CONGRES
DES COMITÉS VIETNAM DE BASE - RAPPORT DE CLÔTURE
Le travail que nous avons à faire est immense.
Mais nous devons être conscients que le développement en France de la lutte anti-impérialiste ne dépend pas seulement de nos propres efforts subjectifs.
Le développement victorieux de la lutte des peuples contre l'impérialisme est inéluctable.
L'impérialisme U.S. se débat dans des contradictions de plus en plus insurmontables.
Cela créera sans cesse des conditions objectives plus favorables.
Car l'aspect fondamental de la lutte anti-impérialiste en France, c'est qu'elle se place d'abord sous l'autorité des peuples qui sont aux premières lignes face à l'impérialisme U.S. et qui lui portent les coups les plus sévères.
D'autre part les intérêts du peuple français, avant tout les travailleurs, et ceux des larges masses exploitées d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine convergent. Leur solidarité a donc une base objective : les travailleurs français sont du même côté que les peuples opprimés face aux impérialistes et aux exploiteurs.
C'est ce que signifie la sympathie incontestable du peuple français pour la lutte du peuple vietnamien.
Il n'est pas inutile, à l'issue du congrès, de rappeler les conditions extrêmement favorables de la lutte anti-impérialiste, les perspectives grandioses ouvertes à la lutte des peuples, et frayées par le peuple vietnamien.
La récente offensive généralisée a révélé au monde entier les ressources infinies de la guerre populaire.
Celle ci a franchi diverses étapes : tout d'abord la lutte politique dans les villes et dans les campagnes contre la dictature américano-diémiste ; puis, grâce au travail politique, la lutte armée a embrasé tout le pays : dans une première phase la guérilla, et peu à peu la guerre de mouvement et aujourd'hui la guerre de position.
Tout au long de ces années de combat, une armée du peuple s'est édifiée et renforcée, les glorieuses Forces Armées Populaires de Libération, opérant en étroite coordination avec les forces régionales et les guérilleros des milices locales.
Aujourd'hui, la situation militaire des Yankees au Vietnam est catastrophique, et le remplacement de Westmoreland n'y pourra rien changer. Les U.S.A sont dans une passivité stratégique totale : capables encore il y a quelques années de mener de grandes opérations dans plusieurs régions, les soldats U.S sont aujourd'hui terrés dans leurs bases.
Les généraux U.S ne peuvent plus que balader leurs quelques unités encore disponibles d'une ville à l'autre pour parer au plus pressé.
Tous les plans successifs du haut commandement américain ont été de piteux échecs.
La caractéristique principale de la façon dont les Yankees mènent la guerre est le subjectivisme total :
leurs généraux passant d'une idée à l'autre, essaient une technique après l'autre et essuient
défaite après défaite.
Incapables d'analyser scientifiquement une situation qui leur échappe complètement,
d'évaluer un rapport de forces dont l'élément principal, le peuple, leur est complètement étranger,
les agresseurs yankees n'ont pas arrêter de ballotter entre différentes stratégies :
échec des « hameaux stratégiques » et du plan Staley-Taylor, échec de la stratégie dite des
deux mâchoires de la tenaille (recherche et destruction d'un côté, « pacification » de l'autre),
échec de la tactique de l'héliportage et de la « First Cav », échec de la ligne Mac Namara, échec
des bombardements massifs, échec du cordon de bases côtier, etc...
Il en sera de même pour toutes les mesures qui pourront encore germer dans la tête des stratèges du Pentagone, qu'il s'agisse du repli sur les villes, de l'invasion du Nord ou de l'emploi d'armes atomiques tactiques.
Chaque nouveau plan est une corde nouvelle qui se resserre au cou des Yankees.
La capacité de combat des troupes U.S a décru sans arrêt : les Yankees n'ont pas plus de 42 bataillons mobiles aujourd'hui, leurs unités de commando comme les « Marines » sont enfouies à Khe Sanh, leurs unités de parachutistes n'ont encore jamais sauté et sont utilisées au quadrillage des villes, l'absence de tout arrière proche nécessite une énorme infrastructure logistique extrêmement vulnérable et incapable de digérer les moindres renforts, une immobilisation fantastique d'hommes et de matériels est nécessaire au fonctionnement d'un simple bataillon opérationnel ; l'aviation stratégique doit être utilisée à des missions tactiques et l'aviation tactique à des missions stratégiques.
L'avion le plus moderne, le F111 envoyé au Vietnam il y a quelques jours, à grand renfort de publicité tapageuse a fait la preuve de son efficacité, de son efficacité à être descendu : deux avions en trois jours.
Le moral des troupes U.S descend au-dessous de zéro, mais moins vite cependant que celui des troupes fantoches où cela va de pair avec leur désagrégation.
Aujourd'hui l'alternative pour les Yankees n'est pas entre la victoire et la défaite, mais entre la défaite et une défaite encore plus cuisante.
Le développement de l'agression U.S est régi par une loi inexorable : celle du développement ininterrompu des défaites et une faiblesse de combat sans cesse accrue : regardons l'expérience des dernières années, elle fait apparaître trois règles d'airain :
-plus les Yankees envoient de renforts, plus ils subissent de pertes.
-plus ils engagent de matériel et d'armements, plus ils subissent de dégâts et de destructions.
-plus la guerre dure, plus leur capacité combative s'affaiblit.
Inversement, la loi qui régit la lutte du peuple vietnamien est celle du développement sans cesse accru des victoires et d'une puissance de combat sans cesse accrue.
Les contradictions accentuées des agresseurs U.S sur le plan militaire ont pour cause principale leurs contradictions politiques fondamentales :
-Ils mènent une guerre d'agression, à 13 000 km de chez eux sans arrière politique et donc sans arrière militaire.
-Ils doivent nécessairement s'appuyer sur un gouvernement fantoche déconsidéré, qui loin de leur faciliter la tâche en leur fournissant un point d'appui local n'est qu'un boulet attaché à leurs pieds.
-Ils font face à un peuple uni tout entier « résolu à combattre, déterminé à vaincre » comme dit la devise du Front National de Libération.
Au Vietnam les Etats-Unis doivent, comme partout ailleurs, s'appuyer sur la fiction néo-coloniale.
C'est là la contradiction fondamentale de leur politique d'agression.
Il leur faut, pour opprimer les peuples, une base d'appui locale, mais celle-ci ne peut être composée que des fractions les plus réactionnaires, et donc ne peut que dresser le peuple tout entier d'une même haine contre les agresseurs et leurs valets.
Giap déclare : « Le néo-colonialisme est le fruit de la collusion et du compromis entre les impérialistes d'une part et la bourgeoisie compradore et la classe des propriétaires fonciers et des féodaux des pays colonisés de l'autre, tendant à perpétuer le colonialisme sous des formes et des méthodes nouvelles et à étouffer le mouvement révolutionnaire des larges masses. »
Ce compromis dont parle Giap est nécessaire à l'impérialisme à l'époque actuelle, mais on voit qu'il ne fait qu'accentuer ses contradictions et dévoiler ses faiblesses.
C'est une béquille branlante.
De fait les Yankees sont obligés, comme au Vietnam, face à l'extension de la guerre du peuple en Asie, en Afrique, en Amérique Latine, soit d'abandonner leurs protégés, déclenchant ainsi la panique de ceux-ci et l'écroulement de leur réseau d'oppression et de pillage, soit d'intervenir toujours plus massivement comme au Vietnam et d'aller vers des défaites toujours plus lourdes.
Le mur pourri de l'impérialisme s'écroulera inéluctablement, car les luttes de libération nationale, la guerre du peuple se développera inéluctablement, aiguisant chaque jour les contradictions de l'impérialisme U.S. Ces contradictions sont déjà mises à jour et accentuées par la guerre du peuple vietnamien.
En effet, jamais l'impérialisme ne se transformera de lui-même, jamais il ne se transformera en un agneau paisible.
Seule la lutte des peuples le conduira à la tombe. La lutte du peuple vietnamien lui a déjà fait faire un bout de chemin dans cette voie, elle multiplie ses contradictions. Quelles sont-elles ?
1) Tout d'abord, le manque d'effectifs : malgré les demandes répétées des généraux yankees, l'impérialisme ne peut envoyer des troupes illimitées, plus il en envoie, plus la situation politique et économique aux U.S.A se détériore.
De plus les besoins d'agression des U.S.A exigent une répartition des troupes à travers le globe : il doit en envoyer à la fois au Vietnam et dans le Sud-Est asiatique, en maintenir un peu partout dans le monde, en garder aux U.S.A mêmes comme force de réserve contre le peuple américain lui-même.
Deux exemples illustrent cette impasse :
-l'affaire du « Pueblo » où les Yankees, faute de moyens pour s'en servir comme prétexte d'agression ont dû accepter que leurs pratiques d'espionnage soient démasquées.
-les plaintes yankees face au dégagement des troupes britanniques à l'est de Suez, par lesquelles ils se reconnaissent ouvertement incapables de remédier à la défaillance de leur complice...
2) L'effondrement financier : les exigences de la politique d'agression des U.S.A en particulier au Vietnam ont entraîné un déficit catastrophique de leur balance des paiements, une dévaluation constante du dollar.
La récente crise de l'or qui ébranle le système monétaire impérialiste en est l'aboutissement.
Ou plutôt le commencement.
3) Les contradictions aux U.S.A mêmes : du fait de la guerre au Vietnam une partie importante de la jeunesse s'oppose à l'enrôlement et refuse de servir de chair à canon au gouvernement impérialiste. La hausse de la fiscalité et des prix nécessitée par les dépenses militaires a provoqué un mouvement de grèves sans précédent chez les travailleurs depuis la guerre de Corée.
Enfin, la lutte des Afro-Américains se développe et constitue une grave menace au sein même du repère impérialiste.
4) L'isolement mondial : quelque soient les planches qu'on essaie de tendre aux Yankees, les masses populaires du mode entier condamnent énergiquement l'impérialisme américain.
Partout, puisque dans les villages d'Afrique et d'Amérique Latine, la lutte du peuple vietnamien et connue et soutenue.
Face à ces mouvements populaires les alliés directs et indirects de l'impérialisme U.S ne peuvent plus suivre aveuglément le chef de file de la réaction mondiale.
5) Les contradictions internes : le camp impérialiste est lui-même divisé.
Les politiciens s'affairent pour trouver des solutions de rechange. La campagne d'un Kennedy reflète ces contradictions, qui montrent la panique de l'impérialisme, déchiré en fractions.
Cette impasse de l'impérialisme, c'est le produit de la lutte des peuples.
C'est la lutte des peuples après la deuxième guerre mondiale qui a imposé l'abandon du colonialisme classique ; c'est la lutte du peuple vietnamien qui porte les coups les plus sévères aux Yankees et les a forcé à dévoiler leur vrai visage.
La lutte des peuples ne peut que se développer. Après le Vietnam et le Laos, la Thaïlande. Partout dans le monde, les peuples affûtent leurs armes pour abattre l'impérialisme, partout ils étudient l'expérience révolutionnaire du peuple vietnamien, partout ils se préparent au combat.
Les jours de l'impérialisme sont comptés, nous sommes à l'époque où l'impérialisme va à sa perte.
Certes, la lutte sera encore longue, elle sera même encore plus douloureuse car le fauve encerclé se débat férocement.
C'est cela qui fonde à la fois notre action et le certitude de son succès.
La lutte des peuples est notre guide sûr, si les comités Vietnam de base sont fidèles aux enseignements de la guerre du peuple vietnamien, s'ils étudient avec enthousiasme l'expérience révolutionnaire des peuples vietnamiens et lao, leur propagande sera ferme, assurée, résolue.
Dans ce champ de bataille où s'affrontent les peuples et l'impérialisme, nous avons notre place à tenir.
Nous savons que l'issue de la bataille est certaine, mais que le combat durera longtemps et sera rude. Nous ne sommes certes pas aux premières lignes.
Mais nous devons prendre exemple sur nos camarades des premières lignes, nous inspirer fermement de leur résolution et de leur patience et sur notre propre front être sur l'offensive.
Notre congrès a permis de préciser quelles sont nos trois armes principales :
-une ligne politique juste
-un style de masse
-des comités de base unitaire
Nous connaissons ces trois armes. Elles nous ont permis de remporter déjà des succès importants. Mais nous ne savons pas encore nous en servir aussi bien qu'il faudrait.
La ligne politique s'affermit et s'approfondit par la lutte politique, l'étude de l'expérience révolutionnaire du peuple vietnamien, par un combat incessant contre les conceptions erronées.
Le style de masse s'acquiert chaque jour dans la rue et non en chambre. C'est une création de chaque jour au contact des masses et non un label acquis une fois pour toutes. Comme le dit la résolution de la commission sur la propagande à la base :
-feu sur le style stéréotypé
-place aux idées vivantes
-c'est dans la rue que se fait la critique, la propagande.
Enfin le style de masse, c'est un style de travail enthousiaste, militant, résolu.
Le comité de base unitaire regroupe sur un quartier, une rue, une usine, un lycée, un T.P tous les anti-impérialistes résolus. Il doit associer à son travail tous les sympathisants, il est le facteur décisif du ralliement à des positions justes de tous les militants trompés par les faux amis du peuple vietnamien.
Le congrès a permis à tous les militants de connaître ces trois armes, de tirer le bilan de leur utilisation. Aujourd'hui, nous les avons plus fermement en mains. Servons nous en avec audace. Le Mouvement anti-impérialiste des Comités Vietnam de Base unira sans cesse plus d'anti-impérialistes résolus, utilisons la résolution politique pour réaliser l'unité avec les militants de base d'autres organisations et démasquer ceux qui s'opposent à un juste soutien.
Appliquons les mots d'ordre des diverses commissions du congrès. Le Mouvement anti-impérialiste des Comités Vietnam de Base est un facteur décisif de la mobilisation des masses françaises aux côtés du peuple vietnamien et des peuples en lutte.
VIVE LE MOUVEMENT ANTI IMPERIALISTE DES COMITES VIETNAM DE BASE
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LA GUERRE DU PEUPLE EST INVINCIBLE
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