UJCML
Union de la Jeunesse Communiste
Marxiste-Léniniste
SUR
L'ETABLISSEMENT
(1968)
Première partie.
Un important mouvement a été déclenché
dans l'U. J. C. : des militants marxistes-léninistes se
constituent en groupes d'établissement et vont parmi les
niasses populaires, vivre parmi elles et travailler à
la production.
La tâche principale qui nous
incombe actuellement est de développer et d'affermir ce
mouvement, d'unifier son orientation, son style de travail, son
organisation.
Pour ce faire, nous avons avant
tout besoin de saisir correctement les tâches politiques
de ce mouvement, telles qu'elles découlent de la réalité
concrète de la lutte des classes en France.
Des étudiants et des militants
marxistes-léninistes non ouvriers vont dans les usines
de façon organisée.
Que vont-ils y faire?
Quel est leur but?
Quelles sont les limites de leur
travail?
En quoi cela constitue-t-il une
étape nécessaire du développement du mouvement
marxiste-léniniste en France, de l'édification
du Parti Communiste ?
Telles sont les questions auxquelles
nous devons répondre. Pour l'essentiel, la réponse
à ces questions tient en une phrase: l'objectif politique
des groupes d'établissement est de créer parmi
les ouvriers eux-mêmes, les noyaux dirigeants des luttes
révolutionnaires marxistes-léninistes, le noyau
dirigeant du mouvement marxiste-léniniste.
Autrement dit, le mouvement des
groupes d'établissement est une réponse concrète
que nous apportons actuellement en France au problème
universel que pose et qu'a posé partout la naissance d'une
avant-garde politique du prolétariat : le problème
de la fusion du marxisme révolutionnaire et du mouvement
ouvrier.
Les idées et théories révolutionnaires les
plus avancées pénètrent à grande
échelle d'abord dans les étudiants et parmi les
jeunes intellectuels.
C'est là une loi du développement
historique, qui se vérifie en France comme partout ailleurs.
Mais les étudiants et les
jeunes intellectuels ne peuvent être la force dirigeante
de la révolution, même lorsqu'un certain nombre
d'entre eux se lient aux masses et transforment leur point de
vue.
Seule la classe ouvrière
est suffisamment puissante et vigoureuse pour prendre en main
le destin de la révolution.
Il incombe par conséquent
aux jeunes intellectuels révolutionnaires de jouer le
rôle d'intermédiaires, pour faire pénétrer
les idées d'avant-garde dans la classe ouvrière,
principalement parmi les éléments les plus combatifs
du prolétariat, qui doivent constituer la force motrice
de la révolution.
Nous verrons plus loin pourquoi
il est actuellement nécessaire, afin de remplir cette
tâche, que les jeunes intellectuels entrent à la
production.
En France, à notre époque,
quelles sont ces idées révolutionnaires avancées
qui ont d'abord pénétré d'une façon
relativement plus large parmi les étudiants et les jeunes
intellectuels?
Ce sont les idées de la ligne
de masse, de la stratégie et de la tactique de la guerre
populaire, du développement du processus révolutionnaire
ininterrompu et par étapes, l'idéologie communiste
de " Servir le Peuple " et de se mettre à l'école
des masses, le style de travail consistant à pratiquer
l'autocritique et à se soumettre à la critique
des masses...
Bref, c'est la pensée de
Mao Tsé Toung, dont la Grande Révolution Culturelle
Prolétarienne a stimulé une diffusion toute nouvelle
et une compréhension beaucoup plus profonde.
Que l'avant-garde prolétarienne
s'assimile cette idéologie et cette pratique, qu'elle
s'unisse encore plus étroitement qu'elle ne peut le faire
spontanément avec la masse ouvrière et le peuple,
qu'elle maîtrise l'essence de la stratégie et de
la tactique révolutionnaire du prolétariat, et
la révolution connaîtra en France un nouvel essor.
Mais qu'entendons-nous par "
avant-garde prolétarienne " ?
Comment se peut-il qu'il y ait encore,
disons un divorce, entre l'avant-garde du mouvement ouvrier d'une
part, les idées d'avant-garde du prolétariat (la
pensée de Mao) de l'autre ?
Et surtout comment parvenir à
la fusion des deux ?
Il existe dans la classe ouvrière
française des éléments avancés.
Ce sont des ouvriers, qui, par leur
position de classe ferme, la justesse de leur tactique dans les
luttes contre le patronat, l'application spontanée qu'ils
font de la ligne de masse, ont gagné la confiance de leurs
camarades de travail et se sont dégagés comme éléments
dirigeants des mouvements de masse dans l'usine.
Ces ouvriers sont des cadres que
les masses se sont donnés elles-mêmes, ils constituent
l'avant-garde de fait du mouvement ouvrier ; dans les grèves,
les manifestations, dans toutes les luttes ouvrières,
leur rôle est décisif.
A l'heure actuelle, pour nous, -reconnaître
le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution,
c'est travailler effectivement à faire naître les
noyaux d'ouvriers avancés armés de la pensée
de Mao Tsé Toung qui dirigeront le mouvement. . . .
Mener le travail au sein des masses
en un lieu donné sans concentrer ses efforts sur la création
d'un noyau dirigeant marxiste-léniniste ouvrier, c'est
nier dans les faits le rôle dirigeant du prolétariat
dans la révolution.
Tant qu'un tel noyau n'existe pas,
aucun progrès n'est possible dans le travail de masse.
Quelles tâches découlent
pour les groupes d'établissement de cette orientation
générale?
Premièrement, il est nécessaire
que chaque groupe d'établissement mette rapidement à
l'ordre du jour de son travail la formation d'un petit noyau
d'ouvriers avancés gagnés au marxisme-léninisme,
de diffusion de la pensée de Mao, d'explication de notre
ligne politique, d'étude de notre presse, d'élaboration
de la tactique marxiste-léniniste dans le mouvement ouvrier.
Le but des groupes d'établissement,
doit être de se transformer rapidement en groupes de travail
communistes où les ouvriers joueront un rôle dirigeant.
Pour ce qui est des noyaux ouvriers,
le mieux est de constituer des petites fractions clandestines
syndicales qui auront les moyens d'appliquer une ligne de niasse
dans les entreprises, et de montrer par la pratique aux travailleurs
la juste voie de la lutte de classe, tout en démasquant
progressivement les révisionnistes.
Notre tactique est de constituer
parmi les ouvriers avancés les plus actifs dans l'organisation
des luttes et le travail syndical, des noyaux marxistes-léninistes
clandestins.
Cela signifie que nous rejetons comme erronée un certain
nombre de lignes qui s'écarteraient de cette tactique
:
1° La ligne opportuniste de
gauche, qui consisterait à nous lancer (nous-mêmes
une fois entrés à la production, ou avec une poignée
d'ouvriers marxistes-léninistes) dans une propagande marxiste-léniniste
ouverte dans la classe ouvrière;
engager une telle action avant d'avoir
accumulé des forces suffisantes, d'avoir concrètement
démontré à la masse quelle est la ligne
de travail correcte en systématisant ses propres idées
et ses propres aspirations, d'avoir concrètement démasqué
la poignée de révisionnistes dirigeants, ce serait
à coup sûr nous couper des masses, diviser le syndicat
et nous interdire tout moyen d'action dans la lutte de classe
contre le patronat.
2° La ligne opportuniste de
" droite " qui consisterait à mener par nous-mêmes,
sans associer complètement un noyau ouvrier, même
très restreint, à notre travail et à notre
tactique, une " ligne de masse à pas de tortue ",
consistant à faire pénétrer par bribes des
éléments limités de conscience politique
dans la masse ouvrière.
Que résulte-t-il de ce qui
précède sur le plan des formes organisationnelles
?
Que la forme des " groupes
d'établissement " (étudiants et militants
m.-l. allant s'établir parmi les masses et entrant à
la production) est transitoire : les G. E. doivent en de brefs
délais (quelques mois) se transformer en G. T. C. sur
les lieux de production, dans lesquels les ouvriers gagnés
au m.-l., les dirigeants et militants syndicaux, les vieux militants
expérimentés ou les jeunes ouvriers actifs dans
les luttes, la création d'un Syndicat, etc., jouent un
rôle dirigeant.
Nous devons ensuite avoir pour objectif
proche de réunir ces noyaux ouvriers en une organisation
unique, l'organisation des G. T. C., élaborant une tactique
unifiée dans le mouvement ouvrier et une propagande unifiée
parmi les masses, contrôlant effectivement le contenu de
notre presse, etc.
Pour favoriser la transformation
du point de vue de nos camarades établis et la naissance
de véritables organisations implantées dans les
masses, il nous faut prendre des mesures précises :
1° Dégager les camarades
des problèmes idéologiques et organisationnels
posés dans l'U. J. C. M. L.
Il n'est pas bon que ces camarades
détournent des forces importantes pour mener une lutte
idéologique directe (réunions, discussions, etc.)
dans l'organisation.
Pour ce qui est de la direction
de l'ensemble du mouvement, c'est une question qui ne pourra
être résolue de façon définitive que
lorsque sera mise sur pied l'organisation des groupes ouvriers
m.-l.
Dans la période de transition
où nous sommes, le rôle dirigeant de la ligne des
G. E. doit se concrétiser essentiellement par la participation
directe et le contrôle sur la presse, le bulletin intérieur
et tous les instruments de propagande, l'élaboration active
de la ligne générale du mouvement et de ses textes
politiques.
2° Organiser les réunions
des G. E. dans un style prolétarien : discussions brèves
et concrètes, soigneusement préparées et
débouchant sur des mesures pratiques et des textes.
Deuxième partie : Le mouvement en faveur de l'établissement
dans l'U. J. C. M. L.
La propagande dans l'U. J. C. M.
L. en faveur de l'établissement doit être poursuivie.
Mais il est indispensable de mettre
fin aux excès petits-bourgeois qui l'ont marquée
dans la ire période.
Nous devons résolument liquider
le terrorisme idéologique et le sectarisme.
1° L'établissement parmi
les masses et l'entrée à la production sont des
tâches politiques que doivent prendre en main un certain
nombre de nos camarades à l'étape actuelle du mouvement
m.-l. Ies camarades qui s'établissent ont des objectifs
politiques précis :
* propager la pensée de Mao
dans la classe
ouvrière ;
* faire naître des noyaux
ouvriers m.-l., dirigeant effectivement les luttes de classe
dans les unités de production ;
* se mettre au service de ces noyaux
pour
définir, en commun avec eux, la tactique des m.-l.
dans le mouvement ouvrier en se fondant sur les
principes de la ligne de masse ;
* édifier sous la direction
de ces noyaux
ouvriers avancés, une pensée communiste, instrument
décisif d'une propagande générale dans la
classe
ouvrière.
Le mouvement en faveur de l'établissement
doit par conséquent prendre appui sur ces bases politiques.
Il est indispensable que les camarades
qui vont s'établir aient assimilé ces bases politiques
et soient armés pour les effectuer.
L'étude de la presse et des
publications internes, la discussion avec des travailleurs, la
réflexion sur les questions syndicales, le militantisme
et le travail de propagande dans le mouvement de la jeunesse
et les quartiers peuvent constituer pour ces camarades, des instruments
de cette préparation.
2° La ligne petite-bourgeoise
de terrorisme idéologique sur les thèmes de la
révolutionnarisation de soi doit être critiquée,
combattue et défaite.
Nous devons expliquer qu'il n'appartient
[pas] à quelques militants parmi nous de " transformer
" et de "révolutionnariser " leurs camarades
par des discussions en chambre, baptisées " lutte
idéologique ".
C'est par le travail politique,
l'éducation politique, la lutte prolongée au sein
des masses que nos camarades pourront transformer profondément
leur point de vue et apprendre à servir correctement le
peuple, à faire la révolution.
Pour ce qui est de la critique de
notre position de classe, de notre conception du monde, nul ne
peut se substituer au contrôle qu'exercent les masses elles-mêmes.
Dans l'immédiat, l'arme des
militants dans la lutte idéologique à l'intérieur
de l'organisation, est la discussion politique, menée
faits à l'appui, à la lumière du m.-l.,
de la pensée de Mao.
Pour ce qui est des méthodes
dans le mouvement d'établissement, nous devons à
la fois METTRE LA POLITIQUE AU POSTE DE COMMANDEMENT, éviter
le gaspillage des forces et les efforts désordonnés,
parvenir à la plus grande efficacité possible dans
l'accomplissement de nos tâches actuelles.
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