leur était fait par le patriarcat.

Les prêtres ont tenté par la même de discréditer les femmes pour les exclurent de la vie sociale et les inférioriser afin qu’elles acceptent leurs rôles d’épouses et de mères. Ils ont enfin essayé d’amalgamer les rôles que les femmes tenaient dans les civilisation préchrétiennes à un ésotérisme maléfique


La femme celte

Les anciennes civilisations polythéistes avaient à leur panthéon des dieux et des déesses. Ce fut le cas aussi bien chez les Germains, que chez les Grecs ou encore chez les Celtes (1)

Chez ces derniers hommes et femmes se retrouvaient sur un pied d’égalité dans la société.

Ceci nous est démontré par Françoise Le Roux et Christian J-Guyonvarc’h dans leur ouvrage " La civilisation celtique " : " Loin d’être confinée dans le gynécée ou tenue en servitude comme dans certaines sociétés polygames, la femme irlandaise, bretonne ou gauloise, possède un statut bien défini, lequel est strictement le même que celui de l’homme : elle peut tester, hériter, jouir de ses biens, exercer une profession, avoir sa propre domesticité ".

La femme Celte pouvait aussi exercer le sacerdoce qu’était le druidisme et que l’on retrouvait dans toute la civilisation celtique.

Les Celtes accordaient une place importante à une déesse-mère connue sous le nom de Dana. Selon la mythologie, celle-ci envoya le peuple des Tuatha de Danann " les gens de Dana " apprendrent la magie, le druidisme. aux humains.

Il ne serait pas erroné de considérer que les Celtes n’accordaient pas seulement un place l’égalité à l’homme

et à la femme, mais que cette dernière occupait une place prépondérante dans la communauté des Celtes. Cette thèse est à envisager si l’on tient compte du fait que ceux (et en l’occurrence celles) qui influencent la vie sociale sculptent la religion à leur image.

Si une déesse-mère était la créatrice du monde chez les Celtes, alors il est fort probable que les femmes dominaient leur peuple.

Freud dans " essais de psychanalyse appliquée " constatait que : " Les dieux, après la chute de la religion à laquelle ils appartenaient sont devenus des démons ".

Il semblerait que ceci se soit avéré exact en ce qui concerne le druidisme qui fut criminalisé par les chrétiens et les romains après que l’Empereur Constantin eut légitimé le christianisme en 312.

L’Empereur Valentinien qualifia du mot de païen ou pagani (ruraux) le sujets non croyants de l’empire. Il fit du même coup la distinction entre les citadins christianisés et les ruraux qui croyaient aux anciens dieux et qui avaient la science du pouvoir des plantes que leur avaient légué les druides.

Ces derniers pourront exercer leur culte jusqu’en 392 date à laquelle Théodose interdit tout culte païen dans l’empire.

Malgré cela, le druidisme continua à se pratiquer, discrètement, dans les campagnes ou, dans les forets.

Est ce parce que ce paganisme s’exerçait la nuit, pour échapper à l’oppression qu’il subissait, qu’il fut lié à la légende du Sabbat nocturne ?

Est ce parce que les femmes avaient toujours eu d’importantes fonctions chez les celtes, et qu’elles pouvaient y devenir prêtresses, que beaucoup d’entre elles se rallièrent au druidisme afin de fuir le régime patriarcal ?

Est ce ainsi que du statut de druidesses elles passèrent au qualitatif de sorcières ?

En tout état de cause il semblerait que l’ancienne religion des celtes ne soit pas étrangère aux premiers phénomènes de "sorcellerie " car elle avait tout pour déplaire au clergé : liberté des femmes, connaissance et respect de la nature et enfin négation d’un éventuel messie.


L’Inquisition

Jusqu’au Xe siècle la place des femmes va encore s’amenuiser dans la société .Elles n’occupent plus que des emplois subalternes et elles sont toujours payées en dessous du salaire des hommes dont elles sont totalement dépendantes

L’an 1184 est l’année ou le Pape Lucius III va mettre en place une institution qui existera jusqu’en 1680 : l’Inquisition.

Aidé par l’Empereur Barberousse il va faire la liste des peines encourues par ceux et celles qui ne respecteront pas le droit romain, ces châtiments seront : la flagellation, la prison et le bûcher.

L’Inquisition visait à éradiquer tout ceux et toutes celles qui essayaient de se révolter contre le pouvoir du Roi et contre l’ordre moral catholique.

L’Inquisition ciblait particulièrement les femmes, à propos desquelles l’Eglise s’était interrogée en 325 au Concile de Nicée pour savoir si elles avaient une âme.

Ces femmes n’étaient pas seulement des circées ou des nécromanciennes, mais c’étaient aussi :

- Celles, qui à l’instar de Wilhelmine de Bohéme eu à la fin du XIIIe siècle l’audace d’affirmer que les femmes avaient le droit de devenir prêtresses

- Celles qui adhéraient aux doctrines des " hérétiques " : vaudois, pélégiannistes...

-Celles qui tentèrent de créer des espaces de liberté en montant des communautés de femmes connues sous le nom de béguinage

-Celles qui, parce que leur façon de vivre paraissait suspecte, étaient jugées responsables d’une mauvaise récolte ou de faits inexpliqués

-Celles qui continuaient à appliquer une médecine basée sur les plantes et héritées de temps anciens

-Celles qui refusaient de s’abaisser devant l’homme et donc devant Dieu et voulaient retrouver leur dignité ou la garder en fuyant le mariage

- Celles qui étaient avorteuses ou avaient avorté

- Celles qui soutenaient les révoltes dans lesquelles elles voyaient la fin de leur servitude et parce que les jacqueries, comme celle contre la gabelle après 1340, contestaient le pouvoir du Roi, symbole de leur domination.

Toutes ces catégories de femmes connaîtront pendant près de 6 siècles les foudres d’une Eglise despotique qui exerçaient son pouvoir dans des pays ou sévissaient la guerre et la famine.

Un ouvrage comme le Malleus Maleficorum (le Marteau des sorcières) servi de Bible aux inquisiteurs pour pouvoir reconnaître une sorcière et comment lui faire avouer qu’elles en était une.

Ce livre écrit en 1486 expliquait aussi pourquoi les femmes était plus sensibles au culte de Satan et constatait que les femmes auraient dans leur gènes la malice, la méchanceté et le vice qui en fairaient des êtres propres à devenir les complices du diable.

Ce Marteau des Sorcières, écrit par deux moines dominicains : Jacques Sprenger et Henry Institoris (chargés par le Pape Innocent VIII de prendre la tête de l’Inquisition) résumait aussi toute la défiance, la suspicion et la cruauté que les curés avaient à l’égard des femmes comme nous le prouve un des passages de cette publication : " Je trouve la femme plus amère que la mort ; car elle est un piège et son coeur un filet ; et ses bras des chaînes ".

Françoise d’Eaubonne, dans " Histoire et actualité du féminisme ", à écrit à propos de la chasse aux sorcières: " Il faudra attendre le XXe siècle et l’hystérie hitlérienne pour assister en Europe à un génocide de cette ampleur "

Malgré les protestations de certains ou de certaines, comme Christine de Pisan (1364-1430) qui plaidait pour que les femmes aient une éducation égale à celle des hommes pour accéder à des responsabilités, des milliers de femmes à travers l’Europe furent victimes du fanatisme religieux pendant plus de cinq siècles.

Ce fanatisme religieux fit brûler des femmes qui n’avait d’autres aspirations que d’être libres de disposer de

leur corps, et qui ne voulaient ne plus être des reproductrices. Des femmes qui voulaient aussi se libérer de l’obscurantisme du Moyen-Age, qui ne voulaient plus être que de simple employées domestiques et qui voulaient exercer ces professions que l’on leur avait interdites.

Elles luttèrent aussi contre la misère qui régnait à l’époque et qui découlait de guerres que se livraient les rois pour avoir encore plus de territoires.

Les femmes qui tentèrent de se révolter, à cette époque, et qui n’étaient en fait que d’innocentes victimes de la haine misogyne de l’Eglise avaient en elles les graines d’une émancipation féminine qui germerait dans les siècles suivants


LA REVOLUTION FRANCAISE

Au siècle précédent la vie misérable des femmes et leur emprisonnement avait soulevé des protestations, on avait demandé qu’elles deviennent les égales des hommes.

Quelques livres avaient été écrits sur le sujet comme celui de Marie de Gournay (fille adoptive de Montaigne) qui en 1622 publia un traité sur " l’égalité des hommes et des femmes ", "De l’égalité des deux sexes " de Poullain de la Barre en 1673 ou encore " Traité de l’éducation des filles " de Fénelon qui parut en 1687.

En 1758 se sera Helvétius qui reprendra le flambeau intellectuel en réclamant l’égalité des hommes et des femmes dans son ouvrage " De l’esprit "

Malgré cela la condition des femmes n’avait pas changé et elles étaient toujours aussi soumises à leurs maris et à la société. C’est pour cela qu’elles se retrouvaient souvent dans les révoltes comme celle qui en 1643 en Angleterre regroupa 5000 femmes devant la Chambre des communes.

Elles avaient espoir dans la Révolution française, qui mis fin (théoriquement) aux privilèges et à l’esclavage. Pour les femmes, celle-ci supprimerait aussi leur esclavage domestique et leur donnerait des revenus décents, car ils étaient jusqu’alors ¾ inférieurs à ceux des hommes.

Elles s’investirent donc dans la Révolution et à toutes les émeutes qui allaient la préparer (contestation contre la vie chère en Normandie en 1789....)

Mais la Révolution après avoir tiré parti de l’activité des femmes, jugea bon qu’elle ne participe pas à la vie politique. Les propos de Rousseau avait fait des dommages dans les mentalités des révolutionnaires.

Celui-ci avait réussi à démontrer que les deux sexes auraient naturellement leur place dans une sphère d’activité qui leur était imparti, et que si donc l’homme avait sa place dans la vie publique, la femme avait, elle, sa place à l’intérieur du foyer.

Rousseau fut suivi, dans ses idées ségrégationnistes par Robespierre et Marat, mais certains et certaines contestaient c’est état de fait et ce fut le cas des époux Condorcet qui défendirent les droit des travailleuses et militaient pour l’égalité des sexes.

Condorcet présenta en 1792 un projet de décret qui avait pour but de d’instruire les femmes, il se basa pour cela sur l’idée que cela contribuerait à leur donner la liberté. Mais il pensait aussi que si les femmes étaient prétendument inférieures aux hommes, cela ne provenait pas de leur sexe mais de leur manque d’éducation auquel il fallait remédier

Condorcet ne fut pas le seul à plaider en faveur du sexe féminin.

Ce fut aussi le cas d’Olympe de Gouges qui écrivit " La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ". Il est vrai que " La déclaration des droits de l’homme " restait ancré dans la misogynie, malgré son humanisme, puisqu’il soumettait la femme à l’entité Homme Universel.

Ni Condorcet ni Olympe de Gouges ne furent écoutés, et la République garda un statu-quo en ce qui concernait les droits des femmes. Même si celles-ci adressèrent à la Chambre en 1789 une pétition qui fut libellée dans les termes suivants :

"Vous avez détruit tout les préjugés anciens, mais vous laissez substituer le plus ancien et le plus général, qui exclut des places, des dignités et des honneurs et surtout du droit de siéger au milieu de vous, la moitié du royaume ".

La Révolution française, même si elle accorda le droit au divorce, à l’héritage n’amena la lumière que pour les hommes et laissa les femmes dans l’obscurité.


Mary Wollstenecraft

Mary Wollstenecraft, née en 1759 dans un milieux populaire, était la fille d’un père brutal et alcoolique. Elle eu un enfant avec un homme qui l’abandonna dans la pauvreté.

Pour elle, la Révolution française allait être une grande source d’inspiration, pour écrire son ouvrage " Vindication of the rights of women " (traduit en français sous le titre " Défense des droits de la femme ")

La Révolution de 1789 n’avait pas complètement accompli son oeuvre selon elle et surtout n’avait rien changé en ce qui concernait le cas des femmes. Elle en conclut que : " Il est temps de redonner aux femmes leur dignité perdue et de les faire contribuer, en tant que membres de l’espèce humaine, à la réforme du monde ".

Pour elle les femmes devaient avoir les mêmes droits que les hommes et cesser de croire en cette " prison dorée " qu’était le mariage qui si, elles le pensaient, leur apportaient des " privilèges " comme d’être choyées par leur maris, les en faisaient aussi des objets à la disposition de ces derniers.

Mary Wollstenecraft dans son livre sorti en 1792 avançait l’idée que les femmes devaient décider seules de ce qui étaient bon pour elles, et que si les révolutionnaires français inspirés par Rousseau avait décider à leur place cela ne pouvait qu’être que pour garder la supériorité masculine dans la vie publique.

La future femme de William Goldwin en venait à conclusion que pour que les femmes puissent accéder à la vie publique et ne soit plus infériorisées et infantilisées par les hommes, elles devaient accéder à l’éducation et avoir un travail qui leur permettrait de s’émanciper.

XIXème siècle:

DU CODE NAPOLEON AU DEVELOPPEMENT DU FEMINISME

Napoléon fut un homme qui inspira les dictateurs qui lui ont succédés à travers le monde, dont Hitler. Il n’est, donc, dès lors pas surprenant qu’il est rédigé un Code qui perpétuait la domination de l’homme sur la femme et abondait dans le sens du patriarcat.

Napoléon avait une misogynie exacerbée, il déclarait en autre que : " La femme est donnée à l’homme pour avoir des enfants ; elle est sa propriété ".

Ce que l’on appela le Code Napoléon, qui sortit en 1804, résuma toute la pensée phallocrate de son inspirateur. Il proclamait l’incapacité juridique de la femme mariée, rendait l’adultère délictueux. Dans le cas de l’adultère, la faute était jugée plus grave pour la femme puisqu’elle celle-ci était passible de la prison, alors que le mari n’avait qu’une amende à verser et encore dans le cas ou celui-ci serait pris avec sa maîtresse au domicile conjugal.


FLORA TRISTAN

Flora est une de ces figures du mouvement ouvrier dont le temps à peu à peu oublié le nom. Pourtant sa contribution au mouvement ouvrier et au féminisme est importante. Il est temps de lui en rendre justice.

Ouvrière-coloriste, elle fit partie de la classe ouvrière et en connaissait donc les souffrances. Elle connaissait tout particulièrement les souffrances des femmes ouvrières. Dans son ouvrage " L’Union Ouvrière ", publié en 1843, est décrit une scène " classique " d’un ménage ouvrier dans lequel le mari à un fort penchant pour l’alcool et dans lequel la femme : " l’accable de reproche. Il l’injurie et la frappe. Or, la femme à d’autres croix à supporter, les accouchements continuels, la maladie, le chômage, la misère est plantée devant sa porte comme une tête de méduse ".

Dans ce passage transparaît le fait que la femme n’est pas seulement victime de son mari mais qu’elle est aussi asservie par le capitalisme.

Pour combattre ce genre de situation dans la classe ouvrière, Flora Tristan proposera l’ouverture de foyers ouvriers ayant pour but de former intellectuellement et techniquement les femmes. Mais qui, aussi, serviraient de garderies.

Mais cela n’est que l’une de ses idées. Elle lutta aussi pour le droit au travail pour tous et toutes et la reconnaissance de l’égalité entre l’homme et la femme.

Pour elle la lutte des classes devait, aussi, passer obligatoirement par cette égalité entre les hommes et les femmes sans laquelle la prise de conscience sociale ne pourrait se faire.

Après avoir milité pour la création d’une " Internationale " elle fera le tour des villes françaises pour y exposer ses idées. Effondrée, malade, traquée par la police elle fut aussi incomprise et elle écrivit avant de mourir en 1844 : " J’ai presque tout le monde contre moi. Les hommes parce que je demande l’émancipation de la femme, les propriétaires parce que je réclame l’émancipation des salariés ".

Malgré tout elle donna naissance au féminisme révolutionnaire et développa la thèse selon laquelle l’émancipation des femmes devait être celle de la classe ouvrière.


MARX ET ENGELS

Marx et Engels ont étudié la société industrielle et l’histoire des civilisations qui l’on précédée, et ont observé le fait que les conditions d’existences des femmes s’étaient dégradées, et ce de plus en plus, au fur et a mesure que les moyens de productions évoluaient et que l’accumulation du capital augmentait.

Engels dans " L’origine de la famille " notait qu’ " Au fur et à mesure que les richesses s’accroissaient [...] elles donnaient dans la famille une situation plus importante à l’homme ".

Ils se penchèrent sur un autre problème à l’époque, très important : la prostitution des femmes. Engels avait son opinion sur la provenance de cet esclavage des temps modernes : " Des qu’apparaît l’inégalité des biens matériels [...] le salariat apparaît sporadiquement à côté du travail servile et, en même temps, comme son correlatif nécessaire, la prostitution professionnelle des femmes "

L’analyse qu’ils avaient fait les conduirent à penser que l’apparition et l’extension de la propriété privée, menée par les hommes, était inhérente à l’asservissement des femmes par les hommes.

Engels, qui considérait qu’il y eut dans l’histoire de l’humanité une période matrilinéaire, avait remarqué que dans " des peuples chez lesquels les femmes doivent travailler beaucoup plus qu’il ne conviendrait selon nos idées ont souvent pour les femmes beaucoup plus de considération "

Marx dans " Le Capital " affirma qu’"Il est en outre évident que l’équipe de travail collective composée d’individus des deux sexes [...] sera nécessairement, dans des circonstances favorables, une source d’épanouissement humain "

Pour eux, l’émancipation de la Femme devait passer obligatoirement par l’accession de celle-ci au droit au travail. Cependant, conscients, de l’exploitation qu’elles subiraient dans le système capitaliste, ils proposèrent aussi que le travail des femmes soit réglementé.

L’idéologie bourgeoise et sa vieille morale, considérait que les femmes ne pouvaient pas avoir accès aux mêmes métiers que les hommes et ceci en raison de vieux préjugés qui faisaient de la femme un être inférieur tant sur le plan intellectuel que manuel.

La conséquence de ceci était que les femmes étaient reléguées au plus basses tâches et ne recevaient qu’un salaire d’appoint.

Or, dans un système qui ne juge la valeur des gens qu’en fonction de leur fortune, les femmes qui ne gagnaient qu’un quart du salaire des hommes, n’avaient pas encore le droit à la reconnaissance et au respect.

Il leur aurait fallu, dans la logique du salariat et du capitalisme, pour avoir des droits et se libérer de la domination des hommes, qu’elles puissent gagner autant, sinon plus qu’eux.

Cela ne pouvait être possible dans une société basée sur la division du travail qui " entraîne en même temps la répartition du travail et des produits [...] et par conséquent, la propriété, dont le germe, la première forme, se trouve dans la famille, ou la femme et les enfants sont les esclaves de l’homme " (Marx " L’idéologie allemande ")

Si l’accès au travail des femmes dans la société de production actuelle pouvait leur apporter un début d’émancipation, il n’en restait pas moins que la femme continuait à être asservie.

Engels qui avait observé que dans le prolétariat " Il ne s’y trouve aucune propriété pour la conservation et la transmission [...] de la suprématie de l’homme " et que " la prépondérance de l’homme dans le mariage est une simple conséquence de sa prépondérance économique " en conclut avec Marx que suite à la " transformation des moyens de production en propriété sociale " le mariage monogamique allait devenir " enfin une réalité - même pour les hommes ", et que la prostitution disparaîtrait aussi avec la disparition du travail salarié dans une société communiste

Le communisme amènerait par la suppression de la propriété privée, de la classe bourgeoise qui fait de la femme " un simple moyen de production , l’émancipation des femmes qui pourraient enfin pleinement s’intégrer à la vie sociale et économique.

Il amènerait aussi et surtout des relations et des rapports humains véritables entre les hommes et les femmes, qui souvent se retrouvaient en ménage avec des hommes afin de fuir la misère et la pauvreté.

Ceci Marx le dénonça et considéra que le type de famille actuelle n’était nullement un havre de paix comme pouvait le faire croire l’idéologie dominante, mais un reproducteur de l’exploitation capitaliste : "La famille moderne contient en germe non seulement l’esclavage (servitus, mais aussi le servage, [...].

Elle contient en miniature tous les antagonismes qui, par la suite, se développeront largement, dans la société et dans son Etat "

Marx et Engels ont démontré que seul le communisme était la seule et vraie idéologie révolutionnaire et émancipatrice.

Ils étaient déjà en avance sur leur temps et faisaient preuve d’un progressisme radical, ce qui n’était (et ce qui n’est toujours pas le cas) des anarchistes et de leur " penseur " : Proudhon.

Celui-ci, jugea que pour la femme " La liberté pour elle réside dans le droit à être mère de famille ". Passablement misogyne, Proudhon estima, également, que : " le socialisme doit se dégager de toute solidarité avec les féministes ". Séparer lutte des classes et lutte féministe, diviser les luttes ne pouvait que provenir de petits bourgeois défenseurs du capitalisme que sont les anarchistes.

A leur propos Rosa Luxemburg écrivait : " L’anarchisme n’est pas la théorie du prolétariat combattant ". Elle n’est pas non plus celle de l’émancipation féminine et serait plutôt proche du goupillon et du coffre-fort.

August Bebel, dans " La femme dans le passé, le présent et l’avenir " s’indigna qu’il y ait des socialistes qui ne voulaient pas prendre parti dans la lutte des femmes pour leur libération : " Il y a des socialistes qui s’opposent avec autant d’acharnement à l’émancipation de la femme que le capitalisme s’oppose au socialisme.

Chaque socialiste discerne l’état de dépendance du travailleur par rapport au capitaliste, et il ne comprend pas que d’autres et plus spécialement les capitalistes refusent de l’admettre ; mais le même socialiste souvent ne discerne pas l’état de dépendance de la femme par rapport aux hommes, car cette question touche de plus ou moins près son propre petit moi. "

Bebel, dont l’ouvrage " La femme et le socialisme " connut un important succès (réédité plus de 50 fois), influença largement avec Engels le mouvement socialiste féminin.

Poursuivant dans la même voie que Marx et Engels il avait la certitude que l’émancipation des femmes était indissociable de l’émancipation des humains dans leur ensemble.

Pour cela il avait la conviction que seule une révolution socialiste mettrait fin a l’exploitation des femmes et des humains en général. Cependant pour lui la seule révolution ne pouvait effacer totalement des modes de pensées implantées depuis longtemps chez les hommes qui ne voyaient dans les femmes que des procréatrices et des ménagères.

De ce fait Bebel encouragea les femmes à lutter dès maintenant et à la fois contre l’oppression économique et contre l’oppression morale (la double oppression) qu’elles subissaient.

Bebel cotaya au sein de la deuxième internationale, Clara Zetkin qui comme lui était favorable au féminisme révolutionnaire.

Celle-ci au congrès fondateur de cette deuxième internationale à Paris en 1889 fit le rapprochement entre les problèmes des travailleurs et ceux des travailleuses en déclarant : " Inutile de décrire la situation des travailleuses, car elle est identique à celle des travailleurs ".

Clara Zetkin se rangea du côté de l’analyse de Marx et d’Engels ainsi que de celle de Flora Tristan en constatant que : " le problème de l’émancipation des femmes, c’est-à-dire en dernière instance, celui du travail féminin, est un problème économique ".

Pour elle les problèmes des travailleuses n’étaient qu’une partie des problèmes sociaux et ne pouvaient qu’être résolus que par l’avènement d’une société socialiste.

C’est pour cela qu’elle combattit les féministes bourgeoises et le mouvement féministe bourgeois qui " limite son action pour l’émancipation des femmes à la lutte contre les privilèges, la puissance de l’homme dans la famille, l’Etat et la société ".

Il est vrai que ces féministes ne proposaient rien de plus que le droit de vote et l’accession des femmes aux professions libérales.

Il n’était nullement question pour elles de s’attaquer aux racines du mal et donc au mode de production capitaliste.

Toutefois Clara Zetkin, qui concevait le fait qu’il existait une spécificité féminine qui n’était " nullement signe d’infériorité ",revint un peu sur ses positions sur le droit de vote des femmes en faisant adopter au Congré

de Gotha en 1896 des résolutions qui comprenaient, entre autres, la nomination d’inspectrices du travail, la possibilité pour les femmes d’être électrices et éligibles aux tribunaux de prud’hommes. Les autres points étaient l’égalité des droits civils des hommes et des femmes et un salaire égal pour un travail égal.

De même qu’au Congrès Internationale de Stuttgart en 1907, elle fit voter, une résolution obligeant les partis socialistes membres de la deuxième internationale à lutter pour l’obtention du droit de vote des femmes.

Les femmes au XIXe siècle ont participé à des luttes qui n’étaientt pas spécifiquement féministes comme la Commune de Paris en 1871 ; les émeutes de Nottingham en 1812 , sur la fixation du prix de la farine ; ou encore des actions pour la paix.

Le féminisme s’est développée dans ce siècle et les femmes ont crée également des organisations distinctes pour défendre leur droits et ce en dehors ou à l’intérieur d’organisations déjà existantes.

Ceci fut le cas avec la création de l’Union des femmes, inspirée par Elisabeth Dimitrieff, qui se forma en section féminine de l’Internationale ; ou encore en Angleterre avec la création de branches syndicales animées par des femmes.

Il y eut aussi la création d’organisations comme l’ICW (International Coucil of Women), dont la première convention eu lieu à Washington en 1888, qui synthétisa les revendications féminines ayant vut le jour au cours du XIXe siècle et adopta l’opinion de Flora Tristan qui était celle que l’émancipation des femmes sera aussi celle des hommes.

L’action des féministes, à remporté quelques victoires au XIXe siècle dont notamment : L’interdiction de faire travailler les femmes de plus de 21 ans aux fonds des mines et des carrières et limitation de la journée de travail à 12 heures (loi de 1874). L’interdiction de faire travailler les femmes la nuit (loi de 1892).

Jules Ferry en 1882 décréta l’enseignement obligatoire, public et laic et ouvert aux filles.

Engels, Marx, Flora Tristan (dont le combat fut poursuivi par Eugénie Niboyet et Jeanne Deroin), Bebel et Clara Zetkin ont contribué à forgé le concept d’un féminisme révolutionnaire qui s’opposera désormais et ce jusqu’à maintenant à un féminisme réformiste. Il semble, cependant, qu’avec la révolution soviétique le féminisme révolutionnaire l’est emporté historiquement sur le féminisme réformiste.


LA REVOLUTION SOVIETIQUE
ET LA MISE EN PRATIQUE DES IDEES FEMINISTES

En Russie, avant 1917, la soumission des femmes à leurs maris était complète, et l’archaïsme moral hérité de la religion était renforcé par les lois tsaristes sur la famille dont un article stipulait que : " la femme est tenue d’obéir à son mari en tant que chef de famille, de lui conserver son amour, respect et obéissance illimitée, de lui accorder toute faveur et de lui témoigner toute affection en tant que maîtresse de maison".

Il n’était pas rare non plus que le père d’une mariée offrit à son beau-fils un fouet neuf, dont on devine l’usage, en cadeau de noce.

Dans certaines provinces les femmes devaient porter le voile, dans d’autres elles étaient vendues. Les femmes, enfin, subissaient en plus de l’oppression morale et familiale, l’oppression économique.

Elles travaillaient en effet, dans des conditions extrêmement précaires.

Par exemple, elles n’avaient droit à aucun repos pendant leur grossesse et devaient continuer à exécuter des tâches pénibles et il était courant qu’une femme enceinte soit renvoyée.

Ajoutons à cela que la prostitution des femmes était fréquente car c’était pour elles, dans bien des cas, leur unique moyen de subsistance.

On comprendra, dès lors, que quand naquirent les prémices de la révolution, les femmes furent nombreuses à adhérer aux idées socialistes.

Elles avaient tout autant gagner à se révolter que les hommes (les ouvrières du textile en février 1917 en menèrent une grève de 90000 travailleurs, dans laquelle et se rallièrent au métallurgistes.) Femmes et hommes prolétaires avaient des intérêts communs pour renverser le Tsar

Comme nous l’avons vu jusque la, l’oppression des femmes était due d’une part au mode de production capitaliste et d’autre part à la conception morale bourgeoise et religieuse qui en découlait.

Lénine, pour qui : " Le marxisme est le matérialisme - A ce titre il est [...] implacablement hostile à la religion ", avait rencontré Clara Zetkin en 1920 et fut aidé par Alexandra Kollontai pour mener à bien ses actions en faveurs des femmes.

A.Kollontai avait en 1907 crée un club réunissant 200 femmes qui demandaient, parmis d’autres requêtes, la protection des travailleuses contre le travail trop dur.

Elle réfléchit au fait que : " Les capitalistes eux-mêmes se rendent parfaitement compte que la famille traditionnelle dans laquelle la femme est une esclave tandis que l’homme est responsable de l’entretien et du bien être de toute la famille...est le meilleur moyen de paralyser l’effort du prolétaire en vue de la libération "

Suivant les préceptes de Lénine qui disait : " Le prolétariat ne peut achever sa complète libération tant que les femmes ne sont pas complètement libérées ", A. Kollontai milita en faveur d’une société communiste dans laquelle : " " L’Eros ailé " se montrera sous une forme entièrement renouvelée, transformée, différente de tout ce qu’on peut imaginer aujourd’hui. " et dans laquelle : "l’amour-solidarité sera devenu l’agent moteur qu’est dans l’ordre bourgeois la compétition et l’égoïsme ".

Pour elle la morale communiste devait donc se fonder sur l’égalité et la disparition de la morgue dominatrice masculine et la soumission servile des femmes.

A. Kollontai joua un grand rôle dans les prises de décisions de Lénine en faveur des femmes. Celui-ci dès le lendemain de la révolution d’Octobre décida de la mise en place de mesures en faveur des femmes et de leurs droits.

Le 22 décembre 1917 fut décréter la création d’une assurance maladie. Le 19 et 20 décembre 1917, Lénine publia deux décrets qui avaient pour but de remplacer le mariage religieux par un mariage civil. S’en suivit un nouveau code du mariage qui donnait à la femme les mêmes droits qu’à l’homme.

En janvier 1918 fut mis en place le Ministre pour la protection de la femme et de l’enfance.

Il fut accordé aux mères 2 mois de congés avant et après l’accouchement. Les femmes enceintes furent amenées à exécuter des travaux moins pénibles qu’avant leur grossesse.

Et on assista à la construction de cliniques, de crèches et de dispensaires, et ce même dans les usines ou les pouponnières prenaient en charge les enfants pendant que les femmes travaillaient..

Le divorce qui auparavant était difficile à obtenir à cause d’harrassantes démarches administratives et parce qu’il coûtait cher fut grandement simplifié.

Pour finir Lénine avait même décrété, 1921, le 8 mars journée des femmes.

Journée des femmes qui commémorait une grève des ouvrières du textiles de New York qui le 8 mars 1857 les avaient fait s’opposer violemment à la police.

Marx avait écrit que : " Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais leur existence qui détermine leur conscience ".

La révolution de 1917 avait changé les conditions d’existence des hommes et des femmes et leur avait donné une autre approche de leur relation.

Elle avait fait accéder les femmes à des postes auxquels elles n’avaient jamais pu avoir accès auparavant (A.Kollontai fut la première femme ambassadeur) ou tout simplement à avoir un salaire égal à celui d’un homme pour le même travail, elle avait supprimé la prostitution, la pornographie, légalisé l’avortement, fait en sorte que les femmes n’est plus à s’occuper des taches ménagères par la création de collectifs ménagers.

La révolution soviétique en instaurant la collectivisation des moyens de production et en chassant la religion avait délivré les femmes du patriarcat en détruisant tout ce qui soutenait cette idéologie.

Cependant Lénine eut l’intuition que : " Les lois ne suffiront certainement pas, et nous ne pouvons en aucune façon nous contenter de décrets. En ce qui concerne la législation, nous avons fait tout ce qui était requis pour rendre la situation de la femme égale à celle de l’homme.

Nous avons le droit d’être fiers : maintenant, la situation de la femme en Union soviétique est telle, que même chez les nations les plus progressistes, on devrait la considérer comme idéale. Et pourtant, nous disons que ce n’est qu’un commencement "

Ce n’était en effet qu’un commencement car d’autres pays qui allaient connaître une révolution socialiste poursuivraientt l’oeuvre de Lénine en empruntant le même chemin que la révolution d’Octobre.

Ceci fut le cas avec la révolution chinoise dont l’instigateur Mao proclamait : " Il faut que toute la main-d’oeuvre féminine prenne sa place sur le front du travail où sera appliqué le principe "à travail égal, salaire égal " ".

Celui-ci comprenait aussi que : " Le principe " à travail égal, salaire égal " " doit être appliqué dans la production .

Une véritable égalité entre l’homme et la femme n’est réalisable qu’au cours du processus de la transformation socialiste de l’ensemble de la société ".

Dans le Code du travail de la R.D.A. on pouvait lire : " En régime socialiste, l’égalité de la femme se trouve pleinement réalisée par sa participation au monde du travail et par sa participation active à la direction de l’Etat et de l’économie " et " les femmes devront bénéficier de la priorité dans le domaine de la qualification des travailleurs.

Il convient en particulier de leur donner une formation leur permettant d’exercer des fonctions responsables dans tous les domaines ".

L’activité des femmes dans la vie économique et sociale des pays socialistes a été n concrète.

Elle s’est traduite par leur engagement dans la guerre civile qui à suivie la révolution de 1917. Par leur résistance au nazisme lors du siège de Leningrad, qui dura 900 jours, en septembre 1941 et janvier 1944. Plus 100000 d’entre elles s’engagèrent en Yougoslavie chez les partisans.

En URSS en 1981 on pouvait compter qu’un ingénieur sur deux était une femme et qu’elles occupaient 40 % Des postes d’agronomes et de vétérinaires. En R.D.A., toujours, 45% de la main-d’oeuvre était composée de femmes.

Les pays socialistes et leurs théoricien(ne)s ont donner un formidable apport à la libération des femmes dont les féministes s’inspireront par la suite tout au long du XXe siècle.


VERS LE RENOUVEAU DU FEMINISME

Le XXe siècle va subir le drame de deux guerres mondiales, dans lesquelles, à chaque fois, les femmes vont s’investir. Elle le feront soit dans les usines pour remplacer les hommes partis au combat, soit sur les terrains de combats eux-mêmes en tant que soldates ou infirmières.

Pendant la deuxième guerre mondiale elles furent d’efficaces résistantes et elles payèrent de leurs vies, tout autant que les hommes, leur héroïsme.

Ainsi à Ravensbruck furent internées environ 7000 françaises. En Italie 4653 femmes furent arrêtées et torturées, 2750 furent déportées.

Les femmes ne combattaient pas seulement contre l’idéologie raciste des régimes nazis mais aussi parce qu’ils renforçaient encore l’idéologie patriarcale. Ainsi en Allemagne on prôna pour les femmes le triptyque : "enfants, cuisine, église. Et y on licencia par décrets toutes les mères de familles travaillant dans la fonction publique.

Les nazis sélectionnaires aussi les femmes qu’ils considéraient comme les plus pures pour les donner en mariage aux dignitaires du régime ou au nazi afin de perpétuer une mythologique et folle idée d’une " race aryenne "

En Espagne, Franco supprima tout les droits que les femmes avaient acquis pendant la république.

Et en France l’idéologie nazi de Pétain fit de la famille un sacerdoce et venta les mérites de la mère de famille.

Après la deuxième guerre mondiale, comme après la première guerre mondiale, les femmes furent renvoyées dans leur foyer et aux USA on utilisa même une campagne de propagande pour les faire obtempérer.

Dans ce pays ainsi qu’en Angleterre les crèches, garderies, cantines qui avaient été mises à la disposition des femmes pour garder les enfants pendant qu’elles travaillaient disparurent une fois la guerre finie

Les femmes ont obtenues le droit de vote en France le 21 avril 1944 (rappelons toutefois que la Nouvelle-Zélande fut le premier pays à leur donner ce droit en 1893).

Mais ce fut le seul droit qu’elles allaient obtenir pour l’instant, les autres viendraient après de longues luttes, comme pour les droits qu’elles avaient obtenues au début du XXe siècle dont en voici quelques uns : par la loi du 13 juillet 1907 les femmes ont pu administrer le produit de leur travail et de leurs économies.

En 1909 les femmes ont eu droit à un congé de maternité de 8 semaines sans rupture du contrat de travail, et celui-ci fut payé pour les institutrices à partir de 1910. En 1924 un décret entraîne l’équivalence des baccalauréats pour les filles et les garçons.

Après la deuxième guerre mondiale l’avortement reste un délit fortement réprimé et il en est de même pour la publicité en faveur de la contraception.

Il est vrai que la France comme les autres pays adhérants au plan Marshall avait besoin de main-d’oeuvre et péblicita les familles nombreuses donc les travailleurs/seuses de l’armée industrielle.

En 1949 parait un livre dont le contenu va en faire la pierre angulaire du féminisme de la fin du XXe siècle.

Ce livre c’est " Le deuxième sexe " et dans celui-ci son auteur, Simone de Beauvoir, y expose sous tous les angles (psychologique, mythologique...) les problèmes des femmes.

Bouleversant les données des débats en cours chez les féministes de l’époque de Beauvoir, si elle concède que le travail est une phase de l’émancipation féminine elle considère que toutefois : " La majorité des femmes qui travaillent ne s’évadent pas du monde féminin traditionnel ; elles ne reçoivent pas de la société, ni de leur mari, l’aide qui leur serait nécessaire pour devenir concrètement les égales des hommes ".

Sa position sera la même en ce qui concerne le droit de vote des femmes qui pour elle n’est qu’une solution réformiste. Elle résume cette approche en appuyant sur le fait qu’: "Il ne faudrait pas croire que la simple juxtaposition du droit de vote et d’un métier soit une parfaite libération : le travail aujourd’hui n’est pas une liberté ".

La solution pour que la femme s’émancipe et s’épanouisse totalement réside donc : " seulement dans un monde socialiste".

De Beauvoir décrit aussi le fonctionnement sociopsychologique de la femme. Et elle explique que ce n’est nullement la nature qui fait que les femmes sont ce qu’elles sont, mais que cela est dû à un ensemble de préjugés, de lois et de coutumes, elle résumera tout ceci en affirmant : " On ne nait pas femme : on le devient "

Cependant pour elle il existe bien une spécificité féminine, et il n’est en aucune façon question que les femmes ressemblent totalement aux hommes.

Elle explique ceci par une phrase : " Renoncer à sa féminité c’est renoncer à une part de son humanité ".

Si pour la compagne de Sartre il est indispensable que les femmes travaillent, un autre de leur combat doit consister en la maîtrise de leur sexualité, pour elle : " La libération des femmes commence au ventre ". Cette revendication va être une des principale revendications des féministes de la fin du XXe siècle.

De l’autre côté de l’atlantique les féministes américaines vont créer, sous l’impulsion de Betty Friedan, le NOW (National Organization of Women) dont Betty Friedan résume l’objet : " Le NOW se consacre à l’idée que les femmes d’abord et avant tout sont des êtres humains qui, comme les autres personnes de notre société, doivent avoir l’occasion de développer à fond leur potentiel humain ".

De Beauvoir et ce courant féministe vont voir leurs efforts en faveur de la cause féministe être propager par les mouvements étudiants qui vont naître tout au long des années 60.

Ca sera le cas en France avec Mai 68 qui va aussi s’imprégner des écrits de Wilheim Reich.

En Allemagne Reich fonda en 1931, avec l’aide du KPD, l’ " Association allemande pour une politique sexuelle prolétarienne ". Il l’avait crée afin que les prolétaires puissent aussi soigner leurs névroses, et que cela ne soit pas seulement réservé au gens fortunes.. Mais l’autre but de cette association était, pour lui, que la science soit un outil au service des masses, et ne soit plus une espèce d’académisme bourgeois.

Cette association qui portait aussi le non de Sexpol indiquait dans sa plate-forme que : " L’oppression sexuelle est un facteur réactionnaire d’une grande importance car :

1. En tant que force idéologique puissante elle est un des piliers de la religion [...]

2. Elle soutient l’ordre familial et conjugal qui exige pour son maintien le rabougrissement de la sexualité "

Reich analysa le refus de légaliser l’avortement par le système capitaliste et en conclut que : " Le capitalisme et l’impérialisme ne peuvent renoncer à une surpopulation prolétarienne rêvée pour l’industrie et l’armée "

De ce fait la Sexpol revendiqua la légalisation de l’avortement et la distribution de produits et de moyens contraceptifs gratuits.

Reich, étudia le mécanisme de l’orgasme et ses répercussions psychologique et psychologique et vit que seuls des partenaires ayant la capacité de s’unir avec tendresse et respect pouvaient accéder à la " formule de vie " qu’était la formule de l’orgasme.

Mais cette " formule de vie " était déviée et réprimée par les institutions, la religion et l’éducation dans le mode de production capitaliste et cela débouchait sur des névroses, psychoses et une " misère sexuelle " donnant lieu à la haine, la violence (sexuelle ou non) et la soumission politique. Pour lui " La répression des besoins sexuels provoque l’anémie intellectuelle et émotionnelle général, et en particulier le manque d’indépendance et d’esprit critique "

Il avait fait la jonction entre marxisme et freudisme ("Matérialisme dialectique et psychanalyse "), avait compris que " La base de la famille des classes moyennes est la relation de type patriarcal du père avec la femme et les enfants.

Il est en quelque sorte l’interprète et le symbole de l’autorité de l’Etat dans la famille " (La révolution sexuelle). Dans cette famille de type patriarcale, Reich en avait analysé les relations et conclu qu’" " aucune personne sensée ne parlera d’amour lorsqu’un homme cohabite avec une femme qui est pieds et poings liés ".

Pour détruire ce type de relation il se tournait vers la révolution soviétique et il visita l’URSS en 1929. Il en tira la conclusion que " La législation sexuelle soviétique était l’expression la plus claire de la première attaque de la révolution sexuelle contre l’ordre sexuel réactionnaire ". Il avait été conquis par les mesures mises en place en URSS pour l’éducation sexuelle, la légalisation de l’avortement et les facilités données aux femmes pour garder leurs enfants ou encore leur intégration dans la vie sociale et économique du pays.

La compréhension de la répression du mode de production capitaliste sur la répression sexuelle et donc l’interdiction d’avoir une vie sexuelle saine et ce surtout chez les femmes, fut aussi un des points essentiels avec la lutte pour le droit à l’avortement des luttes féministes de la fin du XXe siècle.

Ces luttes passeront par des grandes manifestations comme celle qui avait réunit dans les rues de New-York en août 1970, 50000 femmes.

Le même jour des féministes françaises firent une action éclatante : elles déroulèrent autour de la tombe du soldat inconnu, sous l’Arc de triomphe deux banderoles. Sur l’une on pouvait lire " Un homme sur deux est une femme " et sur l’autre : " Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme " et elles déposèrent une gerbe " A la mémoire de la femme inconnue du soldat ".

A San Francisco des féministes marxistes-léninistes militent en faveur d’un " mouvement prolétarien de libération des femmes ". On brûle des soutiens gorges devant la maison blanche.

Le MLF, le Mouvement de Libération des Femmes, naquit en Octobre 1970.

Le mouvement à son début comportait des mères de familles, des femmes venues des milieux révolutionnaires dont une grande partie du milieux maoïste. Le MLF sera aussi composé de lesbiennes et on y retrouvera un courant psychanalyste,.

Le MLF va notamment se battre pour le droit à l’avortement et la contraception. Ce combat le Planning Familial (qui scissionnera en 1973 pour donner naissance au Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception) l’a entrepris dès 1953.

Les mouvements suivent en cela la voie de quelques personnes qui ont plaidée pour la dissociation de la sexualité et de la procréation comme ce fut le cas dès 1920 de Nelly Roussel qui préconisa " la grève des ventres ".

Dans la pratique il existait déjà des cliniques qui pratiquaient le contrôle des naissances. Elles ont été instituées aux USA par Margaret Sanger en 1921 et en Angleterre par Marie Stopes. Elles furent rejointes par Lise Ottesen-Jense en Suède et en France ce fut Mme Weill-Hallié qui lutta pour ce droit.

En avril 1971 343 femmes font signer un appel qui sera publié dans le " Nouvel Observateur " et dans lequel, elles avouent avoir avorté et se prononcent pour le droit à l’avortement. Il sera signé en autre par : Stèphane Audran, Gisèle Halimi, Marguerite Duras, Simone de Beauvoir et Jeanne Moreau.

En voici le texte :

" Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre ".

Les 343 premières signatures de cet appel seront suivies par des milliers d’autres et le MLF, inspirateur de l’appel lancera à l’occasion le " Mouvement pour la Liberté de l’avortement " avec pour slogan : " Notre ventre nous appartient ".

Le droit à l’avortement et à la contraception n’etait, du reste, pas le seul combat du MLF à l’époque. Le 9 avril 1973 il organise à la Mutualité la journée de dénonciation des crimes contre les femmes. Il organisera par la suite les journées de la Foire du Trône en 1973 on y caricaturera toutes les formes d’oppressions et de sévices dont sont victimes les femmes.

Tout ceci à pour but de remettre en cause les traditions et la mentalité de domination masculine, qui en cette fin de XXe siècle est encore bien présente.

Cette domination masculine rappela aux féministes la domination colonialiste de certains pays et celle subie par les noirs américains de la part des blancs. De la notion de racisme découlera celle de " Sexisme ", mot crée en 1974 par la Ligue du droit des femmes (présidée par Simone de Beauvoir)

La lutte des féministes de l’époque, soutenue notamment par H.P. NEWTON ministre de la Défense du Black Panther Party qui déclare appuyer : " le juste combat des femmes ", revendiquait le droit à l’avortement et à la contraception.

Ce droit qui n’était pas une finalité en soi était en fait un moyen pour les femmes de pouvoir avoir des relations sexuelles sans pour autant tomber fatalement enceinte ou être mère d’un enfant qu’elles n’auraient pas désirée (on sait d’autre part que les enfants non désirés sont souvent par la suite victimes d’abandon par leur mères, de sévices de la part des parents qui leur reprochent leur présence...).

Ce droit à l’avortement leur fut accordé en 1975, mais il faudra attendre 1980 pour que l’Interruption Volontaire de Grossesse soit enfin définitivement légalisée et 1982 pour qu’elle soit enfin remboursée.

La contraception sera, quand à elle, autorisée en 1967 par la loi Neuwirth, mais il faudra quand même attendre 1974 pour que les frais relatifs à la contraception soient remboursés.

Les autres revendications des féministes concernaient l’emploi et l’accès au droit a un travail et un travail payé à égalité de celui des hommes.

En 1965 une loi stipula que le mari n’avait plus le pouvoir de s’opposer à l’exercice d’une profession par sa femme.

Le Code du Travail (article L-133-3) introduisit le principe à " travail égal, salaire égal" en 1971.

En 1975, année internationale de la femme, fut aussi promulguée une loi interdisant toute discrimination à l’embauche en raison du sexe.

Cette loi sera complétée par une autre en 1983 sur l’égalité professionnelle interdisant toute discrimination en raison du sexe.

En ce qui concerne les relations avec les maris les femmes obtiendront en 1970 une loi leur donnant la possibilité de donner leur nom de naissance à leur enfant et de contester la paternité du père. En 1975 le divorce est possible par consentement mutuel. En 1984 est reconnue l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et pour l’administration des biens ainsi que pour l’éducation des enfants. Une loi datant de 1992 réprime les violences conjugales, et depuis 1990 le viol par l’époux et susceptible de passer en cour de cassation.

Les féministes des années 70 ont amplement contribuées à ce que les femmes accèdent à des droits dont elles avaient été privées jusque la.

Cela ne s’est pas fait sans la résistance des archaïsmes principalement religieux.

Ceux-ci se sont surtout acharnés contre le droit à l’avortement et à la contraception. Ainsi le mouvement Pro-Life, soutenuent par l’extrême-droite, attaque les cliniques pratiquant l’avortement et tuent les médecins qui l’effectue.

En France ce mouvement est relayé par l’ association " Laissez-les vivre ", ou d’autres, cache-sexe des catholiques intégristes (ou pas) et du Front National.


LE FEMINISME EST-IL MORT ?

Les femmes des pays du Sud furent à l’initiative de la Première Conférence des Femmes qui s’est tenue à Mexico en 1975. Trois autres Conférences des Femmes suivront celle-ci

Dans ces conférences les femmes (féministes, membres d’ONG...) ont dénoncé le capitalisme et la mondialisation de l’économie comme étant les responsables principaux des souffrances endurées par les hommes en général et les femmes en particulier.

Lors de la deuxième Conférence des Femmes qui se déroula à Copenhague en 1980, les féministes ont démontrées que les femmes effectuaient 66% des heures de travail, payées ou non payées, mais qu’elle ne touchaient que 10% du revenu mondial.

A l’occasion de la troisième Conférence des Femmes qui eut lieu à Nairobi en 1985, les femmes du Sud ont accusé le néo-colonialisme d’être responsable de l’appauvrissement d’un continent comme l’Afrique.

Appauvrissement dont les femmes sont les premières à en subir les effets : montée de l’intégrisme, augmentation des budgets militaires au détriment de ceux de la santé, famine, pauvreté qui amènent certaines femmes à se prostituer pour survivre et enfin le développement du SIDA dû à l’obscurantisme religieux et aux manques de moyens financiers pour endiguer cette maladie dans les pays du Sud.

Dans les pays du Nord, malgré une intégration des femmes dans la vie économique et sociale pratiquement " réussie ", le taux de chômage des femmes est toujours de 3 à 4 points supérieur à celui des hommes.

Les salaires des femmes, et ce malgré les lois, de 25 % (20% en France) inférieurs à ceux des hommes.

Quand une entreprise licencie, les femmes sont les premières à recevoir leurs lettres de licenciement et elles sont plus nombreuses à choisir le temps partiel, dans une entreprise, pour s’occuper de leurs enfants.

En ce qui concerne les violences il y eut en 1993 5605 plaintes pour viol en France et 12732 femmes battues ont portés plaintes en 1990 (on estime leur nombre à environ 2 millions)

A partir de la fin du XIXe siècle les femmes ont lutté durement et longtemps pour obtenir des droits qui leur ont été finalement octroyés. Les principaux demeurent le droit au travail, un salaire égal pour un travail égal, l’éducation et des diplômes similaires à ceux des garçons, le droit que leur ventre leur appartienne, et une relative égalité avec leur maris.

Nonobstant, ces droits acquis demeurent à la lumière des statistiques toujours fragiles et trompeurs.

Les filières universitaires que suivent les filles, sont celles que les préjugés considèrent êtres faites pour elles.

Ainsi les filles sont majoritaires en lettres et sciences humaines. Mais peu se retrouvent en sciences économiques ou en médecine

En ce qui concerne les filières dans les lycées professionnels la quasi-totalité des filles se retrouvent dans les secteurs du secrétariat ou d’employées de bureau alors qu’un secteur comme la mécanique est monopolisée par le sexe masculin.

Ce même découpage se retrouve dans la vie professionnelle. Alors que des professions comme chauffeurs routiers, mécaniciens, manutentionnaires, maçons sont accaparées par les hommes, les femmes occupent la quasi totalité des postes de puéricultrices, de sages-femmes, de manucures (non déclinés au masculin) de secrétaires, d’assistantes sociales.

En ce qui concerne les archétypes qui concernent l’image que l’on se fait du sexe masculin et du sexe féminin, le premier continue à demeurer actif, énergique, combatif, direct, charmeur, courageux.

Le sexe féminin, dans l’imaginaire collectif, demeure docile, doux, sensible, faible, peureux, coquet, sentimental.

Pour ce qui est des tâches au sein de la famille, la femme continue à être celle qui s’occupe des travaux ménagers, des enfants, des courses alors que le mari s’attelle au bricolage, à regarder le sport à la télévision, à gérer l’épargne, à travailler.

En dehors de ces cas de figures généralisés dans les pays occidentaux, il reste que les femmes des pays du Sud souffrent elles, du patriarcat et n’ont bien souvent connues aucune amélioration dans leurs conditions de vie. Ainsi en Iran le port du Tchador est obligatoire et on les bat pour une robe trop moulante.

On recense en Afrique et dans la péninsule arabique plus de 80 millions de victimes de l’excision et de l’infibulation. Dans les pays du Sud la prostitution toucherait environ un million de fillettes. Selon des données datant de 1995 l’Afrique compterait 2000000 de personnes touchées par le SIDA dont la majeure partie est composée de femmes.

Enfin la pauvreté endémique des pays du Sud frappe en grande quantité plus les femmes que les hommes et elles sont beaucoup plus touchées que les hommes par les guerres civiles.

A la lumière des données sur les conditions de vie des femmes en Occident ou dans les pays du Sud, on ne peut que constater que la lutte des féministes n’est pas morte et qu’aujourd’hui elle doit continuer

En Occident, malgré la législation et les déclarations de principe, malgré un semblant d’abolition du sexisme au travail, malgré une hypothétique intégration des femmes dans la vie sociale, économique et politique, on ne peut s’apercevoir que la femme n’est pas encore considérée comme l’égale de l’homme.

On observe que la publicité : soit dégrade l’image de la femme, soit la relègue à un rôle traditionnel de mère de famille.

La publicité n’est pas la seule en cause et cela se retrouve aussi dans une certaine forme de culture ou l’homme est éternellement courageux et la femme éternellement peureuse, ou l’homme doit être éternellement dominateur et la femme éternellement soumise.

Ce perpétuel clivage virilité/féminité se retrouve dans certains films (surtout américains) dans certains livres ou certains styles musicaux (le rap dont certains animateurs attaquent délibérément les femmes : l’expression " Nique Ta Mère ").

Quand on sait que les idées dominantes sont les idées de la classe dominante est que celles-ci incarnent le mode de production capitaliste on ne peut que constater que tant que le mode de production capitaliste existera, la femme aura toujours la place de seconde, derrière l’homme.

(1) Contrairement aux idées reçues, les celtes, leur mythologie et tout se qui se rapproche de près ou de loin à leur nom, n’ont aucun lien avec une quelconque idéologie fasciste quelqu’elle soit.

La mythologie celte était évhémériste, les celtes ne plaçaient aucun dieu au-dessus d’eux et croyaient que si un dieu existait il était en chacun de nous.

Ce qui annulait alors l’existence d’un dieu sup "rieur et donc la prétendue supériorité d’une classe dominante sur les autres. Ceci est bien contraire à l’idéologie fasciste qui est irrémédiablement élitiste et croit en la supériorité de certains hommes quand ce n’est pas en la supériorité d’une race.

(2) L’auteur de ce texte ne fait qu’effleurer, et ce délibérément, les rapports des femmes avec la religion et du mode de production capitaliste. Cela sera l’objet d’un prochain texte ou d’une éventuelle brochure.