UJCML
Union de la Jeunesse Communiste
Marxiste-Léniniste
A
PROPOS DES PERSPECTIVES
D'ORGANISATION D'UN DÉTACHEMENT
DU PROLÉTARIAT
(1968)
I. Que signifie à l'étape
actuelle du développement du mouvement m.-l., l'organisation
d'un détachement du prolétariat ?
La situation actuelle dans son ensemble
pourrait
se définir grossièrement ainsi :
- dispersion qualitative des forces
m.-l.,
- extrême faiblesse de ces forces.
Ce sont :
- des ouvriers ou groupes d'ouvriers isolés ;
- des étudiants et des éléments de la petite-bourgeoisie
concentrés.
Face à cette faiblesse, les
forces de la contre-révolution mènent une puissante
offensive contre la classe ouvrière, exploitant le désarroi
créé par la trahison révisionniste.
L'idéologie révisionniste,
elle, garde une puissante emprise sur la classe ouvrière,
il ne faut pas la sous-estimer ; mais en contrepartie, nous savons
que dans chaque usine cette oppression conjuguée de la
bourgeoisie et du révisionnisme suscite des réactions,
une opposition dans la classe ouvrière.
On comprend aisément que
dans une telle situation tout changement qualitatif dans les
luttes et organisation de la classe ouvrière revêt
une grande importance pour l'ensemble du mouvement m.-l.
Que signifie ici changement qualitatif
?
Nous pensons qu'il est lié
à la naissance de noyaux m.-l. appliquant de manière
conséquente la ligne de masse, c'est-à-dire réussissant
à ressouder une large union sur des bases m.-l. dans la
classe ouvrière, en ayant pour cible de se transformer
en organisation de combat pour résister victorieusement
à l'ennemi de classe.
Nous pensons que de tels noyaux
constitueront des bases pouvant solidement appuyer le développement
du mouvement m.-l. et c'est en ce sens qu'un changement qualitatif
aura été réalisé.
I^e mouvement m.-l. est encore à
la recherche de ses bases prolétariennes pour appuyer
son développement, bases qui devront constituer de véritables
organisations de combat et qui, pour reprendre le mot de Lénine,
constitueront de véritables " embryons d'un parti
révolutionnaire s'appuyant sur le mouvement ouvrier ".
Bien que les perspectives de travail
soient particulièrement larges et particulièrement
exaltantes, il faut reconnaître qu'en France tout reste
à faire dans ce domaine.
C'est pourquoi nous pensons que
partout où des perspectives d'organisation de noyaux ouvriers
m.-l. s'ouvrent des confrontations d'expériences et une
réflexion approfondie sur ces problèmes s'impose
de manière urgente.
Pour notre part, nous avons commencé
à réfléchir sur les possibilités
qu'offrait le développement du noyau m.-l. existant.
Ce noyau est actuellement concentré
dans une usine et mène pour l'instant le travail de propagande
m.-l. parmi les larges masses de l'usine.
Plusieurs exigences sont apparues
aux militants pour que l'influence de leur noyau puisse s'étendre
et pour qu'il se renforce :
1. Ia nécessité d'un
travail clandestin, seule condi
tion à l'étape actuelle (ouvriers trompés
par le révisionnisme, position offensive de la bourgeoisie)
pour effectuer un véritable travail de masse.
Sinon les forces de la contre-révolution
n'auront pas de mal
à isoler les m.-l., et par là même à
augmenter la division de la classe ouvrière.
2. Ia nécessité de
ne pas isoler la lutte contre le
révisionnisme de la lutte contre la bourgeoisie, ce qui
signifie en l'occurrence de ne pas privilégier le travail
de renforcement du noyau m.-l. au détriment du travail
de renforcement du syndicat.
Tous les progrès qui ont
été réalisés jusqu'ici dans la prise
de conscience d'un certain nombre de militants de la justesse
des positions m.-l. l'ont été à propos d'actions
pratiques de lutte contre l'ennemi de classe :
- élimination de la direction
syndicale objective
ment passée sur les positions de la bourgeoisie corré
lative au renforcement du syndicat ;
- dénonciation de la trahison
des dirigeants dépar
tementaux à propos d'une grève victorieuse (opposés
au départ à une grève longue, les révisionnistes
ne firent pas écho dans la presse au mouvement de trois
jours qui avait été engagé, de même
ils ont aussi gardé le silence sur une manifestation des
ouvriers destinée à sensibiliser largement la population
à l'action menée ; enfin ils critiquèrent
après coup l'opportunité de telles grèves)
;
- discussions sur la démobilisation
créée par les
actions " centrales " (13 déc., etc.).
C'est dans le renforcement de la
cohésion et des positions de combat du syndicat que s'est
révélée la trahison, des nouveaux militants
ayant pris conscience de la trahison révisionniste par
la compréhension que seules les positions m.-l. constituaient
des positions de lutte fermes contre la bourgeoisie.
3. La nécessité de
prendre l'initiative stratégique sur le plan local seul
moyen d'acquérir une supériorité durable
sur l'ennemi ; ici initiative stratégique :
- donc impulsion de nouveaux syndicats
dans les
usines environnantes où les forces réactionnaires
sont
les plus fortes ;
- perspective de coordination locale
des luttes,
c'est-à-dire en même temps renforcement du travail
pouvant se faire au sein même du foyer ;
- impulsion d'une propagande adaptée
à la situation sur le plan régional plus ou moins
directement par le foyer central (plan de presse)...
Toutes ces exigences concourent
à faire que pour l'instant le travail de l'organisation
se traduit par la constitution d'un cercle clandestin travaillant
sur la base du syndicat en étroite coordination et collaboration
avec tout mouvement pouvant se développer dans les usines-
de la région.
La plupart des exigences évoquées pour que le travail
communiste dans notre région se développe et que
le noyau ne soit pas décapité par l'ennemi vont
à l'encontre des méthodes et idées développées
par le M. C. F. car elles correspondent, à des tactiques
fondamentalement opposées.
II. Elaborer une stratégie
et une tactique adaptée au travail des communistes en
France.
A. Actuellement, il faut y revenir
à propos du M. C. F., les ouvriers m.-l. en France sont
isolés dans un certain nombre d'usines, et ne dirigent
pas encore réellement des luttes : les forces objectives
et subjectives de la contre-révolution gardent l'initiative.
Face à cette situation, le
M. C. F. déduit sa tactique : la première chose
à faire (avant d'engager le travail permettant de rassembler
les larges masses) est de tracer la ligne de démarcation
entre m.-l. et révisionnistes, cette ligne prenant la
forme de création organisationnelle (nouveaux syndicats,
parti).
L'orga-nisation créée,
il ne s'agit plus que de la consolider, la dernière étape
étant l'action.
Tout peut ainsi se justifier : si
actuellement en France il n'existe que des militants isolés
(avec ou sans le nom de syndicat) c'est que nous ne sommes qu'à
l'étape de la "naissance ".
En fait, la situation est plus dramatique
car elle risque d'être celle de l'isolement croissant des
m.-l. en qui les ouvriers risquent de voir des individus n'hésitant
pas à détruire l'unité de la classe ouvrière
et par-là même la force qu'elle peut opposer à
la bourgeoisie pour les besoins de leur propagande.
Une telle appréhension a
des fondements car elle correspond en fait à une mauvaise
application de la pensée de Mao sur les problèmes
de la ligne de masse et de la solution des contradictions au
sein du peuple.
- Penser que la seule vertu de créations organisationnelles
ou de prises de parti ouvertes puissent correspondre à
une étape du travail de masse est contraire aux principes
de la ligne de masse : c'est seulement à la suite du travail
communiste dans les masses, de l'élévation de la
conscience politique des masses sur des problèmes pratiques
que des transformations peuvent être réalisées,
que les masses peuvent en voir la nécessité.
Sinon, on se coupe des masses ce
qui correspond invariablement à une politique et un style
de travail erronés.
- Penser qu'une nouvelle division,
même momentanée au sein de la classe ouvrière
puisse servir les intérêts du prolétariat
et de la révolution est contraire aux principes développés
par Mao sur la résolution des contradictions au sein du
peuple.
Est juste ce qui favorise l'union
du peuple et non ce qui provoque la division en son sein ; l'élimination
réelle des dirigeants révisionnistes passés
dans les rangs de la contre-révolution, de leur emprise
sur une fraction de la classe ouvrière, ne pourra se faire
qu'avec l'appui des plus larges masses comprenant les ouvriers
trompés par eux.
- Pour le travail pratique des militants
m.-L, tout
cela correspond à des problèmes bien concrets
: le
choix entre deux voies fondamentalement opposées
- la voie de l'adhésion au
Parti, de la propagande
ouverte sur les positions m.-l., de la création d'un
nouveau syndicat ;
- la voie du travail clandestin
dans les masses,
de l'unification, dans la lutte, de la classe ouvrière
sur la base du m.-l,
B. C'est pourquoi il est vital pour
le développement de notre travail et pour le développement
du mouvement de se déterminer pratiquement (en fonction
des perspectives qui existent actuellement) sur la tactique à
employer pour développer le travail d'un noyau d'ouvriers
communistes et pour nous sur le meilleur moyen de servir cette
tactique.
Deux éléments nous
semblent à ce titre déterminants :
1° Dans l'état actuel du mouvement, surmonter la passivité
et l'infériorité, prendre l'initiative stratégique
dans la lutte contre la réaction, revient à savoir
concentrer des forces localement, à renforcer les points
d'impact où des perspectives de développement d'un
noyau m.-l. existent concrètement.
Le président Mao a dit :
" Nous pouvons sortir de notre
infériorité et de notre passivité stratégiques
relatives en nous assurant dans un grand nombre de campagnes
la supériorité et l'initiative sur le plan local
et à le condamner à l'infériorité
et à la passivité.
L'ensemble de ces succès locaux nous permettra d'acquérir
la supériorité et l'initiative stratégiques
et l'ennemi se trouvera réduit à l'infériorité
et à la passivité stratégiques.
La possibilité d'un tel tournant
dépend d'une direction subjective juste. "
S'assurer des succès locaux,
succès signifiant des luttes victorieuses dirigées
par des m.-l. contre l'ennemi de classe et ses alliés
(dénonciation pratique du révisionnisme), c'est
avancer considérablement dans l'éducation du peuple
français, c'est lui permettre de voir clairement, par
sa propre expérience, que l'ennemi peut être vaincu.
D'autre part, les embryons d'organisation,
de parti qui naîtront avec une telle orientation constitueront
des bases solides sur lesquelles les forces m.-l. pourront s'appuyer,
se renforcer et anéantir à leur tour l'ennemi.
Concentrer des forces semble donc
vital pour résister victorieusement à l'ennemi
; le simple constat de la présence de m.-l. même
militante n'est pas suffisant pour progresser et empêcher
l'ennemi de nous décapiter.
Il faut partir gagnant dans la bataille
à engager et mettre tous les atouts de son côté.
C'est pourquoi pour notre part,
nous opérons un mouvement de concentration de forces sur
la région où nous travaillons, de telle manière
que vues les possibilités existantes ce soient les m.-L,
non la réaction, qui aient l'initiative du développement.
Nous examinerons plus loin la forme
et la modalité de cette concentration.
2° Le second élément
déterminant relève de la recherche des méthodes
adaptées à la solution des contradictions au sein
du peuple.
Les ouvriers désorientés
et les ouvriers trompés sont encore nombreux : se couper
d'eux c'est donner des armes à la bourgeoisie, c'est ne
pas progresser dans la constitution d'organisations de combat.
Pour les ouvriers m.-l. en voie
d'organisation, des méthodes concrètes commencent
à être utilisées;
- utilisation maximum de la discussion
et de la
persuasion à propos de faits concrets ;
- renforcement de l'unité
et de la cohésion dans
la lutte contre la bourgeoisie, dans l'extension de l'in
fluence du syndicat parmi les ouvriers ;
- préparation d'un plan de
propagande graduée
à partir de problèmes où les idées
révisionnistes sont
particulièrement faibles.
Problèmes de la presse.
Sur ce dernier plan, nous disposons
d'un journal ronéotypé paraissant régulièrement,
presque entièrement rédigé par le noyau
ouvrier dirigeant qui sera diffusé par les comités
étudiants de soutien aux luttes des travailleurs.
Ces comités procéderont
par distribution à la sortie des principales usines de
la région ; mais il ne s'agirait aucunement d'une impulsion
d'idées du dehors ; les problèmes abordés
devront être directement les problèmes des travailleurs
de ces mêmes usines.
D'autre part les discussions auront
été déjà préparées
à l'intérieur des usines et pourront être
dirigées.
Ce moyen de diffusion de la presse
est indispensable pour que les conditions de travail clandestin
soient réellement remplies.
A côté de ce journal,
nous pourrons disposer de feuilles d'agitation adaptées
au travail d'organisation dans les usines où il n'y a
pas encore de syndicat C. G. T. ou dans les usines où
le syndicat est complètement tenu par les révisionnistes.
L'utilisation de Servir le peuple reste à préciser.
I^a nouvelle orientation inaugurée par le n° 13 nous
incite à penser qu'il aura pour un temps un rôle
transitoire qui devra combiner :
- l'étude des problèmes
d'orientation du mouve
ment m.-l., essentiellement à usage des militants m.-l.
(ouvriers et autres problèmes de travail dans le syndicat,
orientation du mouvement de la jeunesse).
- la présentation pédagogique
d'un matériel de propagande pouvant être utilisé
pour le travail des militants dans les plus larges masses et
tenant compte du problème des méthodes à
adopter pour résoudre les contradictions existant actuellement
au sein du peuple. S. L. P. peut être lu par des militants
trompés ; il est nécessaire qu'il les fasse progresser
(les démystifie).
Il est possible que dans un deuxième
temps, une différenciation se fasse entre deux journaux
nationaux mais, pour l'instant, les insuffisances de S. L. P.
dans son utilisation de masse ne pourront être compensées
que par des journaux locaux.
Ceci dit, notre participation sous
la direction du noyau ouvrier sera effective : la différenciation
de S. L. P. dépend directement du développement
de notre travail.
3. Orientation pratique de notre
travail.
A. A l'échelon régional, nous opérons une
dispersion
des forces existantes, c'est-à-dire que nous n'avons pas
concentré les militants à l'usine là où
existait déjà le
noyau m.-l.
Il est apparu clairement que le
meilleur moyen de concentrer des forces, de renforcer le noyau,
de lui permettre de se développer, revenait à lui
donner une assise de masse non cantonnée à l'usine
mais s'étendant à l'échelle de la région.
En effet, le soutien réciproque
que pourront s'apporter les noyaux naissants dans plusieurs usines
et le noyau central dans le développement des luttes coordonnées
est beaucoup plus important pour le développement du travail
que l'adjonction de deux ou trois militants au noyau central.
Il s'agit en gros, que des militants
m.-l. travaillent dans un certain nombre d'usines de la région
qui semblent avoir une importance stratégique pour le
développement et le renforcement du noyau m.-l. existant.
Ce sont d'une part les usines directement
liées au foyer central (même type de recrutement
de la main-d'uvre, proximité géographique
facilitant les contacts et permettant une action directe des
ouvriers m.-l.), où pour la plupart il s'agira de constituer
des syndicats C. G. T.
D'autre part, ce sont des concentrations
ouvrières proches (grandes agglomérations urbaines)
dont le poids est décisif dans les luttes de classes régionales,
et où existent des syndicats C. G. T., semble-t-il aux
mains des révisionnistes.
Là nous savons encore peu
de choses et l'initiative la plus large devra être développée
pour établir des liens avec le foyer central.
Enfin des perspectives existent
également pour adjoindre au mouvement une fraction du
prolétariat agricole (grandes exploitations).
Dans tous les cas le travail devra
déboucher sur des actions coordonnées (soutien
à la constitution de syndicats, propagande régionale
unifiée par l'intermédiaire d'un journal, luttes
communes, manifestations, etc.).
B. Un changement fondamental est intervenu dans la perspective
initiale que nous avions de notre travail de groupe d'établissement.
Il est très vite apparu que servir le peuple signifiait
pour nous nous mettre sous le contrôle et la direction
du détachement du prolétariat qui s'organisait.
Notre groupe initial va donc progressivement
se fondre au groupe d'ouvriers communistes en voie d'organisation
avec pour seule ambition de les servir de notre mieux dans les
tâches qu'ils se sont fixés.
C. L'impulsion du comité
étudiant de soutien aux luttes des travailleurs relève
de notre initiative: nous ferons tout pour qu'il se développe
et pour qu'il se mette réellement au service de notre
travail communiste dans les masses.
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